Accueil Entretien «Nous voulons réhabiliter l’acte politique»

DJAMEL BAHLOUL, tête de liste FFS à Bouira : «Nous voulons réhabiliter l’acte politique»

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Le tête de liste FFS à Bouira, Djamel Bahloul, revient dans cet entretien sur les grandes lignes du programme politique de son parti pour les élections à l’échelle locale et nationale.

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La Dépêche de Kabylie: Si vous voulez bien vous présenter…

Djamel Bahloul : Je suis militant au FFS depuis 1998, auparavant militant du MCB. Déjà lorsque nous étions au lycée Ben Badis de M’Chedallah, nous avions créé le premier noyau du MCB et nous avons participés à l’organisation de la marche du 25 janvier 1990. Ensuite à l’université, on a adhéré au mouvement estudiantin dans le cadre des comités autonomes de l’université Mouloud Mammeri, notamment à la faculté de droit de Tizi-Ouzou.

J’ai toujours été impliqué dans le mouvement estudiantin et je suis aussi militant de la ligue algérienne des droits de l’Homme et d’Amnesty International. Dans les années 1994 et 1995, j’étais animateur du MCB commission nationale et j’ai d’ailleurs assisté à toutes les réunions du MCB commission nationale durant l’année du boycott.

J’ai même été animateur lors de la dernière conférence organisée par le MCB commission nationale en août 95 à la maison de la culture Mouloud Mammeri, où on a levé solennellement et officiellement l’arrêt du boycott parce que à la commission nationale à l’époque, même si il y a eu les accords du 22, nous avons dénoncé et lancé un appel aux étudiants, aux parents d’élèves et à tous les citoyens qui ont participé au boycott scolaire et de continuer le boycott jusqu’à une décision finale.

En 1998, après l’assassinat de Matoub et en 1999 avec la candidature de Si El Hocine, on a décidé un groupe d’anciens militants du MCB de Bouira, à leur tête le défunt Gaci Nadjib, on a décidé de rejoindre massivement le FFS et depuis on est militants au FFS. J’ai eu à assumer plusieurs responsabilités au niveau local, fédéral et national.

En 2000 et 2001, notamment au début du mouvement citoyen lors de la répression et de l’assassinat de jeunes, j’ai pris mes responsabilités, j’ai quitté l’université de Béjaïa pour être aux côtés de mes concitoyens à Chorfa où l’on a pu éviter un carnage car les gendarmes tiraient à balles explosives sur les jeunes manifestants.

D’ailleurs, nous avons eu à déplorer l’assassinat d’un jeune et dix autres blessés par balles à Chorfa. Nous avons évité que les manipulateurs fassent une révolution avec des écoliers et nous avons réitéré que le changement doit voir l’implication de toute la société.

Après avoir constaté le déraillement du mouvement citoyen, nous avons quitté ce mouvement, notamment suite à l’appel de Si El Hocine quand il a qualifié les Aârouchs de «moukhabarates» et le FFS a choisi de militer pour une dissidence citoyenne. Nous avions boycotté à l’époque les élections législatives de 2002, mais on a choisi d’être présents aux élections locales pour justement créer cette dynamique nationale et j’ai été élu sur la liste APW pour le mandat de 2002 à 2007.

J’ai essayé de faire un mandat politique, de défendre le projet du FFS et le vulgariser, et c’est ainsi que j’ai rejoint la direction nationale du FFS depuis jusqu’à maintenant en assumant des responsabilités, comme secrétaire national à la jeunesse, secrétaire national à l’animation politique, aux affaires maghrébines et aux relations internationales à l’intérieur du parti. Voici en gros mon parcours de militant entamé dès mon jeune âge.

Comment comptez-vous susciter une large adhésion autour de votre liste et inciter les citoyens à aller voter ?

D’abord pour notre liste à Bouira, le FFS a une chance car nous présentons une liste de jeunes compétences, de militants, d’universitaires, propres qui ont une expérience sur le terrain des luttes et de l’expérience dans leur domaine professionnel respectif. Je peux dire que c’est l’une des listes les plus crédibles et propres.

Puis, il y a la réalité du terrain. Le pouvoir fait tout pour que les Algériens démissionnent de la chose politique et des affaires de la cité. Pour susciter l’intérêt des citoyens à participer, notre discours est simple et vrai et c’est un discours politique fort et mobilisateur. Nous voulons réhabiliter l’acte politique en rendant espoir aux citoyens. Nous entrons dans cette campagne pour faire émerger le discours du FFS et vulgariser le projet politique du FFS qui est un projet porteur d’espoir et de réconciliation.

Un projet qui vise à réunir tous les Algériens pour construire un État de droit, un État démocratique, un État social tel que rêvés par les martyrs de la révolution et les fondateurs du FFS. Nous rentrons dans ces élections pour reconstruire le parti aussi, pour reconstruire le consensus national qui était cassé. Le consensus construit par nos ancêtres le 1er novembre 54, consolidé par la plate-forme de la Soummam et le congrès de la Soummam en 56.

Ce consensus qui a été brisé par les décideurs, par le clan d’Oujda après l’indépendance, nous voulons le reconstruire. D’ailleurs, l’initiative du FFS depuis le congrès de 2013 c’est la reconstruction du consensus national et nous entrons dans cette élection avec comme slogan «reconstruire le consensus national et populaire».

Parce qu’après notre expérience, construire un consensus avec les partis politiques, la société civile, les personnalités politiques, ce consensus doit être imposé par la population, d’où le terme consensus national et populaire parce que le peuple peut imposer sa volonté. Nous devons préparer le terrain pour la 2ème république et pour une constitution consensuelle qui émerge de la volonté du peuple. Le deuxième slogan de cette campagne est «exclure l’exclusion», car tous les Algériens doivent s’impliquer pour construire leur État.

Nous, au FFS, quand on dit on est un parti d’opposition mais on s’oppose au régime, au système politique, on ne s’oppose pas à l’État, et là beaucoup de politiciens font un amalgame entre État et pouvoir. L’État est notre État et il appartient au peuple. Il appartient aux Algériens et la décision revient au peuple.

Le système politique ou le pouvoir politique c’est une élite politique défaillante. Donc, quand on dit que nous sommes un parti d’opposition, on s’oppose à cette élite politique défaillante qui a conduit le pays à la faillite depuis l’indépendance à ce jour. Au FFS, on rentre dans cette élection pour éveiller nos citoyens et les préparer à s’organiser et organiser un changement.

Un changement profitable au peuple algérien pour la construction d’un État de droit et démocratique, pas un changement profitable à une oligarchie ou un clan ou à une région. Le changement doit profiter au peuple.

Pensez-vous que c’est pour le FFS, le parti que vous représentez, ou pour vos propres compétences que les citoyens vous choisiront ?

Je pense que c’est pour les deux. On ne peut pas séparer le FFS et Djamel Bahloul et ses compétences. Qui dit Djamel Bahloul dit FFS. Djamel Bahloul est un militant du FFS qui a fait l’école politique du FFS et son parcours politique au sein du FFS. Si Djamel Bahloul aujourd’hui a la confiance du FFS c’est parce qu’il a certaines qualités : il est militant et n’a pas été parachuté.

Les citoyens me connaissent en tant qu’enseignant à l’université, militant des droits de l’Homme, militant des causes justes d’une manière générale mais mon nom est associé et intimement lié au FFS. Je ne demande pas aux citoyens d’élire Djamel Bahloul mais d’élire la liste du FFS et de nous accorder leur confiance. Nous avons un très grand héritage de Si El Hocine et des anciens. Alors, on doit être à la hauteur.

On n’a pas le droit de dévier, on n’a pas le droit de changer, on n’a pas le droit de trahir ni de baisser les bras, on est militants engagés sur le terrain. Au FFS, on ne fait pas de la politique saisonnière en attendant les élections. Notre place est dans la société, en nous impliquant dans les luttes quotidiennes des Algériens.

Qu’est-ce qui vous différencie des autres candidats ?

Ce qui nous différencie des autres c’est que nous sommes des militants convaincus. Nous n’avons pas adhéré à la politique pour être député, ni pour être élu. Notre adhésion se voulait dans un but de changement et de contribuer à la construction d’un État de droit et d’un État démocratique pour lutter quotidiennement aux côtés des citoyens pour arracher les droits des citoyens algériens et arriver à la construction d’une vraie citoyenneté.

La politique pour nous c’est un serment de continuer le combat des martyrs de la révolution qui se sont sacrifié pour la libération du pays. Avec l’entêtement du pouvoir et de nos dirigeants, on a raté plusieurs occasions pour mener l’Algérie sur la voie démocratique, sur la voie de la construction d’un État maghrébin fort qui sera leader en Afrique du nord et dans le bassin Méditerranéen d’une manière générale. Notre différence avec les autres candidats c’est notre engagement et notre militantisme au quotidien.

En plus, nous, candidats du FFS, on n’est jamais impliqués dans des affaires de magouille, de corruption ou de mauvaises gestions. On est propres, engagés, militants des causes justes pour aider l’Algérie à sortir de la crise et du statu quo.

Un engagement vis-à-vis de vos électeurs si vous accédez au Parlement ?

Hier, j’étais militant, aujourd’hui je suis militant et demain je serais militant. Notre engagement c’est d’être en permanence avec les citoyens. On ne part pas au Parlement pour bénéficier de privilèges mais nous y allons pour être porte-parole des opprimés, porte-parole des citoyens, des militants, des syndicalistes, de la jeunesse, des chômeurs, des fellahs, des forces du changement…

Le parlement c’est le prolongement de notre combat sur le terrain et nous allons essayer de traduire toutes ces revendications, toute cette dynamique qui est dans la société, au niveau de cette institution.

Nous sommes conscients que le Parlement algérien avec sa composante actuelle, avec les prérogatives arrêtées soit par la constitution ou ses règlements intérieurs ne permettent pas aux partis d’opposition et groupes parlementaires qui n’ont pas la majorité de faire valoir leurs projets, mais nous allons tous faire au FFS car nous avons dit que le Parlement tel qu’il est, avec sa composante et ses prérogatives, est en train d’exercer un terrorisme législatif sur les Algériens.

Nous, nous allons résister, nous allons dénoncer, nous allons divulguer les complots et nous allons tout faire pour préserver les acquis sociaux et démocratiques des Algériens et tenter de les consolider en étant présents aux côtés des citoyens. Aussi, on se présente comme liste FFS à Bouira et notre engagement c’est d’accompagner le développement local au niveau de notre wilaya.

Si nous avons la confiance des citoyens, nous nous engageons à les aider pour débloquer la situation et aussi accompagner le développement local, les élus locaux et nous nous engageons en tant que militants et en tant que parlementaires, si on a la confiance de nos citoyens, à accompagner les élus dans leurs démarches pour la dynamique de développement local et là où y a un problème, on intervient dans les mesures du possible. Nous épaulerons les élus au niveau local.

On ne doit pas nous conduire dans le plagiat des révolutions. Nous voulons une transition pacifique pour arriver à ce changement. On veut préserver nos citoyens, notre État mais changer le système. Le grand défi pour nous, militants du FFS, est comment construire un État démocratique ? Comment consolider les acquis sociaux et les acquis démocratiques et préserver l’État et changer le système, changer le régime, transiter vers une transition démocratique qui permettra à l’Algérie de passer sous la voie de la sérénité d’un État social et de droit ?

Entretien réalisé par

Hafidh Bessaoudi

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