La figue de barbarie se fait désirer

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Bien que ce fruit de saison arrive quelques fois au marché de la ville, il faut dire qu’il est peu abondant. D’ailleurs, dès que ces enfants, qui en font un métier saisonnier, posent leurs premiers bidons remplis de figues de barbarie, ceux-ci sont vendus comme des petits pains. Les premiers clients ne négocient même pas les prix. Elle est cédée entre cinquante et cent dinars le kilo, selon la qualité et le calibre. La plupart de ces enfants la cueillent de bon matin, tant qu’il fait frais. « Il faudra faire des kilomètres à pied pour aller dans les champs en dehors du village afin de cueillir un bidon de cinq kilos. Pour cette année, elle n’est pas abondante. Vraiment, on ne comprend pas pourquoi. Peut être, c’est dû aux pluies printanières qui sont tombées au moment de la floraison des cactus », nous répondra ce vendeur occasionnel d’un certain âge. Il poursuivra: « c’est très pénible. Avec tous les risques encourus, je n’arrive qu’à gagner quelques dinars ». Quant aux adolescents, la plupart d’entre eux sont des maraudeurs qui s’attaquent aux cactus d’autrui en pleine nuit en dépit de tous les aléas du milieu (relief accidenté animaux dangereux, épines pouvant leur crever les yeux, …). « Nous n’avons pas un champ de cactus. Je vous dirais que c’est une aventure dangereuse d’aller en dehors du village », nous dira ce collégien de Maâmar qui tenait encore deux bidons les proposant même à trente cinq dinars le kilo parce que le fruit n’est pas bien formé. Le constat est le même pour la figue fraîche. Même si nous sommes pratiquement à la fin de la saison, cet autre fruit n’est pas disponible en grande quantité. Quant au prix, il varie encore entre cent vingt et deux cents dinars le kilo. « C’est du jamais vu. Les années précédentes à ce même moment, elle ne dépassait pas les trente cinq dinars le kilo. Mais, la récolte, cette année, n’est pas prolifique. C’est d&ucirc,; peut-être, aux aléas climatiques », nous répondra cet agriculteur d’El Anseur, pourtant connu pour être l’un des producteurs les plus importants de la région. Et de poursuivre: « il y a aussi le problème de la pollinisation. Personne ne se soucie de cette étape ». Pour d’autres, c’est parce que d’autres plantations nouvelles ne viennent plus renforcer les figueraies vieillies par le poids des années. « Peu d’agriculteurs procèdent à la plantation d’autres figuiers. Les autres se contentent de ce qu’ils ont hérité de leurs parents. On craint qu’on importe aussi des figues fraîches et des figues de barbarie, comme c’est le cas pour les figues sèches qui nous arrivent de la Turquie et d’ailleurs. À quand alors une nouvelle politique agricole pour revaloriser au mieux ces deux produits qui sont les nôtres? », s’inquiétera cet autre agriculteur apparemment agacé par cette situation. En conclusion, il est temps d’encourager tous ceux qui veulent encore investir dans cette filière arboricole, l’une des plus anciennes de toute la Kabylie et du pourtour méditerranéen.

Amar Ouramdane

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