Ce côté Sud qui s’enlise…

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Des centaines de villages, répartis sur plusieurs communes du Sud de la wilaya de Tizi-Ouzou, sont toujours en souffrance.

Décidément, le développement réclamé par la population locale demeure toujours en attente. À Ouadhias, Agouni Gueghrane, Tizi N’Tléta, Aït Bouadou, Assi Youcef, Mechtras, Boghni, Souk El Tenine, Maâtkas et Tirmitine, pour ne citer que ces communes, les habitants déplorent «un cadre de vie des plus médiocres». à titre d’exemple, le réseau de l’assainissement n’y est toujours pas généralisé. Ainsi, dans cette région, des milliers de foyers recourent toujours aux fosses septiques et aux rejets à ciel ouvert. À Tizi N’tléta, à titre illustratif, plusieurs quartiers ne sont pas raccordés à ce réseau. Les cités El Djama, Taghoucht, Assamar et tant d’autres continuent, par conséquent, de recourir à l’utilisation des soi-disant fosses septiques, qui ne sont, en fait, que des trous creusés par les habitants pour ensevelir leurs rejets. Du coup, les vergers n’y sont plus exploités et la pollution a atteint des pics inquiétants. À Mechtras, le réseau de l’assainissement n’est pas généralisé non plus, et celui existant est vétuste et sous dimensionné. Cette région, pourtant riche en ressources hydriques, est sérieusement menacée par une pollution galopante. D’ailleurs, plusieurs dizaines de puits sont pollués, en sus des fontaines, oueds et plusieurs sources d’eau. Quant au projet de la station d’épuration, dont on parlait il y a encore quelques années, c’est présentement le silence radio. Du côté d’Agouni Gueghrane, Ath Bouadou et Ouadhias, les eaux usées ne sont jamais traitées, car aucune station d’épuration ou bassin de décantation n’ont été réalisés. A Ouadhias-centre, particulièrement à proximité du talweg, réceptacle de toutes les eaux usées du chef-lieu, l’atmosphère est d’une pestilence rare et le risque de maladie à transmission hydrique pèse constamment sur les riverains. Les animaux errants, les nuées d’insectes et les reptiles y trouvent leur terre d’accueil. Quant au projet d’ovoïde, on en parle plus depuis la crise économique.

Le gaz naturel, seule satisfaction

Au versant Sud, le réseau de l’électricité est partiel. Des milliers d’habitations, notamment les nouvelles, n’y sont pas raccordées à cette énergie. Les branchements illicites et les groupes électrogènes sont, dès lors, l’unique source d’énergie et de lumière : «Je ne peux même pas acheter deux kilos de tomates, car je n’ai même pas de réfrigérateur. Quant à la machine à laver, la climatisation ou l’ordinateur, ils restent hors d’usage. Leur alimentation reste un rêve dépendant de la SDC qui se décidera, peut-être un jour, à nous réaliser une ligne électrique», regrettera un villageois de Vouchata, dans le douar d’Aït Abdelmoumène. La seule satisfaction vient du réseau du gaz naturel, qui a atteint un taux de couverture total dans certaines communes, dont Tizi Ntléta. En revanche, à Ouadhias, plusieurs villages n’y sont toujours pas raccordés. La faute incombe aux oppositions, autrement le projet de raccordement y aurait vu le jour depuis plusieurs années. A Agouni Gueghrane, les villageois d’Aït Ergane attendent toujours ce combustible également. A Mechtras, plusieurs foyers ont été omis, et à Aït Bouadou, les villageois d’Aït Amar prient pour que cette énergie leur parvienne avant l’entame de la saison humide. À signaler que dans cette région de la wilaya, les hivers sont rigoureux et glaciaux.

Le réseau routier dégradé

Le réseau routier y est en grande partie dégradé. La route nationale N°3, reliant Boghni, Mechtras, Tizi N’Tléta et Ouadhias au chef-lieu de la wilaya, est en piteux état en plusieurs endroits. Le CW147 reliant Mechtras, Souk El Tenine et Maâtkas à Tizi-Ouzou n’est pas logé à meilleure enseigne, puisqu’il est étroit et endommagé, voire dangereux en plusieurs endroits. Concernant les chemins communaux et vicinaux, le constat est effrayant. La majorité du réseau routier y est, en effet, difficilement carrossable. A Maâtkas, à titre d’exemple, les chemins vicinaux sont endommagés par les différents travaux souterrains (AEP, assainissement et gaz naturel). Concernant le volet télécommunications, le réseau de la téléphonie fixe n’existe qu’au niveau des chefs-lieux communaux. Les villages ne sont pas encore dotés de cette commodité, pourtant indispensable par les temps qui courent. L’on parle, ces derniers temps, de la fibre optique, mais rien de concret sur le terrain. Par ailleurs, l’eau, ce liquide rare et précieux, continue toujours d’être rationnée à travers la plupart des communes et villages. Des mouvements de protestation y sont régulièrement menés pour réclamer une meilleure distribution. A noter qu’à Aït El kaïd, dans la commune d’Agouni Gueghrane, ou dans les villages de Maâtkas, l’eau ne coule dans des robinets qu’à hauteur de quelques heures par semaine, voire de deux semaines, et même plus en cette période de canicule.

Le chômage toujours en ascension

Concernant le secteur de la jeunesse et des sports, le constat y est pour le moins désolant. Hormis les stades communaux de Boghni, Ouadhias, Aït Bouadou et Mechtras, où se bousculent plusieurs équipes de toute la région, aucune autre infrastructure sportive n’est disponible à travers certaines communes, comme Agouni Gueghrane, Tizi Ntléta, Souk El Tenine et Maâtkas. Les clubs y sont tout bonnement SDF. Aussi, dans les villages, aucun espace n’est mis à la disposition des sportifs. Même les chefs-lieux de daïra ne sont pas dotés de salles omnisports. Le secteur de la culture, quant à lui, y est à l’agonie. Hormis Ouadhias, Boghni, Mechtras et Maâtkas, qui disposent de maisons de jeunes, Agouni Gueghrane, Aït Bouadou, Tizi Ntléta, Assi Youcef et Souk El Tenine attendent toujours de bénéficier d’infrastructures du genre. Concernant les villages, ils sont carrément oubliés sur ce plan-là. D’aucuns parmi les villageois pensent qu’il est temps de penser à construire des foyers de jeunes, des aires de jeux pour ces dizaines de milliers de jeunes villageois, pour les extirper de la violence et des maux sociaux qui gangrènent ces localités. S’agissant du chômage, il y est galopant et malmène surtout la masse juvénile. Des milliers de diplômés traînent à longueur de journée dans les ruelles des villages. Les petites usines construites dans les années 1980, comme la SNLB de Mechtras et la Cometal des Ouadhias ont été fermées depuis de nombreuses années, entraînant le chômage de centaines de pères de famille. Pour ce qui est du logement, la crise y est toujours criante. Des milliers de familles vivent encore dans des maisons en terre battue dans ces régions. La construction de logements est, principalement, freinée par l’absence de foncier. Quant aux quotas attribués dans le cadre de l’habitat rural, ils sont jugées insuffisants pour endiguer la crise. Se sentant abandonnés à leur triste sort, les villageois continuent, malgré tout, de vivre dans ces conditions.

Hocine T.

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