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AÏN EL HAMMAM - La maladie à l’origine de la perte de cerisaies entière : Les fellahs désarmés devant le capnode

1992
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Les habitants d’Aïn El Hammam et des communes limitrophes sont dans le désaroi devant la disparition progressive de leurs cerisaies.

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«Les promesses d’aide pour le traitement du cerisier contre le capnode ne seront pas tenues encore une fois. Bien que les services agricoles sachent qu’un fléau menace tous les fruitiers à noyaux, aucune mesure concrète, à même d’éradiquer cet insecte, ne s’est profilée à l’horizon», se plaint un paysan de la région.

À signaler que la majorité des agricultures ne savent pas d’où vient le mal qui ronge leurs vergers. Année après années, ils assistent impuissants au dépérissement de leurs arbres qui perdent leurs branches une à une, « sans raison apparente ». Pourtant le capnode, le coupable de ces dégâts, n’est pas loin. Il est enfoui dans le sol ou caché dans le feuillage, dont il se nourrit.

Son action commence dès le mois de mai, période de la ponte qui s’étale durant tout l’été. Bon nombre d’agriculteurs ignorent que cet insecte attaque les cerisiers à la racine, où il pond ses œufs. Les vers qui en sortent ne laissent aucune chance aux arbres infestés qui meurent au bout de deux à trois ans. Sans une action radicale, les fruitiers à pépins sont condamnés à disparaître.

Des arboriculteurs se battent avec leurs maigres moyens contre ce fléau qui aura le dernier mot, si rien n’est fait pour son éradication. Certains préconisent d’épandre le fumier équin autour des cerisiers alors que d’autre disent qu’il faut maintenir le sol propre et humide, vu que les larves craignent l’humidité. Le traitement chimique au moyen de l’insecticide « Marsall 25» coûte très cher.

Un flacon d’environ un litre revient à 3500 dinars. Lorsqu’on sait que le traitement doit être effectué deux fois par an, rares sont les propriétaires de cerisaies qui disposent les moyens financiers devant leur permettre d’acquérir plusieurs bouteilles de cet insecticide qu’on dit efficace contre le capnode. «Je ne peux traiter que quelques arbres non encore atteints par cette vermine», se désole un vieil homme.

Le «fruit des anges », comme on l’appelle, a toujours été, avec le figuier et l’olivier, une des principales ressources qui fait vivre des familles de paysans, dont le travail de la terre est l’unique activité. Avec la disparition du cerisier et, à un degré moindre du figuier, les arboriculteurs désertent les champs qui «ne nourrissent plus», avouent les concernés.

Seul le développement de l’arboriculture pourra ramener les propriétaires dans leurs champs. «Pour cela, l’État doit initier des opérations à même de sauver ce qui reste du patrimoine arboricole et aider à l’éradication des insectes nuisibles tels le Capnode, en programmant une campagne de traitement systématique. La plantation ou le greffage viendront alors sans aucune difficulté», estime un étudiant de la région.

Le Capnode, description et traitement

Insecte ravageur de l’ordre des coléoptères, le Capnode est le grand ennemi des arbres fruitiers à noyaux, tels que l’abricotier, l’amandier, le pêcher et surtout le cerisier, dont il a détruit de nombreuses plantations en haute Kabylie. Les premiers adultes émergent en cette période (mois de mai), considérée comme la plus propice à la ponte qui durera tout l’été.

La femelle pond une centaine d’œufs, déposés autour du tronc, dans un rayon de 30 à 40 centimètres. La durée d’incubation est de 7 à 45 jours en fonction des conditions climatiques. Les œufs résistent bien aux températures chaudes de l’été, mais craignent un excès d’humidité du sol. Dès leur éclosion, les larves s’enfoncent dans le sol et pénètrent les racines situées entre 10 et 25 cm de profondeur.

Chaque larve perce l’écorce d’une racine et réalise une galerie. Le stade larvaire dure généralement 20 à 22 mois. Le cycle biologique de l’insecte étant long, tous les stades de développement de l’insecte se retrouvent durant tout l’été avec un chevauchement de générations. Ainsi, des larves de tailles différentes peuvent s’observer dans les racines d’un même arbre. Par ignorance, la plupart des arboriculteurs de montagne ignorent jusqu’à son existence.

Ce coléoptère, apparu en Kabylie dans les années 70, était inconnu dans nos régions, auparavant, et serait, selon certains, importé. Son extension est due à l’insuffisance, voire l’absence totale de traitement. Pour diminuer ses nuisances, il y a lieu de favoriser les arrosages fréquents en été. L’on remarque d’ailleurs que les arbres situés en zones humides résistent mieux que ceux localisés dans des endroits exposés au soleil.

Une protection du collet, sur 80 cm autour du tronc avec une toile géotextile à maille fine, peut constituer une barrière mécanique contre la migration des larves dans le sol. En dehors du traitement chimique, le capnodage, une opération consistant à détruire manuellement les adultes, demeure le meilleur moyen pour faire face à cet insecte coléoptère, long de 16 à 26 mm.

Les mâles sont plus petits que les femelles et ne dépassent guère 20 mm. La tête est large, enfoncée et cachée par un thorax massif. Le corps est gris-noir trapu rétréci vers l’arrière. Les mâles sont beaucoup moins nombreux que les femelles. 90% des individus seraient des femelles.

A.O.T.

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