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EL FLAYE Sous le signe «fête de partage et de pardon» : Timechret ressuscitée à Izghad

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Le village d’Izghad, dans la commune d’El Flaye, a organisé, durant les trois jours ayant précédé l’Aïd, la fameuse tradition de Timechret.

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Ledit village était en liesse, d’autant que ce genre d’événement tend à se raréfier ces dernières années. Le jour de l’abattage, la place du village était envahie par une marée humaine venue assister au rituel, marqué par l’immolation de trois bœufs. Oubliée et remise en cause même, ces dernières années, Timechret signe son retour, au grand bonheur de nombreux villageois nostalgiques, qui la considère comme un moment convivial consolidant les liens sociaux et une pierre angulaire de la société, qui assure le rapprochement. L’immolation des bœufs s’est faite dans une ambiance bon enfant, en sus, tous les habitants ont eu leurs quotes-parts (Tisghart). Les villageois ont mis la main à la poche mais aussi à la pâte, pour que cette fête soit une réussite, d’autant plus que ce genre d’occasion reste indélébile au vu de sa dimension sociale et culturelle. Sous le signe, «fête de partage et de pardon», les membres du comité du village Izghad ont voulu faire de ce rituel une occasion pour réunir tous les villageois autour d’une tradition vieille comme le monde. «Il y a lieu de rappeler que Timechret est l’une des plus anciennes traditions héritées de nos aïeux. Il est visé à travers cette tradition d’aider les familles nécessiteuses et ressouder les liens d’amour et d’amitié entre les dizaines de familles qui composent notre patelin», dira un habitant d’Izghad. A souligner que l’école primaire dudit village a abrité une ribambelle d’activités, notamment pour les enfants. La présence d’un magicien a subjugué les petits bambins avec des tours que les enfants ont largement applaudis. De même, un gala artistique est organisé dans la soirée du vendredi 23 juin avec la participation d’une pléthore d’artistes, dont Amour Abdenour, Dalil Salmi, Massi Bennadji… Si Timechret, élément culturel ancestral, se traduit matériellement par la distribution de la viande, selon une tradition ˮTisghartˮ, où les disparités sont mises de côté à l’occasion, sa portée reste très grande en matière de valeurs. Les contextes d’organisation de Timechret diffèrent à travers les temps, les messages qu’elle véhicule vont presque tous dans le sens de l’amélioration du niveau de vie des concitoyens et leur rapprochement. Jadis, Timechret était organisée par nos ancêtres qui faisaient des offrandes, pour épargner le village d’une maladie ravageuse, d’une catastrophe dévastatrice ou d’une situation naturelle menaçante. Par ailleurs, Tiwizi (solidarité collective) ou Timechret, dite aussi Lawziâa, tend à perdre de son aura ces dernières années, pour diverses raisons. Aujourd’hui, ce rituel tend à avoir une justification purement culturelle, mais la sociabilité qu’elle procure n’a pas d’égale. En effet, Timechret connaît un regroupement général de la population du village, même les citadins et les émigrés y assistent. «Des personnes qu’on a perdues de vue depuis des années font également leur apparition, à la joie de leurs familles», dixit un sexagénaire. Outre l’aspect spirituel de l’événement, la communication qui s’effectue au moment de Timechret est multidimensionnelle, elle se traduit par l’écoulement du sang, symbole de la fertilité, les dépassements des différends du village et par la perpétuation d’un événement ancestral qui continuera à rassembler.

Bachir Djaider

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