Pour un Centre d’aménagement linguistique

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Par Brahim Tazaghart*

Du pourquoi réhabiliter tamazight au comment et avec quels moyens le faire, le chemin a été long et pénible. Des hommes et des femmes, nourris à la source de la vie, ont voué leurs existences à faire de tamazight une langue comme les autres, capable des mêmes tâches, des mêmes fonctions, aspirant à un prestige en mesure de faire de ses usagers des citoyens à part entière dans un monde qui tend vers l’uniformité et le règne absolu de la seule logique de la dominance.

Formulée par l’intelligentsia algérienne, à l’instar de Mohend Chérif Sahli, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Taous Amrouche, la demande amazighe, avec la dynamique qu’elle a provoquée, a été une rupture franche avec la culture de l’intrigue, du complot et de la violence qui a marqué le mouvement nationaliste et dont elle était la première victime.

Des décennies après le recouvrement de la souveraineté nationale, conséquence d’une lutte incessante et dont le 20 avril 1980 constitue le moment phare, tamazight fut admise juridiquement comme langue nationale, le 8 avril 2002.

A partir de ce moment tant attendu qu’appréhendé, beaucoup de choses ont connu un changement notable, déstabilisant des certitudes ancrées au sein du pouvoir, déroutant des forces organisées dans l’opposition, désarçonnant une militance habituée à une relation hostile et  » naturellement  » distancée de l’Etat. En effet, la confrontation traditionnelle avec le pouvoir, régie pendant des années par des règles simples et sommaires, a connu une profonde mutation pour devenir une lutte plus complexe, plus subtile, nécessitant un sens élevé de la nuance, beaucoup d’intelligence et de conviction.

Aujourd’hui, la lutte pour tamazight est indissociable de la lutte pour la refondation, la réappropriation et la consolidation de l’Etat algérien. Elle est intimement liée à l’effort de participation active, avec clairvoyance et vigueur à la construction d’une nouvelle chance pour le pays.

Il ne s’agit pas ici d’un plaidoyer en faveur d’une quelconque politique d’intégration négative, ni d’une démarche visant à infiltrer des structures étatiques afin de les amener à pratiquer une vision du monde à laquelle nous croyons, mais de réaliser que le refus de s’impliquer efficacement dans le combat actuel, chacun et chacune à son niveau et selon sa compétence, signifie simplement que nous admettons notre défaite sans même oser livrer la bataille que l’histoire nous impose.

Au sein des institutions administratives de l’Etat, au sein des institutions élues, dans les associations de la société civile, chacun est appelé à se déterminer et peser de tout son poids pour arrimer le développement de tamazight à celui de la modernisation et de l’émancipation de l’Etat et de la société. Ici et maintenant, il faut se convaincre que la démocratie est une construction quotidienne, nécessitant beaucoup d’effort et de générosité et non pas un don des cieux ou des hautes sphères du pouvoir algérien aussi éclairées et intelligentes soient-elles.

Ayant une ambition pour l’Algérie, pour notre langue et pour nous-mêmes, nous pensons l’aménagement de la langue tamazight dans l’objectif premier de lui assurer un avenir radieux.

L’Etat algérien (ou ceux qui le représentent) est–il dans cet état d’esprit ? Pense-t-il tamazight comme une langue pouvant assurer à la société et à l’Etat une culture de paix et de développement ? Conçoit-il cette langue autrement que comme une demande gênante, troublante de ses certitudes, mais aussi de ses intérêts géopolitiques ? Pense-t-il la langue, quelle soit tamazight ou l’arabe, comme un instrument de communication et de savoir et non seulement comme un simple instrument de légitimation politique ?

L’offensive visant à remettre en cause le consensus scientifique et social quant à la transcription de tamazight avec les caractères latins n’annonce rien de positif.

Etat des lieux

Les départements de la langue et de la culture amazighes, ouverts au niveau des universités de Tizi-ouzou et de Bejaia, résultats d’une lutte ininterrompue menée par plusieurs générations de militants et de militantes et ayant culminé par le rassemblement historique du 25 janvier 1990 devant le siège de l’Assemblée populaire nationale (APN), sont les institutions qui ont pris en charge, à la base, l’opération de la réhabilitation institutionnelle de tamazight.

Cinq années après cet acquis qui a permis l’émergence d’un encadrement de qualité capable de concevoir et de réaliser l’expérience de l’enseignement de tamazight et en tamazight, et sous la pression d’un boycott de l’école unique dans les annales des luttes identitaires dans le monde, le pouvoir institue le HCA et admet l’intégration de tamazight dans le système éducatif national et dans la communication.

Au lieu que cet enseignement soit le prolongement naturel de l’expérience des départements amazighs qui pratiquaient et qui pratiquent toujours dans la notation de la langue le caractère latin, les pouvoirs publics, à travers le ministère de l’Education national, éditaient un manuel scolaire en trois graphies : Tifinagh, arabe et latin.

La raison aurait voulu qu’en l’absence d’un centre d’aménagement linguistique l’université, à travers les départements de langue et de culture amazighes, soit pour tous, dans le domaine amazigh, l’autorité scientifique de référence.

Faut-il rappeler que c’est dans cet esprit que le MCB a pensé, revendiqué et imposé une vision de la réhabilitation qui s’appuie sur cette institution ?

Malheureusement, au lieu d’inspirer le politique et de préparer les conditions d’une prise de décision intelligente, l’université est appelée à pratiquer des résolutions contraires à la rationalité et à la raison, sous le prétexte de la primauté de l’idéologique sur le scientifique.

A cet effet, le développement de tamazight, au lieu d’être le produit d’un travail de recherche, de production et d’enseignement, est actuellement suspendu à un chantage malsain et provoquant :  » Transcrire tamazight avec les caractères arabes pour prétendre à un statut de langue officielle « 

Quelles réponses ?

Au moment où une fraction du pouvoir tente par des moyens déguisés de nous imposer une vision fermée du développement de tamazight, l’édifiant sur des considérations symboliques dégagées de tout processus d’évolution, nous répondons par des arguments constructifs, rationnels, sans objectif autre que celui de permettre une langue en mesure de servir la société et la république. Le débat, ainsi lancé, sera profitable non seulement pour tamazight mais aussi pour l’Algérie en tant que legs que nous laisserons pour nos enfants.

Ceci dit, s’il est important de réaffirmer notre attachement à la séparation des pouvoirs, à la différenciation du politique et du scientifique, il est temps d’assumer le débat idéologique quant à la question de la graphie car la vérité seule est capable de permettre un avenir de paix et de quiétude. La défensive, faite d’auto-censeurs et de colère refoulée et vers laquelle veulent nous acculer les promoteurs de l’immobilisme historique, est à contester avec force et résolution.

Pour entamer ce débat, il est utile, en premier lieu de clarifier notre position vis-à-vis des langues pratiquées en Algérie, sans nuances et sans hésitation aucune. D’ailleurs, la proposition d’une conférence nationale sur la situation linguistique, qui pourra s’achever avec l’élaboration d’une charte nationale des langues, nous semble indispensable pour permettre à l’Algérie une gestion intelligente de ses langues tant nationales et qu’étrangères.

Dans l’attente d’une telle initiative, qui tardera certainement à voir le jour, nous devons assurer que face à la langue arabe qui constitue l’un des fondements de notre personnalité nationale, nous n’avons en qualité de défenseurs et de producteurs de tamazight aucun complexe. Bien au contraire, comme langue porteuse de l’une des religions monolithiques, comme langue des lettres et des arts, nous lui portons tout le respect qu’elle mérite. Lire El Maâri, Nadjib Mahfoud, Nezzar Kebani est plus que du plaisir, c’est du délice pour l’âme.

Par contre, comme moyen utilisé pour légitimer la négation de tamazight et ensuite comme prétexte avancé actuellement pour bloquer son épanouissement, elle risque de subir les retombées néfastes de son instrumentalisation. La destruction de toutes les plaques portant des inscriptions en graphie arabe, durant les derniers événements de Kabylie doit nous éclairer sur les dérapages qui peuvent résulter de colères refoulées.

Avant d’examiner quelques arguments dits idéologiques des défenseurs de la transcription de tamazight avec les caractères arabes, il faut souligner quelques points :

1- Malgré les évolutions enregistrées dans son comportement, le Pouvoir refuse toujours de sortir de la logique de la confrontation et du rapport de force pour entamer une nouvelle relation avec la langue amazighe. Aussi, face à l’impératif de sa réhabilitation, il demeure sans volonté et sans conviction, lorsqu’il ne marchande pas son avenir sur la table du compromis avec l’islamisme.

2- La volonté de piéger le débat quant au choix de la graphie pour tamazight n’est pas propre au département de l’Education nationale, elle s’exprime à travers les actions d’autres institutions et même sur l’écran de la Télévision nationale. Durant les projections de l’émission intitulée  » tamurt-nne « , il est facile de constater que l’inscription en latin se fait en latin français à la place du latin amazigh qui se pratique à l’université, dans l’enseignement secondaire et moyen, mais autant dans le domaine de l’édition et autres. La nuance est de taille. Tout le monde sait que le latin amazigh, comme le latin russe, turc ou polonais, n’est pas le latin français, ni le français. L’émanation même de cette langue est venue très en retard par rapport à l’existence du latin dont beaucoup d’historiens affirment qu’il est d’origine nord-africaine. Ceci dit, il ne faut pas être un génie pour observer que la volonté de lier les caractères latins à la seule langue française vise à enclencher, le moment voulu, le conflit classique entre arabophones et francophones, un conflit qui écartera les intérêts de tamazight au grand bonheur de ses adversaires.

3 – Beaucoup d’opportunités de développement de tamazight sont gaspillées par ses propres défenseurs. En effet :

– Qu’est-ce qui empêche les Assemblées populaires des wilayas de Tizi-ouzou et de Bejaia —, pour ne citer que celles là de :

-Rédiger leurs rapports et leurs notes en tamazight.

-Instituer des fonds d’aide à la production littéraire en tamazight.

-Programmer des sessions spéciales avec un ordre du jour portant sur le développement de la langue et de la culture amazigh ?

– Avec une contribution de 200.000 DA chacune, les APC de Tizi-ouzou, au nombre de 68, dégageront 13.600.000 DA pour le soutien au livre amazigh. Qu’est-ce qui les empêche de le faire, mais aussi de recruter des licenciés en langue amazighe pour l’encadrement de leurs secrétariats, d’un coté, et pour permettre à cette langue d’être en contact avec l’univers administratif de l’autre ?

Revenons aux adversaires de l’utilisation des caractères latins comme graphie pour tamazight. Leurs arguments pour une transcription en arabe sont :

A- Les caractères arabes sont porteurs de la dimension islamique.

B- Les caractères arabes garantiront l‘adhésion sociale (populaire).

C- Les caractères arabes consolideront l’unité nationale.

A- Les caractèresarabes sont porteurs de la dimension islamique.

Cet argument avancé par quelques hommes politiques et autres est superficiel. Quelques interrogations sont utiles pour bien en juger.

– Lorsque des arabes chrétiens, juifs, marxistes ou athées écrivent en langue et en caractères arabes, est-ce que leurs écrits sont porteurs de la dimension islamique ?

– Lorsque le professeur Roger Garaudy et d’autres musulmans de France écrivent en langue française et en caractères latins, est-ce que leurs écrits sont porteurs de la dimension islamique ?

Si la réponse à la première question est négative, la réponse à la dernière est par contre positive. De ce qui précède nous déduirons que la forme ne conditionne pas toujours le contenu et que dans le cas précis qui nous intéresse, l’argument manque non seulement de justesse, mais aussi de sincérité.

Cela nous permet de toucher à la dimension éthique de ce débat. En effet, il faut reconnaître que les promoteurs de cette proposition n’ont aucun lien avec la revendication, la recherche, la production et l’apprentissage de la langue amazighe. Leur mobile, en abordant ce volet de l’aménagement de la langue, n’est pas de développer tamazight pour en faire un instrument de culture et de savoir mais de l’insérer comme élément indissociable d’un bloc identitaire fermé sur soi et incapable de tolérance. D’ailleurs, leur insistance suspecte sur la forme graphique, tout en négligeant superbement toute la production élaborée sur et en tamazight, renseigne sur leurs véritables intentions. Il y a en effet chez les partisans de la graphitisation de tamazight en arabe un sérieux problème avec la réalité. Leur refus de considérer tamazight comme une langue autonome motivée par ses propres ambitions et en mesure de vivre par et pour elle-même, les incite à imaginer des stratégies d’encerclement et d’intégration dignes de grandes manœuvres de la guerre froide. Leur mépris de la valeur intrinsèque de la langue amazighe les poussent à penser que faute d’une « arabisation symbolique de tamazight » il y’aura inévitablement sa « francisation ». Afin de concrétiser leurs desseins, ils n’hésitent pas à utiliser la religion, non pas comme une valeur spirituelle transcendante, universelle, mais comme un banal instrument pour justifier des positions d’ordre strictement politiques.

B- Les caractères arabes garantiront l‘adhésion sociale (populaire).

Cet argument nous transporte dans un passé qui n’est pas lointain. En effet, pour donner une assise populaire à son refus de reconnaître tamazight, le Pouvoir algérien a toujours évoqué l’hypothétique hostilité et colère des populations arabophones. Aujourd’hui, le même argument est utilisé, mais autrement.  » Si vous voulez que ces populations acceptent tamazight, il faut transcrire tamazight avec « leur graphie arabe et non pas à avec la graphie de votre choix, semble-t-on nous suggérer.

Cette vision découle plus de la conception ironique de Tamazight langue de tous les Algériens que de celle de Tamazight langue nationale. En étant en retard par rapport à l’évolution juridique du statut de tamazight, les porteurs de cette vision ambitionnent d’entraver le développement de tamazight en utilisant des moyens techniques imposés, comme par enchantement, par la grâce de la volonté populaire.

Pour s’assurer le soutien de cette population arabophone qu’on veut utiliser comme un moyen de pression, on n’hésite pas à confondre les caractères latins et la langue française, en faisant appel au passé colonial comme si la Kabylie est dépourvue de mémoire et a renié l’appel d’Ighil Imoula et la plateforme de la Soummam ! Cette façon de faire exprime un mépris inégalable de l’homme, de son intelligence et de son jugement.

C- Les caractères arabes consolideront l’unité nationale.

En quoi l’utilisation des caractères latins par Mouloud Mammeri dans ses cours à la fac centrale, par les enseignements des départements amazighs de Tizi-ouzou et de Bejaia mais aussi dans les lycées et les collèges, a-t-elle été une menace pour l’unité nationale ? N’est-ce pas le fait de vouloir tout imposer, de politiser à l’extrême même le plus banal des faits humains, de s’entêter contre tout entendement à vouloir arabiser, du moins symboliquement, la langue amazighe après avoir échoué dans l’arabisation des populations amazighes, qui pourront attenter à l’unité nationale ?

Il s’agit d’aimer ce pays, de respecter son peuple, d’être honnête avec soi en pratiquant la culture de la vérité, pour pouvoir aspirer à la paix et au bonheur de tous et de chacun.

Le latin est d’origine sémitique.

 » Pourquoi aller chercher par un long détour dans les caractères latins, empruntés au Phénicien, ce qu’elle peut prendre chez une autre langue sémitique, l’arabe « . Ce questionnement du Pr. Abderrezak Dourrari, directeur du centre pédagogique et linguistique d’enseignement de tamazight rattaché au ministère de l’Education nationale, à le louable mérite de nous éclairer sur deux points essentiels dans ce débat marqué par beaucoup de contre-vérités.

1- Les caractères latins sont d’origines phéniciennes, sémitiques, comme l’arabe, l’amazigh et l’hébreu, donc ils ne sont pas français.

2- Pour écrire leurs langues, les Occidentaux, sans complexe aucun, n’ont pas hésité a emprunter à l’Orient, à travers les Phéniciens, les caractères latins.

De l’information qui découle du premier point, nous nous rendons compte que dans le cas de tamazight, prise dans sa famille chamito-sémitique, il ne s’agit pas d’emprunt de caractères, mais de réappropriation de caractères de transcription. Le deuxième point nous renseigne sur le fait que l’emprunt n’est en rien un acte dévalorisant, bien au contraire, il participe à l’enrichissement de l’homme et peut permettre des développements insoupçonnables.

En parcourant les arguments des promoteurs des caractères arabes, il ne serait pas étonnant de les voir abandonner le navire de l’islam si demain les Occidentaux décident de son adoption. D’ailleurs, ne sommes-nous pas dans un moment historique marqué par un impératif choix à opérer : être un adepte du choc ou du dialogue des civilisations ? Si les intégristes de toutes les religions et de toutes les identités poussent consciemment ou inconsciemment à la confrontation et à la dérive en favorisant un renfermement sur soi pensé comme un moyen de cristallisation interne, les démocrates sont, eux, partisans de l’acceptation de l’autre sans négation de soi-même. En effet, partager avec les autres peuples du monde les caractères latins, comme patrimoine universel, sans charge autre que celle du contenu de la langue qu’il porte, c’est faire preuve de sincérité quand à la face de l’humanité : nous affirmons notre ouverture et notre acceptation de l’autre. Il s’agit de regarder dans le miroir de son cœur et de son âme pour réaliser que nous sommes capables de personnalité et de culture.

Proposition en guise de conclusion.

Aujourd’hui, la solution pour tamazight réside dans l’institution d’un centre national d’aménagement linguistique. Pour y aboutir, il s’agit de rentabiliser d’une manière optimale le processus de la réhabilitation institutionnelle entamé depuis janvier 1990. Cette expérience, féconde à plus d’un titre, ne doit en aucun cas subir les décisions conjoncturelles.

Une rencontre regroupant le Haut Commissariat à l’Amazighité, les départements de langue et de culture amazighes de Tizi-ouzou et de Bejaia, le centre national pédagogique et linguistique d’enseignement de tamazight, l’association des enseignants de tamazight, les enseignants exerçant au niveau de l’INALCO et les praticiens, peut être le cadre approprié pour débattre de ce projet.

Cette rencontre aura à décider de l’installation d’un groupe de réflexion qui va travailler sur les missions, l’organisation et le fonctionnement du centre d’aménagement linguistique.

Cette institution que les pouvoirs publics auront à installer officiellement et à rattacher au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique doit travailler à garantir un avenir radieux pour tamazight et non pas servir de « bras scientifiques » à des décisions politiques sans aucune portée historique.

Dans le prolongement de ces journées d’études autour de la graphie, l’association des enseignants de tamazight de la wilaya de Tizi-ouzou, — ouverte aux autres wilayas — en collaboration avec des associations culturelles et scientifiques, peut prendre l’initiative d’appeler à ce regroupement.

*Ecrivain

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