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Tizi-Ouzou : Idh n’uselkem présentée au théâtre régional Kateb Yacine

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«Ô nuit comme tu es longue ! Ô vie comme tu es courte ! Pourquoi santé as-tu laissé ce que vieillesse a fait de moi? Mon cœur est terriblement mal en point!». Ce couplet de la chanson est le début et la fin de la pièce de théâtre «Idh N’Uselkem» ou (La nuit de l’exécution) du théâtre régional d’El Eulma, du metteur en scène Sofiane Attia, qui s’est produit au théâtre régional Kateb Yacine, dans l’après-midi du jeudi 15 Novembre 2018, vers 14 h 30. Idh N’Uselkem, une pièce théâtrale pour adultes, d’une durée d’une heure et dix minutes, s’est produite devant une assistance assez nombreuse, en dépit du froid et de la pluie. La pièce se déroule entièrement dans une cellule de prison au décor très sobre : des ficelles en guise de barreaux, un lavabo, une chaise, un lit et où évoluent quatre comédiens. Le rôle du geôlier est admirablement joué par Malik Fellag. Celui du condamné à mort est assuré à merveille par Idriss Bencharnine. Deux autres comédiens, en l’occurrence Hamza Machemache dans le rôle d’un autre geôlier et du chanteur pour illustrer par quelques vers bien choisis la situation émouvante dans laquelle se trouvent les deux hommes : le condamné et le geôlier. Le guitariste (Abbes Talbi) ajoute quelques notes de tristesse à ces tableaux déjà dramatiques. Tout a commencé par la perte du fils âgé de quatre ans au niveau de l’ancienne gare. Son père suivait des yeux une femme qui a de nombreuses ressemblances avec sa défunte épouse. Ils se sont perdus de vue. Le gosse a grandi, la nuit de noces du fils, un autre drame lui arrive. Un homme porte atteinte à l’honneur de la mariée. En voulant se venger, il tue un autre homme par erreur et la justice le condamne à mort sans pour autant approfondir l’enquête et avoir un complément d’information sur ce meurtre. Les circonstances atténuantes sont exclues. Le violeur reste en liberté sans être inquiété et sans se faire de remords pour se constituer prisonnier et sauver le fils dont la terrible sentence est déjà tombée. «Il est condamné à mort par erreur». Cette nuit fut la plus longue. Le geôlier raconte au prisonnier comment il avait perdu son fils à cause d’une femme : «Elle ressemblait terriblement à ma femme que j’avais perdue et que j’aimais. Il m’appelait et en allant traverser la route, je fus fauché par un camion. J’étais évanoui et en me réveillant à l’hôpital, je n’ai plus revu mon fils. Etait-il mort ? Je n’en savais rien !». Le prisonnier écoutait avec intérêt tout en s’approchant du gardien. Il lui raconte à son tour sa triste mésaventure. «Mon père me tenait par la main puis m’avait lâché. Nous nous sommes perdus dans la foule et depuis, plus rien. Le prisonnier montre des anciennes taches sur son épaule en restant torse nu, ce fut la preuve qui indique au père que le prisonnier est le fils du geôlier. Ce moment des retrouvailles et de reconnaissance fut d’une grande et intense émotion : ils se serraient l’un l’autre les yeux imbibés de larmes. C’est le moment le plus fort de la pièce. Silencieuse au départ, la salle répondit par la suite, par un tonnerre d’applaudissements. Le geôlier, à son tour, appelle Jugurtha pour libérer son fils. «Non je serai exécuté à ta place mon fils, j’étais un mauvais père, je n’avais pas cherché après toi… !» Le prisonnier lui rétorque : «Non, j’ai tué, je suis un criminel, je dois payer !». L’heure de l’exécution arrive. La chair de poule parcourt les corps des présents. En sortant de la cellule, le fils dit à son père : «Adieu mon père, homme qui a tué mon père !» La pièce s’est achevée comme elle avait commencé par une chanson chantée d’une voix forte, à pleins poumons, qui résonnait dans la salle silencieuse. Un cri de désespoir englobant l’injustice, la violence sous toutes ses formes, la santé qui s’en va laissant place à cette vieillesse impuissante. Dans la salle, c’est l’ovation à la surprise des comédiens qui se sentaient revigorés. La pièce sera jouée aussi à Bordj Bou Arreridj, Sétif, Guelma, Constantine, El Eulma. A partir du 3 décembre, au 8 décembre, une tournée à l’Ouest, à Alger au TNA. La pièce participera au festival national du théâtre amazigh à Batna le 9 décembre 2018.

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M A Tadjer.

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