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Draâ El-Mizan - L'eucalyptus centenaire de la ville… n’est plus : La tronçonneuse a sévi !

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Devant les regards de centaines de personnes, des tronçonneuses commencèrent à scier les branches de l'eucalyptus le plus vieux du centre-ville de Draâ El-Mizan, pour ne pas dire de toute la région.

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La semaine dernière, l’axe principal, connu sous le nom de la route de Boghni (Boulevard Mohamed Mitiche dit Moh N’Djardjar), a été entièrement coupé à la circulation par les policiers mobilisés pour cet « événement » ainsi que la protection civile et les forestiers. C’était le dernier jour pour cet arbre plus que centenaire datant de l’époque coloniale car, croit-on savoir, un promoteur immobilier, ayant acquis le terrain où était planté cet eucalyptus, commencerait les travaux pour lancer son projet. Quelques minutes avant cet abattage, tous les passants déployèrent leurs téléphones portables et immortalisèrent les dernières minutes de cet arbre géant. Un « monument ». C’est aussi un élément du patrimoine de cette ville érigée en centre urbain au début du 19° siècle par la France coloniale. L’une des premières villes coloniales de Kabylie et d’Algérie. Puis, ce sont les commentaires. « C’est un crime. Si c’était dans un pays, qui respecte la nature, il serait déterré avant d’aller prendre place dans un autre endroit sous escorte et en présence des autorités et des associations défendant l’environnement », dira un passant. Et à un autre de lui répliquer: « Cet eucalyptus est l’unique témoin de l’histoire de la ville. Pourquoi lui a-t-on réservé une telle fin?». D’autres le personnifient au passage. « Cet eucalyptus a vu des milliers de personnes venir s’asseoir sous son ombre et se protéger contre la chaleur. Vraiment, c’est regrettable de le voir disparaître. C’est toute une histoire qui vient d’être balayée avec des coups de scie », déplorera un autre intervenant. C’était en tout cas l’événement du jour. « Aucun meeting électoral n’a pu rassembler autant de monde. C’est dire que cet arbre est exceptionnel », ironisera un sexagénaire. Un octogénaire dira: « Il y avait même à côté une fontaine. Une fois, les passants désaltérés, ils s’asseyaient sous son ombre pour se rafraîchir. C’était aussi un repère notamment pour nous les montagnards. Quand on venait au marché, c’était sous cet arbre que nous attendions le transport. Certains y attachaient même leurs bêtes qui leur servaient de transport. Vraiment, il ne fallait pas que nos autorités acceptent cet abattage ». D’heure en heure, il ne restait que son tronc d’un diamètre dépassant les deux mètres et dont les racines s’allongent partout comme des tentacules. « Le déracinement pourrait avoir des conséquences sur la chaussée et peut être même sur les habitations environnantes. Si les Français l’y avaient plané, c’était sûrement pour retenir ce terrain qui paraît être du remblai », estimera un autre intervenant. En tout cas, dans quelques jours, cet eucalyptus relèvera du passé et les générations futures n’entendront que son histoire qui leur sera racontée.

Amar Ouramdane

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