Le projet prend forme!

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Un appel d’offres national pour l’étude et la réalisation d’une station de dessalement de l’eau de mer, projetée sur la côte Ouest de Béjaïa, sera lancé d’ici une quinzaine de jours, a affirmé, avant-hier, Smaïl Amirouche, le DG de l’ADE.

C’était lors d’une visite de travail et d’inspection dans la région, en compagnie d’un responsable national de l’ONA et d’une délégation du ministère des Ressources en eau, composée de quatre directeurs centraux. «D’ici quinze jours, nous procèderons au lancement d’un appel d’offres national pour l’étude et la réalisation de la station de dessalement de l’eau de mer d’une capacité de 50 000 m3/j extensible à 100 000 m3/j. Il s’agit du premier projet du genre à être réalisé par une entreprise algérienne et avec un financement du trésor public», a déclaré ce responsable sur le site choisi pour l’implantation de ce projet, situé à Tighremt, relevant de la commune de Toudja.

En effet, les onze stations de dessalement de l’eau de mer existantes sur le territoire national ont été réalisées, souligne-t-il, par des investisseurs étrangers, qui vendent ensuite l’eau produite à l’ADE. Le site retenu pour recevoir la station de dessalement s’étale sur une superficie de 7 hectares et relève du domaine forestier. Un responsable de la conservation des forêts de Béjaïa, présent sur les lieux, a annoncé que les procédures de déclassement du site choisi seront entamées très prochainement.

Un montant de l’ordre de 12 milliards de dinars a été alloué par le trésor public pour la réalisation de ce projet, «entrant dans le cadre du renforcement et de la sécurisation de l’approvisionnement de la wilaya de Béjaïa en eau, notamment les communes de la côte Ouest», a précisé le directeur général de l’ADE. Pour rappel, en février dernier, le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, en visite de travail et d’inspection dans la wilaya, fut interpellé par les autorités locales sur le problème d’approvisionnement des communes de la côte Ouest de Bejaia en eau potable. Il avait annoncé qu’une réflexion allait être lancée par son département pour se fixer sur la solution idéale. Il s’agissait de choisir entre la réalisation d’un barrage d’eau et celle d’une station de dessalement de l’eau de mer.

Les conclusions techniques de cette réflexion ont donc recommandé la deuxième solution. Les communes et localités concernées par l’alimentation en eau potable à partir de cette station de dessalement sont Beni Ksila, Adekar, Taourirt Ighil, Tifra, la partie nord de Toudja, Saket, Boulimat, la ville de Béjaïa et les deux nouveaux pôles urbains d’Oued Ghir et de Sidi Boudrahem, a informé le directeur de l’ADE de Béjaïa. La majorité de ces régions sont approvisionnées par le système de forage. Seule la ville de Bejaia est alimentée à partir du barrage Tichy Haf et la source bleue (L’Ainceur azegza).

A noter que l’étude de préfaisabilité de ce projet a été confiée au Laboratoire des études maritimes (LEM). Cette étude s’est articulée sur cinq missions : la collecte de données de base, l’étude océanographiques, les levées topographiques et bathymétriques, ainsi que les études en modèle numérique et analyse sédimentologie, impact sur l’environnement et géotechnique. «Les résultats de l’étude de préfaisabilité sont très satisfaisants», a rassuré le responsable local de l’ADE.

16 milliards pour l’aménagement de l’oued Agrioune

La délégation ministérielle s’est également rendue dans la commune de Darguina, afin d’y lancer une étude d’aménagement de l’oued Agrioune et de protection de la conduite d’eau potable qui alimente les communes de l’Est de la wilaya et la ville de Béjaïa à partir de l’Aïnceur Azegza (Source bleue). Cette canalisation en acier longe l’oued Agrioune et, à certains endroits, se retrouve carrément sur le lit de la rivière. En cas de crues de l’oued, la conduite risque d’être abimée. Pire, le directeur de l’hydraulique avertit sur le danger de contamination de l’eau à cause de la pollution du cours d’eau par les eaux usées.

«Nous sommes devant un double risque. D’abord, la conduite, en acier, est exposée à la détérioration et à la destruction en cas de crues. Ensuite, ce qui est plus grave, l’oued Agrioune est devenu un déversoir des eaux usées, ce qui peut entraîner la contamination de l’eau potable en cas de fuite», s’est alarmé le directeur de wilaya de l’hydraulique, M. Hammama. L’aménagement de l’oued Agerioune prévoit des travaux de reprofilage et de recalibrage, l’enrochement et le bétonnage des berges, ainsi que la réalisation des endiguements sur 1 500 mètres. Les régions concernées par ces travaux sont Kherrata, Derguina, Souk El Tenine et Melbou. Le montant total de ces travaux est de l’ordre de 16 milliards de dinars, a affirmé le directeur de l’ADE de Béjaïa, qui a proposé de remplacer la conduite en acier par une autre en PEHD (polyéthylènes haute densité).

Des projets de STEP à pas de tortue

Par ailleurs, les hôtes de la wilaya de Béjaïa, accompagnés du wali Mohamed Maabed, du P/APW, M’henni Haddadou et des directeurs de l’exécutif se sont déplacés dans la vallée de la Soummam pour s’enquérir des travaux de réalisation de deux stations d’épuration des eaux usées. Les travaux de ces deux projets sont à la traîne. La première station, d’un débit de 16 000 m3/jour est projetée au niveau de la commune d’Akbou. Le montant financier alloué pour sa réalisation avoisine les 200 milliards de centimes. Le marché avait été attribué initialement à une entreprise algéro-espagnole.

Celle-ci s’est vue résilier son contrat à cause du grand retard accusé dans les travaux. L’Office national d’assainissement, le maître d’ouvrage, a désigné l’entreprise nationale FOREMYD «pour achever le reste des travaux dans un délai bien étudié», a affirmé le directeur de l’ONA. Le taux actuel d’avancement des travaux a atteint les 47%. L’autre station d’épuration des eaux usées, d’un débit journalier de 10 000 m3/jour, est en cours de réalisation dans la commune de Sidi Aïch. Ce deuxième projet est doté d’une autorisation de programme de l’ordre de 155 milliards de centimes. Les travaux connaissent également un retard, n’ayant pas dépassé les 35%.

Le wali de Béjaïa a vivement insisté auprès des entreprises réalisatrices sur la nécessité d’accélérer la cadence des travaux, afin de réceptionner la station d’ici la fin du premier trimestre 2019. Un double objectif est assigné à ces deux stations, selon les explications du directeur de l’ONA de Béjaïa. Il s’agit, en premier lieu, de protéger la nappe phréatique de la rive de la Soummam et, ensuite, de réutiliser les eaux épurées dans l’agriculture.

Boualem S.

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