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Saharidj : Mohand-Said Amarouche, un héros peu évoqué

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Natif du village Tadert Ledjdid dans la tribu Iwakouren dans l’actuelle commune de Saharidj, Mohand Amarouche est un maquisard de la première heure. Né en 1929, il avait commencé à militer au sein du PPA et MTLD durant les années 1940 avant de rejoindre les rangs de l’ALN le 1er novembre 1954. En plus de l’organisation des premières cellules et sections de volontaires dans son village, ce vétéran de la guerre d’Indochine sous les drapeaux français, comme la plupart des héros de la guerre de libération transforma sa maison qui était un refuge dès le déclenchement de la guerre, en véritable point de commandement (PC) où se rencontraient tous les officiers de l’ALN de Kabylie tels que le colonel Amirouche Ait Hamouda, Krim Belkacem, le colonel Ouamrane et Abderrahmane Mira. Plus tard, cette maison a été aussi utilisée comme tribunal dotée d’une prison. Mohand Said organisa et participa aux premières actions armées contre les forces coloniales comme l’attaque du siège de la gendarmerie de l’ex commune mixte de Maillot, actuelle M’chedallah, en même temps que la maison de l’administrateur dans la soirée du 1er novembre 1954. Il a été de la célèbre bataille d’Alaouve dans la commune de Chorfa en 1955, celle d’Ighil Ouchekrid, la légendaire bataille d’Akouir commune d’Aghbalou en 1956 pour ne citer que les plus importantes batailles. En militaire expérimenté et aguerri aux techniques de combat, il tomba vite en désaccord avec ses chefs directs, notamment concernant les embuscades près des villages qui exposent les villageois aux tirs à l’artillerie lourde des forces coloniales et des bombardements aériens sans distinctions des victimes, en plus de voir les soldats français se venger sur les civiles qui se trouvent à proximité de tout lieu d’embuscade durant lesquelles des militaires furent tués. Un désaccord qui l’amena à quitter à la fin de l’année 1956 son premier groupe dont les chefs n’écoutaient pas ses recommandations en attendant l’arrivée du chef de la wilaya 3 historique, le colonel Amirouche pour trancher dans le litige. Ce qui ne l’empêchera pas de continuer en maquisard convaincu et déterminé de continuer la lutte contre les forces coloniales en participant au hasard et partout où il est sollicité dans d’autres actions armées en rejoignant d’autres groupes à travers la région.

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Le colonel Amirouche allait faire de lui son conseiller militaire

Amirouche de passage à Tadert Ledjdid piqua une colère noire en apprenant que ce valeureux guerrier a été contraint de prendre ses distances avec ses anciens chefs et de couper tout contact avec eux. Il ordonna que tous les moyens soient faits pour renouer le contact avec lui en déclarant devant plusieurs témoins qu’il comptait faire de lui son conseiller militaire pour mettre à profit son expérience militaire d’autant plus qu’il a démontré un patriotisme et une bravoure indiscutables et à toutes épreuves sur le terrain. L’exemple le plus édifiant est d’avoir sacrifié son foyer en se séparant de sa femme dès le déclenchement de la révolution pour se libérer et avoir les coudées franches afin de se consacrer corps et âme à la lutte armée contre l’occupant français. Cette situation de révolte contre les méthodes de ses chefs directs qui a été qualifiée de désertion par ces derniers dura une année entière, soit durant la période la plus sombre de l’histoire de la guerre de libération avec l’affaire de la bleuite et les groupes des Messalistes qui ont retourné leur armes contre les maquisards de l’ ALN et les militants actifs du FLN. Deux fait marquants qui ont fait des ravages parmi les maquisards sous la conduite du Capitaine Leger (pour la bleuite) responsable des renseignements et d’espionnage dont le siège se trouvait à Alger. Mohand-Saïd Amarouche est tombé au champ d’honneur en février 1957 lors d’une grande Bataille à Semmache, actuelle commune d’El-Adjiba. Le nom de ce valeureux martyrs figure parmi les 114 martyrs de la tribu Iwakouren incrusté sur les stèles des carrées des martyrs de la daïra de M’chedallah, et ceux du village Raffour et de son village natal Taderth Ledjdid. Sa maison dans son ancien village encore debout est classée vestige historique de la guerre de libération nationale devant laquelle une plaque commémorative portant son historique est installée. Rappelons que Mohand-Said est un proche parent du lieutenant Amrouche Mouloud qui est aussi très estimé par le colonel Amirouche. Notons enfin que les villageois de Tadert Lejdid s’apprêtent avec effervescence à organiser la commémoration de la destruction de leur village par les forces coloniales le 4 novembre 1957. Il est utile de rappeler qu’après la destruction de ce village, des centaines de ses habitants ont été accueillis par des villageois de la région et beaucoup d’entre eux ont été déportés et acheminés de force par les forces coloniales vers la plaine d’Arafou, actuelle Raffour, en les installant dans un immense camp de toile. Il faut rappeler aussi que le même sort a été réservé aux villageois d’Ighzer, l’autre tribu d’Iwakuren. Ce village a été évacué puis rasé par l’armée française le 6 mai 1957 et sa population a été déportée. Le village voisin d’Ivelvarene n’a pas été non plus épargné et subira le même sort que les deux villages d’Iwakuren.

Oulaid Soualah.

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