Les Subsahariens réinvestissent la ville

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Rapatriés vers la fin du mois de mai passé, les Subsahariens réapparaissent plus nombreux, ces jours-ci. Si lors de leur première arrivée ils s’étaient faits discrets, limitant leurs va-et-vient aux abords du marché, cette fois, on les rencontre dans toutes les artères de la ville.

Logeant dans des baraques de fortunes destinées aux marchands de fruits et légumes, qu’ils ne semblent occuper que de nuit, ils sont à pied d’œuvre dès les premières heures de la matinée pour arpenter les ruelles les plus fréquentées. Une roulotte fermée par trois rideaux métalliques abrite une dizaine de personnes. L’ouverture de la porte, soulevée d’environ un mètre, laisse entrevoir des matelas alignés à même le sol. Deux hommes semblaient dormir encore, vers huit heures trente, alors que deux femmes, assises, discutaient au milieu des cris de leurs mioches. Un enfant qui parait avoir cinq ans tout au plus, revient de la ville toute proche, une bouteille vide à la main, qui s’ajouterait aux quelques ustensiles dépareillés posés sur le seuil de leur maison. Trois bidon (une quinzaine de litre) remplis d’eau et un sceau attendent que les locataires des lieux viennent se laver. Mais point de vespasiennes. Celles destinées aux femmes n’ouvrent que de jour et se situent à cinq cents mètres de leur «maison». Curieux, les habitants de Michelet se demandent comment ces nouveaux venus sont arrivés dans une région où la plupart des jeunes sont au chômage alors que ceux qui travaillent n’occupent que des postes précaires dans l’administration. «Ils n’ont d’autre alternative que de tendre la main. Mais jusqu’à quand ?», nous dit un vieux retraité. Comme dans les grandes villes, ils s’adressent aux passants, leur demandant quelques pièces devant les aider à vivre. Le soleil et la chaleur de ces derniers jours ne dissuadent pas ces femmes avec bébé sur le dos, ou des enfants en bas âge, à faire leur tournée. Pathétique. Les âmes charitables ne peuvent leur refuser leur aide. Lors de la journée de volontariat de vendredi dernier, l’APC a distribué quelques colis alimentaires à ces hôtes, peu ordinaires, de Michelet.

Nous avons vu même des adolescents qui venaient de participer au volontariat, leur offrir leur casse-croûte qu’on leur avait servis pour le déjeuner. «Nous, nous mangerons en arrivant à la maison», dira l’un de jeunes. Renseignements pris, il semblerait que ces immigrants soient venus à Aïn El Hammam de leur propre chef et non envoyés par un organisme officiel. Ce qui expliquerait que les autorités locales ne puissent les prendre en charge. «Un courrier a, d’ailleurs, été adressé dans ce sens aux autorités concernées mais sans réponse jusqu’à maintenant». Cependant, le Croissant rouge algérien devrait, comme lors du mois de carême, leur venir en aide ne serait-ce qu’en leur assurant une couverture sanitaire et, si possible, un repas par jour au nom des droits humains, et faire fi de toute autre considération.

A.O.T.

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