Virée chez Sidi Yahia El Aidli

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La station thermale hammam Sidi Yahia El Aiâdli dans la commune de tamokra, distante d’une vingtaine de kilomètres d’Akbou, fonctionne avec des installations obsolètes qui datent de plus d’un siècle. Les visiteurs, qui ne viennent pas uniquement pour s’émouvoir de son charme mais plutôt pour recevoir la thérapeutique de ses eaux bouillantes, sont tous d’accord pour affirmer que les moyens d’accueil sont très archaïques. Ici il n’y a ni hôtel, ni restaurant, ni café dignes de ce nom. »Cette situation dissimule un conflit administratif de limitation géographique entre notre commune et celle de Tamokra dont la solution n’est pas prête d’être trouvée », dira Bensikhaled Mohand Chérif, président de l’APC de Bouhamza qui n’a pas manqué d’aborder en sa qualité de médecin, les vertus de ses eaux réputées pour leurs effets thérapeutiques. Il cite à cet effet les cinq maladies qui peuvent être traitées : ORL, respiratoires, rhumatismales, gynécologiques et de la peau. « Le bilan thermal réalisé par l’entreprise nationale des études touristiques a confirmé cet éventail de maladies guéries par les vertus des eaux bouillantes de cette station », renchérit-il. C’est dans ce site, précisément dans une grotte située au milieu des rochers tout en haut de la falaise, qu’avait élu domicile, au IXème siècle, Sidi Yahia El Aidli qui a fondé aussi une zaouïa au village de Tamokra. Et de là, il a jeté sa canne qui a atterri sur la rive de l’oued d’où jaillit une eau bouillante jugée bienfaitrice pour la santé des humains. Depuis, l’endroit est devenu un hammam de réputation nationale. A partir de Biziou, une route en très bon état mène vers cette station. Plus on progresse, plus on découvre ce que la nature a façonné comme environnement sauvage d’une extrême beauté, paradis tant de l’escapade que de l’escalade. Nous sommes d’ailleurs au printemps, en pleine période de végétation extrême. Le paysage verdoyant et sublime caresse le regard, dépayse la vue et impressionne l’esprit. Le massif de Gueldamen impressionne par sa nudité rocheuse. Il forme une grande muraille qui démarre du hameau d’Ighil N Tala et s’échoue à l’oued. Sa colonne dorsale laisse apparaître plusieurs formes dominées par des rocs anguleux et agressifs, et des crêtes dentelées. Au détour d’un virage marquant la limite de cette montagne, apparaissent au loin des terres fertiles bien travaillées sur des petites plaines à la limite des garrigues, des maquis et des monticules colonisant de nombreuses collines. La route qui continue est parsemée de maisons éparses et de petits hameaux aux maisons anciennes et traditionnelles à l’image de Tasfart et de Boumessaoud. Entre ces deux villages et au bord de la route, une école primaire récemment construite semble être déserte et abandonnée à son triste sort. Pas un chat à l’intérieur. Un peu plus loin se dresse un panneau de signalisation indiquant la voie à suivre pour rejoindre la station thermale. Il faut prendre par un chemin tortueux, sinueux et qui descend en pente raide jusqu’à l’oued. Son état est déplorable de par le nombre de crevasses et de saillies qui le saturent. Dans un, endroit, un ouvrage d’art endommagé par les torrents, a rétréci la chaussée et constitue un danger pour les automobilistes. Tout en bas, à la lisère de l’oued, un autre chemin taillé à même les rocs continue sur environ 50m en longeant le flanc abrupt d’une colline avant d’échouer sur un petit parking où une vingtaine de véhicules sont stationnés. A partir de là, le chemin piétonnier qui continue est plus rétrécis et permet juste le croisement de deux personnes. La station thermale ressemble à un gîte rural d’un concept unique dans la région où chaleur, convivialité et authenticité de l’accueil se conjuguent en harmonie avec la liberté et le confort de ses maisonnettes traditionnelles exigues, pleines de charme et ayant traversé des siècles. Elle est enserrée entre l’oued Boussellam et le flanc abrupt de la colline. L’eau de l’oued très limpide bruissait sous un ciel bleu azur. A droite, des pitons aigus en formes magnifiques et des crêtes dentelées aux mamelons anguleux et agressifs. A gauche, une muraille gigantesque au flanc abrupt et boisé, donnant un aspect grandiose. C’est sur ce flanc que sont collées tels des orgues monumentaux, des maisonnettes traditionnelles construites avec de la pierre locale et charpentées avec des tuiles rouges traditionnelles qui servent de gîtes pour les visiteurs. Tout en bas, le hammam dissimulé dans une minuscule pièce. A l’intérieur, un bassin emmagasinant l’eau bouillante s’échappant d’un grand trou formé au milieu d’une façade rocheuse. Certains baigneurs supportant l’eau chaude trompent carrément tout le corps, d’autres se contentent de noyer les membres. Tout autour des banquettes faïencées servent pour la détente un temps soi peu, car d’autres attendent leur tour Nous ne sommes qu’au début du printemps et l’endroit est très animé de par le nombre de familles trouvées sur place, venues pour la plupart chercher des remèdes à leurs maux. Toutes les chambres sont occupées et la minuscule salle très exigüe servant de hammam a du mal à contenir la demande. Beaucoup de femmes faisaient la chaîne dehors. Medjani Abdallâh et son épouse venus de Beni Maouche ont dit « qu’ils étaient des habitués des lieux et sont là pour une détente d’une journée ». Mme Mammeri Tassadit s’est déplacée de Béjaia pour soigner ses rhumatismes. Ami Akli de Aïn El Hammam était là depuis trois jours : « Je fais une cure de trois jours pour mon mal de dos et je reste parfois tranquille pendant une année ». Ammour Yahia d’Ighil Ali accompagné de sa femme était là depuis deux jours. « La proximité du lieu nous donne l’avantage de venir deux à trois fois dans l’année. Je soigne une arthrose du genou et ma femme une sciatique », affirma-t-il. Habal Mohamed est de M’chedallah : « J’y viens périodiquement pour soigner une rhinite et ça me soulage après une cure d’une journée ». Enfin, une famille de 10 personnes en majorité des femmes et des jeunes filles, s’est déplacée de Mascara. La malade accompagnée a du mal à marcher. « Elle est passée par différentes phases de traitements médicaux qui ne l’ont pas guérie pour autant. On nous a conseillé cette station et on est venu pour recevoir, et les soins thérapeutique et la bénédiction de Sidi Yahia », expliqua l’Oranais. Comme infrastructure d’accueil, quelques chambres anciennes, dont certaines frisent l’effondrement, et une petite salle servant de café maure où les produits commercialisés se limitaient à des tasses de café, des limonades et des biscuits. Le gérant, Gaher Belkacem, un descendant de Sidi Yahia nous a informé qu’il est désigné par le village pour gérer la station. « C’est un bien de la zaouïa de Sidi Yahia, une école coranique qui forme des talebs et qui tire ses ressources des rentes de cette station », révéla-t-il. Sur la rive de l’oued des pêcheurs jetaient leurs hameçons à l’eau sous le regard des clients alignés à une murette. Certains tuent le temps, d’autres trouvent du plaisir de voir un poisson volant dans l’air lorsque le pécheur le tire vivement de l’eau

L.Beddar

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