Assif, une rivière polluée

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Rivières et cours d’eau sont contaminés par les produits induits par les eaux usées qui s’y déversent depuis plus de trente années.

Asif, rivière qui traverse la commune de Boudjima d’Est en Ouest a subi l’opération de contamination la plus grave de toute la région. Passant en aval, ce grand cours d’eau limpide a reçu toutes les évacuations des eaux usées des villages situés en amont. Les assainissements dont avaient bénéficiés les localités de Boudjima ainsi que le chef-lieu sont évacués vers l’un des affluents connus sous l’appellation d’Ighzer Oukejoun. D’importantes quantités de rejets sont aussi déversées mais à plusieurs kilomètres, et la rivière ne semblait pas être affectée. Menu d’une capacité d’absorption inouïe grâce au sable et aux roches dont il est composé, un cours d’eau ne laisse pas apparaître les effets de la pollution dans le cours et le moyen terme. Jusque-là les eaux de la rivière étaient encore limpides. Asif était utilisé par les éleveurs ovins et bovins sans aucune menace sur leurs animaux et cheptels. Il l’était même pour la petite agriculture maraîchère qui subsistait dans les villages limitrophes. Les plus nostalgiques se souviennent encore des années d’enfance passées à nager dans les petites retenues qui se formaient durant l’été. Les eaux limpides étaient aussi exploitées pendant la saison des sondes. Une fois la laine séparée, l’animal est dirigeait droit vers la rivière pour le laver. Simultanément les femmes y lavaient aussi la laine extraite. Pour les villageois, la rivière était également pourvoyeuse d’eau potable par les nombreuses sources qui jaillissaient le long du cours longeant la montagne. La vie des villageois était intimement liée à cette rivière qui faisait ainsi partie du patrimoine local. Mais aujourd’hui, personne n’a le courage de s’y aventurer. Les odeurs nauséabondes parviennent à des centaines de mètres dans les alentours. La rivière est hélas gravement polluée par les eaux usées qui lui proviennent à présent de tous les villages. Tous les projets d’assainissement dont ont bénéficié les villages de la commune de Boudjima n’ont que ce cours d’eau comme réceptacle. Tous les rejets s’y déversent actuellement, et le degré de pollution est alarmant sans qu’aucune partie ne semble s’en inquiéter. Aujourd’hui, la rivière nécessite des solutions radicales. Sa dépollution passe, selon les spécialistes, par une stratégie globale qui toucherait tout le volet assainissement réfléchissant à d’autres solutions. Les fosses septiques semblent le meilleur choix pour préserver les cours d’eau des produits nocifs qui s’y déversent et qui reviennent comme un boomerang via des maladies MTH. Pour les moins regardants, qui ne semblent pas prendre au sérieux ces alertes, rappelons que 2018 a vu réapparaître le choléra que tout le monde croyait d’un autre temps.

Akli. N

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