«La surconsommation prive les points hauts»

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Le manque d’eau refait surface à chaque saison estivale, synonyme de sécheresse et de grandes chaleurs, provoquant frustration et courroux des ménages. Pour mieux cerner les manques qu’accuse le secteur AEP à Larbaâ Nath Irathen, attache a été prise avec le responsable de l’ADE de Tizi-Ouzou, M. Amar Barzoug.

La Dépêche de Kabylie : L’ADE est toujours pointée du doigt à chaque perturbation dans l’alimentation en eau potable…

Amar Barzoug : Effectivement, le citoyen impute le problème du manque d’eau à nos services, surtout durant la période sèche, lors de laquelle la demande en eau s’accroît. Or l’ADE ne s’occupe que de la distribution de cette denrée, sans plus. Bien souvent, les gens viennent réclamer auprès de nos agences des choses qui ne relèvent même pas de nos services.

Comment est distribuée l’eau durant cette période ?

Trois années consécutives durant, le barrage Taksebt a connu ses plus bas niveaux, à la suite d’une faible pluviométrie. En revanche, pour l’année en cours, la saison humide a été prolifique en pluies et neiges. Les eaux du barrage de Taksebt ont donc pu atteindre un niveau appréciable. Bien entendu, la distribution se fait dépendamment de la disponibilité de la ressource. Par le passé, nous étions obligés de rationnaliser le peu d’eau que nous avions. Cela dit, nous faisons tout pour alimenter l’abonné, ne serait-ce qu’un jour sur deux. Il faut dire que la contribution du citoyen est constamment réclamée. Le volet sensibilisation est crucial pour permettre une répartition plus ou moins régulière. Ce sont notamment les villages structurés qui nous aident à sensibiliser la population sur la bonne gestion de l’eau.

Certains villages souffrent du manque d’eau et le «citernage» demeure le seul moyen de s’approvisionner en ce liquide…

Nous faisons en sorte d’alimenter chaque village en respectant le tour de chacun et, surtout, les délais. Le problème se pose au niveau des points hauts, ce que nous appelons les points noirs. Larbaâ Nath Irathen, Aït Oumalou, pour ne citer que ces deux localités, en font partie. Dans certains endroits (points noirs), l’eau n’arrive carrément pas, à cause de la surconsommation et de certaines pratiques illicites, comme les piquages, auxquels s’ajoute la vétusté des conduites, dont certaines datent de 1985, à l’instar de Rabta. Même les conduites de refoulement ne sont pas épargnées par les piquages. Comment voulez-vous que l’eau parvienne dans les endroits reculés si les citoyens ne facilitent pas la tâche et ne contribuent pas à la préservation de cette denrée ? Chaque jour que dieu fait, nous réparons des fuites d’eau et remplaçons des conduites anciennes pas des nouvelles. Dire que le réseau APE ne souffre pas d’avaries et d’usure est de la pure utopie ! Il faut savoir que nous avons 8 000 km de réseau à rénover et 200 stations de pompage, ce qui n’est pas rien. Nous devons préserver ce que nous avons. Nous feront tous ce qui est en notre pouvoir pour réfectionner le réseau AEP de Larbaâ. Celui-ci existe toujours, mais il n’alimente pas les foyers. On s’en sert pour des occasions précises ou à la survenue de feux de forêts.

Le forage d’eau, au niveau de Takhouth, est-il suffisant pour alimenter Larbâa Nath Irathen ?

Cela n’est pas suffisant pour une si vaste région surtout qu’elle se trouve dans un point haut. Mais il faut reconnaître que ce système nous a permis de soulager cette région, qui a connu des périodes de sécheresse accablante. Larbaâ Nath Irathen est alimentée par quatre points de distribution : Rabtat, Aïn El Hammam, Oued Aïssi et Takhouth. Bien entendu, d’autres projets de forages existent et seront mis en service dès leur achèvement, ce qui ne fera que réconforter d’autres régions. Je profite de cette occasion pour lancer un appel à la population à l’effet de rationnaliser l’eau, en évitant la surconsommation, surtout dans cette période, afin de couvrir convenablement la partie haute. L’abonné doit, par ailleurs, faire un effort pour régler à temps sa consommation, car les factures non payées pèsent sur l’ADE.

Propos recueillis par Youcef Ziad.

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