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Chemini : La saison labours-semailles lancée : La charrue et les bœufs comme au bon vieux temps

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Nonobstant le prolongement de la saison de canicule, les fellahs de la région d’Ath Waghlis s’apprêtent à labourer leurs champs avec la venue des dernières gouttelettes de pluie. Étant à vocation rurale, les nombreux villages greffés au piémont de la majestueuse montagne de l’Akfadou tentent tant bien que mal de perpétuer l’entretien de leurs champs avec les moyens du bord. Néanmoins, l’amélioration du cadre de vie de la population locale a eu raison de certaines activités agricoles léguées par les aïeux. La nouvelle génération ne prête guère attention aux parcelles de terrain, naguère jalousement entretenues par leurs parents comme à la prunelle de leurs yeux. « L’étendue des terrains moyennant escarpés n’est pas une fin en soi, car la terre n’est nullement avare lorsqu’elle est entretenue et bien travaillée », nous dira Da Vouzid, un septuagénaire de la commune de Chemini. En dépit du recours du bon nombre de la population à la traction motorisée pour retourner leurs parcelles de terrain, la vieille charrue à encore de beaux jours devant elle. Ayant un relief peu favorable à l’usage de tracteurs, la région d’Ath-Ouaghlis est connue pour ses terrains abrupts et peu meubles, dont l’unique moyen d’accéder à certains lopins de terre est la charrue. Attelés à la charrue, les robustes bœufs, savamment préparés à de telles besognes, obéissent au doigt et à l’œil de leurs maîtres. Une marée d’oliviers couvre l’étendue de la région, et qui reste de loin l’arbre fétiche de la population locale à l’image du reste des bourgs de la Kabylie. Les dernières pluies automnales, tombées sur le tard, ont amplement rendu le sourire aux fellahs, même s’ils s’accordent à dire que la pluviométrie n’était pas au rendez-vous et a pris un retard considérable. Toutefois, cette maigre pluviométrie ayant humidifié le sol est d’un grand apport à la filière arboricole. C’est dans ce sillage que les rares propriétaires de charrues tirées par les bœufs ont investi les champs pour retourner la terre. Affutant les socs, et attelant le joug à la nuque des animaux de trait, ces derniers obéissent aux ordres de leurs maîtres à la lettre. Une symbiose des plus inouïes lie le fellah à ces animaux. Et par de simples syllabes fredonnées par le guide, la paire de bœufs s’exécute en creusant des sillons. « Depuis mon jeune âge, je manie les bœufs en hersant pratiquement tout le flanc de notre vallée », nous dira Da Vouzid, propriétaire d’une charrue et d’une paire de bœufs. Et d’ajouter : « C’est vrai, labourer la terre à l’aide d’une charrue est un travail pénible, et il est de loin une sinécure, mais le fait de pérenniser une tradition ancestrale me rend fier d’exécuter ce noble travail. »   Les personnes perpétuant cette tradition peuvent être comptées sur les doigts d’une main dans la région. Et pour cause, l’effort et la patience que requiert ce pénible travail décourage la nouvelle génération. Le travail de la terre est déserté depuis des décennies par la population locale, préférant de loin des jobs moins pénibles et plus rémunérateurs. L’ancienne génération reste nostalgique quant à l’époque où tout le monde s’affairait à travailler dans les champs. Bon nombre de personnes jettent leur dévolu sur les tracteurs agricoles, beaucoup plus rapides et moins pénibles pour herser le sol. Il reste néanmoins qu’une myriade de terrains reste en jachère en raison du peu d’intérêt que leur accordent leurs propriétaires. En substance, la nouvelle génération reste évasive quant aux outils aratoires, et à tout ce qui touche à l’ameublissement de la terre. Des sujets qui semblent être aux antipodes.

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Bachir Djaider

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