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Béjaïa - Déclin des surfaces cultivables, sécheresse… : Menaces sur la culture de la figue

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La culture de la figue à travers les localités de la wilaya de Bgayet file un mauvais coton. Depuis quelques décennies déjà, la filière a amorcé un déclin inéluctable.

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Les parcours dédiés à ce fruit du terroir se rétrécissent inexorablement sous le double effet d’un climat de plus en plus aride et d’un délaissement par leurs propriétaires. L’image des vergers verdoyants, lourdement lestés de fruits chamarrés, n’est plus qu’un vieux souvenir. Le contraste avec le panorama de désolation qui se décline aujourd’hui, est saisissant.

Même les vergers situés en altitude, où prévalent des conditions d’hygrométrie et de température moins hostiles sont passablement impactés. En effet, que ce soit sur les collines d’Ighram, de Chellata ou sur les buttes d’Ath Djellil et les montagnes d’Ouzellaguen, l’état des vergers ne prête pas à optimisme. Il augure plutôt de lendemains incertains.

«Au cours des années 70 et même jusqu’à la fin des années 80, les récoltes étaient si abondantes que nous arrivions à placer l’excédent de figues sèches sur le marché local. De nos jours, presque personne n’arrive plus à couvrir les besoins de sa propre famille en figues fraiches», dira sur une pointe d’amertume teintée de nostalgie, un sexagénaire d’Ighzer Amokrane.

Ironie du sort, la mercuriale de la figue a pulvérisé tous les records, détrônant même les fruits exotiques d’importation. Pour cet agriculteur de la région d’Ath M’likèche sur les hauteurs de Tazmalt, si la filière végète au ras des pâquerettes, cela est largement imputable au désinvestissement progressif et à la désaffection dont elle est victime.

«Les paysans d’antan bichonnaient leurs figuiers à longueur d’année, par la taille, l’arrosage, l’apport de fertilisants qui boostaient les sols…Tous ces travaux d’entretien sont aujourd’hui tombés aux oubliettes», constate-t-il. Par ailleurs, l’occurrence de l’avortement qui épouse des contours alarmants, n’est pas sans instiller une dose d’inquiétude chez les gens de la terre.

Le recours au caprifiguier (figuier mâle), pour assurer la pollinisation, est une pratique qui se perd. «Le caprifiguier a pratiquement déserté nos vergers. Les gens ignorent jusqu’à son utilité. Pourtant, la chute massive des fruits avant maturité, est la conséquence directe de l’absence de pollinisation», relève un citoyen d’Amalou, sur la rive droite de la Soummam.

Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, la figue est un fruit exceptionnel, car…il n’en est pas un! Il s’agit en fait, d’une bourse à l’intérieur de laquelle se développent des fleurs femelles et mâles, mais la pollinisation des unes par les autres est impossible. Seules les figues des sujets femelles, polonisées par une sorte de guêpe (blastophage) qui vit à l’intérieur de la capsule, et seulement par elle, donnent des «fruits» comestibles.

Dans les plaines de la vallée de la Soummam, en dehors de quelques rares périmètres irrigués, les vergers dépérissement au fil des ans. Des centaines de spécimens meurent sous le regard impuissant de leurs propriétaires. Il faut, à l’évidence, des efforts homériques pour prémunir les vergers contre les aléas du climat, les préserver des incendies et les pérenniser, comme l’ont fait nos aïeux. Un sacré défi et un gros sacrifice que peu de gens sont prêts à consentir.

N. Maouche

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