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M'Chedallah Cimetière «des étrangers» : Qui doit s’en soucier ?

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Le cimetière «des étrangers», un des plus anciens de la ville de M’Chedallah, est envahi par des herbes folles et toute sorte de pollution. En effet, et à l’heure actuelle, à l’intérieur du cimetière plus aucun coin n’échappe à la dégradation. Les sachets noirs et autres bouteilles en plastique jonchent les lieux, offrant un hideux décor aux proches des défunts venant se recueillir sur leurs tombes et aux riverains. Les herbes sauvages, qui poussent partout et pêle-mêle, ont fini par transformer ce lieu, où reposent des centaines de morts, en une véritable brousse. Pis encore, il est bombardé de tous les côtés par toutes sortes d’immondices et même par des montagnes de déblais, provenant du chantier de terrassement du nouveau réservoir d’eau mitoyen. D’une superficie d’un peu plus d’un hectare, le cimetière a connu peu d’opérations d’aménagement après l’indépendance, sinon une vulgaire clôture en grillage zimmerman qui s’est effondrée à certains endroits. Il y a lieu de noter que ce cimetière n’appartient à aucun village de la région de M’Chedallah. Il a été aménagé vers la fin de l’année 1954, soit immédiatement après le déclenchement de la guerre de libération, en périphérie Nord de la ville de M’Chedallah, ex-Maillot. Dénommé localement «Thimeqverth gueghriven», c’est-à-dire le cimetière des étrangers, il a commencé à recevoir les dépouilles des maquisards tombés au champ d’honneur durant les violents accrochages qui les opposaient aux forces de l’armée coloniale dans la circonscription de l’ex-commune mixte de maillot (actuelle daïra de M’Chedallah). Il a aussi accueilli les cadavres des prisonniers arrêtés par l’armée française durant les opérations de ratissage et aussi ceux des suspects arrêtés par les gendarmes et morts sous la torture au niveau du sinistre centre de torture de cheikh Ouvelkacem, situé près de l’actuelle mairie. Ce centre de torture était géré par le non moins sinistre lieutenant Georges, responsable des services de renseignements, dénommé deuxième bureau. Les cadavres des martyrs exécutés au niveau du centre, qui était le fort turc d’Ath Vouali reconvertit en caserne militaire durant l’occupation coloniale, étaient acheminés vers ce cimetière, pour être enterrés. Il convient de signaler que ce même cimetière est aussi utilisé par des citoyens venus hors région, tels que ceux originaires de M’sila ou de Bordj Bou Arreridj. Ces citoyens, dont un bon nombre vit encore dans la ville de M’Chedallah, continuent toujours d’enterrer leurs morts dans ces lieux. Eu égard à son histoire, laquelle est un pan entier de la mémoire collective, et son rôle sacré de lieu de repos éternel, ce cimetière devrait, de l’avis des citoyens, bénéficier de plus d’égards et d’une attention toute particulière.

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Oulaid Soualah

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