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Vallée de la Soummam : Le braconnage continue

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De la chasse au fusil aux nœuds coulants, en passant par les filets et les pièges à ressort, les braconniers ne sont jamais en panne de trouvailles et d’innovations dans la vallée de la Soummam, victime d’une traque sans merci. Tous les outils, les stratagèmes et les subterfuges sont bons pour prélever un maximum d’espèces, en faisant l’impasse sur la régénération et la reconstitution des réserves. «Je capture régulièrement des sangliers ; la chasse est mon hobby de prédilection. Auparavant, je les vendais aux restaurateurs de la région, mais, depuis quelques temps, je les refile aux chinois, qui me proposent des prix nettement plus alléchants», avoue, avec désinvolture mêlée à de la fierté, un villageois de Seddouk, habitant à proximité du lit de la Soummam. «Ce n’est pas de la cruauté gratuite, car, si j’élimine des sangliers, c’est uniquement pour protéger mes récoltes qui sont régulièrement visitées et mises à sac par ces animaux», dit un paysan de la région de Tamokra. «Au cours de ces dernières décennies, les bandes de sangliers se font de plus en plus rares, ce qui révèle sans doute le déclin de cette population. Si en plus de cela, on leur tire dessus à la moindre occasion, on les condamnerait irrémédiablement à la disparition», estime un jeune agriculteur d’Akbou. Des actes irresponsables et répréhensibles sont commis contre d’autres gibiers, comme le lièvre et la perdrix. Deux espèces endémiques très convoitées et qui, du fait d’un braconnage outrancier, ont pratiquement déserté leur biotope. «Je me rappelle que, dans le temps, les perdrix picoraient librement dans les prairies, alors que les lièvres apparaissaient très fréquemment. Parfois, ils venaient brouter l’herbe jusqu’aux pas de nos chaumières de campagne. Aujourd’hui, l’un comme l’autre, ne donnent presque plus signe de vie», relève un sexagénaire du village Ighil Oudlès, dans la commune d’Ouzellaguen. Les passereaux migrateurs, ces voyageurs au long cours, qui réinvestissent les plaines de la vallée de la Soummam à l’orée de l’arrière-saison, ne sont pas en reste. L’étourneau, la grive et, à un degré moindre, le rouge-gorge sont traqués sans répit. Par dilettantisme, mais surtout par appât de gain, on en capture à tour de bras. Un massacre en règle qui met à mal la pérennité de ces emplumés et compromet leur survie. Les nuées d’étourneaux, qui colonisaient abondamment le ciel et déferlaient sur les vergers, sont de moins en moins perceptibles. Réputée pour sa discrétion, la grive se plaisait plutôt à se calfeutrer dans les fourrés de lentisque, qui lui offrait le «gîte et le couvert». Cette espèce très prisée est aussi en net déclin. Il y a fort à craindre que la densité de cette réserve faunistique inestimable sera encore moins consistante dans les années à venir. Tous les facteurs y concourent.

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N. Maouche

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