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M'CHEDALLAH Cherté des aliments, mortalité, marché instable… : L'aviculture en difficulté

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L'aviculture est une filière qui a connu son plein essor à partir de l’année 2010 dans la région de M’Chedallah. Auparavant, l’activité avait accusé le coup durant les années de braise, beaucoup d’aviculteurs avaient fui leurs localités et abandonné leurs poulaillers.

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L’activité qui faisait vivre des centaines de familles avait, en effet, pris un sérieux coup, avant de reprendre de plus belle. Cependant, la filière est de nouveau confrontée à des difficultés freinant notablement son développement. En effet, depuis ces deux dernières années, elle connaît un déclin avec de nombreux aviculteurs qui ont déclaré faillite et mis la clef sous le paillasson, pour plusieurs raisons. La première étant la cherté des aliments, dont la composante, constituée essentiellement du maïs importé, est cédée à 5 000 DA le quintal. Un coût jugé élevé par les éleveurs, mais qui s’explique, néanmoins, par la transformation, laquelle se fait localement, qui passe par de nombreux intermédiaires avant d’arriver chez le poulailler. A cela s’ajoutent d’autres charges, telles que les factures d’électricité, d’eau et de la location ainsi que les redevances et honoraires du suivi sanitaire (vétérinaire) et les traitements. A propos des traitements, selon certains aviculteurs, «les coûts qu’engendrent les différents vaccins s’élèvent à environ 30 000 DA pour une série de 1 000 poussins». A signaler qu’à toutes ces contraintes, vient se greffer un problème et pas des moindres. Il s’agit de l’absence de toute forme d’organisation dans cette filière. Ce sont là des difficultés qui pèsent sur cette activité et font que le coût de revient du poulet de chair, à la fin d’une campagne d’engraissement de 45 jours, oscille entre 400 et 500 DA, pour un poulet de 2,5 kg. Il y a aussi l’absence de main d’œuvre et des frais supplémentaires inhérents à l’entretien du local. Il faut noter que les poulaillers doivent être désaffectés à chaque fin de campagne et cela demande, bien évidemment, un coût. Enfin, il y a lieu de noter le taux de mortalité élevé enregistré surtout en été, en raison de la hausse des températures. A en croire un des aviculteurs de la commune de Chorfa, en temps de fortes chaleurs, les morts parmi les volailles se comptent par centaines quotidiennement.

La hausse des températures provoque beaucoup de pertes

Dans la daïra de M’Chedallah, où il existe des dizaines d’élevages de poulets, c’est l’inquiétude chez les aviculteurs ces jours-ci, en raison de la hausse anormale des températures et le climat caniculaire qui sévit depuis la dernière semaine de juin. Un climat qui persiste encore avec un baromètre qui ne cesse de grimper et osciller entre 39 et 45&deg,; touchant de plein fouet ce créneau de l’agriculture, où des dizaines de propriétaires de poulaillers, à travers toutes les communes de la daïra, constatent d’énormes pertes parmi les volailles. Ces derniers jours, beaucoup font part d’un taux assez élevé de mortalité. Cela dit, ceci est certes dû à la chaleur, mais aussi aux conditions d’élevage anarchiques qui s’effectuent bien souvent dans l’informel. En effet, dans bien des cas, des éleveurs exercent dans des poulaillers de fortune, sommairement aménagés et non équipés d’extracteurs d’air et d’humidificateurs, pour stabiliser les températures à l’intérieur du local. Les locaux utilisés sont nombreux à ne répondre à aucune des indispensables normes, telles que l’espace et l’aération, sachant que les murs et toitures ne sont pas conçus pour faire office d’isolants. A l’intérieur des poulaillers, l’on croirait être dans une véritable fournaise. Par ailleurs, au marché de l’informel, l’offre et la demande sur le poulet de chair joue un rôle sur les prix. Il y a aussi une contrainte et pas des moindres, celle du ralentissement de croissance des poulets. Dans ce créneau, les éleveurs ne sont pas nombreux à parvenir à faire franchir aux poulets la barre des 2 Kg, après les 45 jours de la campagne d’engraissement habituelle. D’où la nécessité de la prolonger de 2 à 3 semaines. C’est à partir de là que la marge bénéficiaire commence à être réduite à cause des quantités supplémentaires d’aliment dont il faut encore faire usage. La dernière contrainte, qui ne peut être qualifiée que de coup de grâce, est la chute vertigineuse du prix de poulet sur pied, qui oscille à l’heure actuelle entre 220 et 240 DA, après avoir ouvert au début du ramadhan à 300 DA le kg. La chute des prix est de presque de 50%. De ce fait, l’on assiste à un véritable bradage de marchandise auquel s’attèlent les aviculteurs pour limiter les pertes. Ce qui fait dire à Saïd, l’un des plus anciens aviculteurs de Saharidj, que cette année «les plus chanceux devront s’estimer heureux en sauvant le capital investi, d’autant plus qu’à l’heure actuelle, l’offre est nettement supérieure à la demande et la concurrence est assez rude».

Oulaid Soualah

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