Quel rôle pour le jeune algérien dans l’action locale ?

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Cent cinquante jeunes de quatre pays se sont réunis avant-hier et hier à Tichy, sur la côte-est de Béjaïa pour un séminaire portant sur «L’action locale, concertation et démocratie participative au service de la jeunesse». C’est la deuxième édition du séminaire après celle de 2015. L’objectif est justement de «mettre en action les recommandations de la première rencontre réparties sur quatre piliers et ateliers d’échange», explique Mouloud Salhi, président de l’ECA et maire d’Akbou. Ce programme qui est «conçu avec et pour la jeunesse» fait partie, ajoute-t-on, «du PCPA (Programme Global Concerté Pluri-Acteurs de Joussour (Ponts)) co-financé par l’Union Européenne et mis en œuvre depuis 2007». Abondant dans ce sens, M. George Morin, président du groupe Cités-unies-France, estime que l’un de ces ponts «est déjà construit». Le programme en question a permis, selon M. Morin, au rapprochement de huit villes (algériennes et françaises) à travers des jumelages. Il s’agit notamment de la ville de Bouzeguène avec Aubervilliers, El Khroub avec Mulhouse, Tichy avec Epinay-sur-Seine et, en perspective, le jumelage de Biskra avec la communauté des communes de la vallée du L’Hérault. Organisé conjointement par l’association Etoile Culturelle d’Akbou (ECA) et Cités-unies-France, l’événement, qui s’est déroulé à l’hôtel Club Alloui, a vu la participation de plusieurs élus locaux, de cadres associatifs et d’autres personnalités venues de divers horizons. «C’est une fierté pour Tichy d’abriter de tels événements», dira Aissani Hamid dans son allocution, lors de l’ouverture de cette rencontre internationale. 20 communes de 12 willayas ont pris part à ce «regroupement de jeunes», «c’est très important de réussir cette rencontre, vu notamment les défis sur lesquels ce projet est basé», estime M. Salhi. Outre l’Algérie, trois autres pays étaient représentés par des élus locaux et des cadres du mouvement associatif, il s’agit de la France, de la Tunisie et du Maroc. «C’est l’un des espaces rares qui permettent à notre jeunesse de différents univers de se rencontrer, se concerter, se projeter dans l’avenir et aspirer à un meilleur accompagnement dans l’action locale», nous avoue un représentant de la délégation marocaine. Cette rencontre est parrainée par M. Mheni Hadaddou, P/APW de Béjaïa. «Le seul conseil de willaya pour les jeunes du pays sera incessamment lancé dans l’enceinte de l’APW de Béjaïa et ce sera notre fierté», s’est réjoui M. Hadaddou, à l’ouverture de cette rencontre internationale. Pour les CCJ (Conseils Communaux des Jeunes), ils constituent, selon M. Salhi, l’un des réseaux qui permettront à la jeunesse de participer à la gestion locale. De ce fait, 50 CCJ sont mis en œuvre en Algérie, un nombre estimé «minime par apport au besoin de notre jeunesse», ajoute-t-on. Sur le même sillage, M. Arar, président du réseau NADA de défense des droits de l’enfant, regrettera «le faible taux de représentativité de la jeunesse» dans le tissu associatif en Algérie, «14% seulement des 1 300 associations nationales représentent la jeunesse», précise-t-il. Il existe, ajoute-t-il, «100 000 associations qui n’ont pas malheureusement d’ancrage en réalité». Ceci reflète, selon lui, le vécu du jeune algérien qui se retrouve «abandonné» et livré à lui-même, «le phénomène des haragas, la violence, le banditisme… sont les conséquences de ce manque d’espace où le jeune peut s’épanouir», ajoutera-t-il. Mettant «le cap» sur la situation que vit actuellement la région méditerranéenne, M. Morin estimera de son côté que le contexte méditerranéen est «très compliqué». «Si notre travail se fait dans l’objectif de relier le nord au le sud, il n’en demeure pas moins que l’est et l’ouest doivent aussi être reliés», ajoutera-t-il, faisant allusion à la défaillance du projet de l’Union du Maghreb. «L’Algérie, la Tunisie et le Maroc peuvent rapprocher plus de 100 millions d’habitants», regrette-t-il, tout en évoquant la montée «des forces obscurantistes» en Europe. «En Espagne, à Séville précisément, un parti fasciste est au pouvoir. Et c’est justement à travers ces espaces qu’on peut faire barrage à ces forces du mal qui prônent la haine», ajoutera le natif de Constantine, lors de sa prise de parole lors d’une séance d’ouverture organisée au niveau de la salle des conférences de l’hôtel. Par ailleurs, quatre ateliers d’échange ont été organisés à l’issue de cette rencontre. Le premier atelier, animé hier matin par le professeur universitaire Azzedine Aissaoui, avait pour thème «La démocratie participative, participation des citoyens à la vie locale». Le deuxième atelier a travaillé sur «La mise en réseau» de tous ces mécanismes d’accompagnement, animé par George Morin. Quant au troisième atelier, l’animateur Djamel Benia de l’ADICE s’est focalisé sur «Le volontariat et la mobilité des jeunes». Le dernier atelier était consacré, par le CLI d’Aubervilliers et le CCJ de Bouzeguène, au thème «Jeunesse, de l’engagement à la coopération sur les deux rives». Ces ateliers seront, selon le président de l’ECA, restitués et mis en perspective.

Menad Chalal

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