Trop attachant, trop militant !

Partager

Même si leur passage dans ce bas monde a été court, il y a de ces êtres qui demeurent vivants et éternels, des êtres qui ne peuvent être oubliés.

C’est le cas du militant de la cause berbère Nour Ould Amara. Il y a sept années, le 20 septembre 2011, Nour nous quittait. Il était parmi les premiers enseignants de Tamazight, de la fameuse promotion «Mouloud Mammeri», avec les défunts Aït Mohand Ferhat décédé en 2014, Chelmouni Ferhat décédé en 2013 et Naïma décédée également fin 2000. Tous décédés du même mal ! Nour était né le 10 septembre 1968 au village Koukou, dans la commune d’Aït Yahia, daïra de Aïn El Hammam. Il entama sa scolarisation à l’école primaire de Koukou en 1974 passant par le CEM d’Aït Hichem et le lycée Ben Boulaïd d’Aïn El Hammam où il obtint son Baccalauréat pour, ensuite, intégrer l’éducation nationale. Il enseigna la langue arabe à Iflissen et dans d’autres établissements avant d’atterrir au CEM d’Aït Hichem. À partir de 1989, il devint membre de l’association «Si Mohand Ou M’hand» d’Aïn El Hammam. Entre 1995 et 2000, il enseigna Tamazight au CEM d’Aït Hichem, après avoir suivi une formation à l’université de Ben Aknoun. Une formation de «21 jours» comme l’avait souligné un jour une enseignante «universitaire», qui avait oublié que Nour et ses collègues n’étaient pas seulement des enseignants mais les précurseurs de l’enseignement officiel de Tamazight. Nour était l’un des membres les plus actifs de l’association des enseignants de Tamazight de Tizi-Ouzou, jusqu’à son départ en France en 2000. Il activa au journal l’Hebdo N’tmurt comme correspondant et également comme animateur à Berbère Télévision. C’est durant cette période qu’il a conquis les téléspectateurs de BRTV. Il était l’un des animateurs les plus estimés et les plus suivis sur cette chaîne pour le fait qu’il dispensait des cours en Tamazight. C’était l’animateur pour qui les portes de tous les foyers amazighs étaient ouvertes. Il était et est l’éducateur de la langue amazighe le plus suivi et le plus aimé par tous les amazighs de tout âge et des deux sexes. Dans la même chaîne de télévision, il était l’auteur de l’adaptation de la série scientifique «Ce n’est pas sorcier» en kabyle : «Maççi d adrar». De 2003 à 2011, il a occupé le poste de président de l’association Maison amazighe de Saint Denis. Décédé à Paris le 20 septembre 2011, à l’âge de 43 ans des suites d’une maladie, Nour était un exemple de dévouement et d’abnégation, un homme totalement engagé pour sa langue et sa culture berbères. Ses hautes qualités humaines ont fait de lui un homme hors du commun, celui du militant au parcours riche et historique qui a consacré sa vie pour l’identité berbère. Il était l’un des piliers de la culture amazighe. Aujourd’hui qu’il n’est plus là il est encore plus que jamais dans les cœurs. Il nous a quittés au bout d’une longue et terrible maladie, mais la population de Kabylie, particulièrement le corps enseignant de langue amazighe, lui reconnaît ses prouesses pédagogiques et sa touche, par lesquelles il s’est distingué dans l’animation du cours télévisuel quotidien diffusé sur Berbère Télévision. Ceux qui l’ont connu, côtoyé et aimé, font de leur mieux pour poursuivre le combat de ce militant infatigable qui a tout donné pour la pérennisation de l’identité berbère. Cela est avant tout un devoir de mémoire pour cette personnalité de savoir. Nour, à l’instar des autres monuments de la culture kabyle, n’a ménagé aucun effort pour la revendication et la promotion de la langue amazighe. Ses efforts resteront à jamais gravés dans les mémoires. Son dernier message sur Facebook était : «Tamazight, Tamazight, Tamazight, Ar tufat a yimeddukkal».

M. A. B.

Partager