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ATH WAGHLIS - Essartage, brûlage des buissons et broussailles… : Les paysans préparent leurs oliveraies

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Chaque nouvelle campagne oléicole dans la Kabylie constitue une opportunité pour la population locale, de renouer avec les symboles les plus vivaces du patrimoine ancestral de cette région.

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À l’Arch n’Ath Waghlis, les oliviers se courbent, à présent, sous le poids des fruits si abondants qu’ils procurent à leurs propriétaires des sensations des plus réjouissantes. Les habitants essartent, nettoient leurs oliveraies, amoncellent et brulent les buissons…les préparatifs vont bon train avant l’amorce de la cueillette des olives qui approche à grandes enjambées. L’automne est bien là ! Avec ses crues et ses parfums, de surcroit propices pour les travaux des champs. Cette dernière décade, en sus, chargée de pluies, a permis aux propriétaires d’oliveraies de rejoindre leurs champs dans le souci de mieux les préparer pour la saison des olives. Des nuages de boucanes sont perceptibles à des kilomètres à la ronde en ce début du mois d’octobre où les villageois s’affairent à préparer leurs champs. Ces travaux sont souvent accompagnés de palabres entre les paysans autour de la saison oléicole et tutti quanti. En effet, ces préparatifs sont nécessaires pour faciliter le ramassage des olives au moment venu, mais aussi pour éviter l’altération des olives qui tomberont par terre entre temps, nous expliquent un quinquagénaire. Des citoyens espèrent que la bonne récolte prévue pour cette saison aboutisse à un meilleur rendement. Le retour de la pluie s’annonce de bon augure, et ce, au grand bonheur des populations. L’huile d’olive est une matière culinaire vitale, de surcroit très prisée en Kabylie, car associée à tous les plats kabyles, mais aussi, et surtout parce que c’est une source de revenus plus qu’importante pour bon nombre de familles. Pour rappel, l’olivier se décline en plusieurs variétés comme Alleh, Abani, Azerradj, Aguenaou, Sigoise, Tefah… Chemlal et Limli sont les plus répandues en Kabylie. Du côté des huileries, tout est fin prêt pour relancer les machines. Cependant, les huileries modernes ont remplacé celles mues par l’énergie motrice qui elles-mêmes ont remplacé les anciennes huileries, mues par la traction animale. Ces dernières, d’ailleurs, la plupart d’origine Italienne, donnent une huile raffinée, mais beaucoup de paysans hésitent à leur confier leurs récoltes, trouvant que l’huile obtenue par cette forme d’extraction… est fade. Les olives versées dans un bac récepteur sont automatiquement lavées et par un système de tamisage, triées pour les débarrasser de tout détritus, ensuite une vis sans fin les happe pour les triturer. En Kabylie, la cueillette de l’olive est faite, essentiellement, en famille. Pour deux raisons ; les oliviers se trouvant dans la parcelle familiale dépassent rarement la dizaine d’où un traitement encore artisanal et c’est aussi l’occasion de réunir toute la famille autour d’un même objectif pécuniaire. C’est dans cette optique que les hommes s’arrangent à prendre des congés en ces périodes de cueillette qui s’effectue en hiver, pendant les vacances scolaires. Une occasion aussi de faire découvrir et participer les enfants à cette tradition vieille comme Mathusalem. Aujourd’hui, il n’est pas rare que l’universitaire, l’employé de bureau et le technicien viennent prêter main-forte aux autres membres de la famille pendant la période de la cueillette. C’est un des évènements les plus importants de la vie du village : c’est que l’olive fournit un produit important que l’on consomme en grandes quantités, que l’on peut échanger ou vendre, mais aussi un précieux présent que l’on offre aux invités de marque. Si les membres de la famille sont loin du village, leur part est conservée en toute sécurité : ils en prendront possession, tôt ou tard, comme ils le feraient pour un héritage. Par ailleurs, la production oléicole varie d’une saison à une autre. Pour les plus avertis, ce cas de figure (chute de la production) est plus que logique. La production diminue d’année en année avec cependant des saisons (tous les trois à quatre ans) où il est enregistré des pics de productions naturelles dues essentiellement à la nature de l’olivier qui, dit-on, doit ″se reposer″ quelque temps avant de donner une meilleure récolte. Mais cela suppose une excellente saison de pluies, moins de vent et bien sûr un meilleur entretien. L’olivier, cet arbre exceptionnel, aime l’entretien, les soins, les tailles utiles, le retournement de la terre (sols). Or, beaucoup de propriétaires négligent tous ces paramètres essentiels. Ce qui a entraîné une diminution considérable de la production d’olives. Des milliers d’arbres sont victimes, d’abord, des incendies qui ont ravagé des superficies énormes, des maladies propres à l’olivier et que les exploitants ont du mal à définir, et, faute de traitement, il s’assèche et meurt. Il faut ajouter, évidemment, que les oliviers de la région (à l’instar sans doute du reste de la Kabylie) se caractérisent par l’âge avancé des plants. Certains sont âgés de plus de 100 ans. Certaines familles qui ont quitté la région pour s’installer ailleurs ont abandonné leurs terres et les ronces, et les buissons ont englouti leurs oliviers dont le fruit n’a pas été cueilli depuis plusieurs années.

Bachir Djaider

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