La filière en quête de qualité

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C’est à Raffour qu’a été donné avant-hier, le coup d’envoi officiel de la campagne oléicole, au niveau d’une huilerie privée.

àcette occasion, des recommandations ont été données aux oléiculteurs sur la méthode à suivre notamment la propreté et le respect scrupuleux des normes techniques pour obtenir une huile d’olive extra vierge. Un processus scrupuleux respecté dans les normes du repos des olives, à l’air libre, sans être conditionnées dans des sacs plastiques, jusqu’à sa transformation. Un circuit fermé où les olives sont emmenées sur un bac avec un Clark, avant d’être acheminées vers la première cuve. Sur le tapis roulant, une fois la séparation du feuillage et du grain effectuée, c’est au tour du lavage et du malaxage à température adéquate, soit égale à la température corporelle. Les margines sont récupérées, de même que les grignons pour faire de l’engrais bio sur sa parcelle. Lors de ce coup d’envoi de la campagne oléicole, intervenu un peu tardivement, car la plupart des oléiculteurs sont déjà à pied d’œuvre depuis plusieurs jours, les présents ont interpellé le directeur de services agricoles de Bouira, M. Djoudi Ganoune, en réitérant leur doléance, à savoir l’ouverture de pistes agricoles afin que les fellahs puissent accéder à la cueillette des olives dans leurs oliveraies, parfois lointaines. Une revendication pour laquelle les services de la DSA de Bouira ont assuré avoir pris les devants afin de satisfaire un maximum d’agriculteurs, qui dans cette région, survivent grâce à cet arbre rustique qu’est l’olivier. Lors de cette journée, un spécialiste des machines électriques d’une firme étrangère a présenté un nouvel appareil pour la cueillette d’olives. Une démonstration qui a enchanté plus d’un avec la présentation de peignes électriques, montés sur perches, fonctionnant avec une batterie de 12 volts et qui avec ses dents rotatives fait tomber les grains d’olives dans les filets. Les olives ont été immédiatement pressées et l’huile a été savourée. Des membres de l’association «Agir» étaient présents avec M. Laurent Chavé, un expert français mandaté par le ministère de l’Agriculture pour découvrir les méthodes de trituration et la qualité d’huile d’olive de la région. L’expert s’est fortement intéressé aux potentialités de la wilaya dans le domaine oléicole. Laurent Chavé est également chef de mission d’évaluation d’un programme d’Actions Pilotes pour le Développement Rural et l’Agriculture (PAP-ENPARD) mis en œuvre par la direction générale des Forêts qui couvre 17 wilayas. A propos de la filière oléicole, l’expert révélera qu’il se trouve à Bouira pour voir le programme qui est géré par l’Association Agir : «Nous avons eu la chance d’arriver au bon moment pour la première année afin de voir les réunions des acteurs de l’oléiculture avec les représentants de la DSA, des Forêts, de la daïra. C’est un plaisir de voir cette grande dynamique autour de l’oléiculture, une très bonne collaboration avec les associations du domaine public et privé. C’est très encourageant, je ne connaissais pas Bouira mais je m’aperçois avec satisfaction qu’il y a une grosse dynamique locale», dira-t-il devant l’assistance. Par ailleurs, lors de cette journée, la chambre d’agriculture de Bouira a tenu à honorer M. Sebai Ahmed, ex-directeur de l’Institut Technique de l’Arboriculture et de la Vie (ITAV) de Sidi Aïch, wilaya de Béjaïa, avec la remise d’un prix. M. Sebaï, actuellement en retraite, s’est donné à fond dans le domaine de recherche et a beaucoup travaillé sur le secteur oléicole. Il s’est notamment illustré par ses travaux qui ont abouti à la réalisation du catalogue des variétés d’oliviers en Algérie. Le président de la chambre d’agriculture, Demouche Omar, lors de cette cérémonie, a souhaité une union solide entre les oléiculteurs de Bouira pour que le prochain rendez-vous de la foire nationale de l’olive soit une réussite totale. Après avoir souhaité la bienvenue aux présents, le DSA a rappelé les potentialités de la wilaya en matière oléicole avec plus de 37 000 hectares répartis à travers la wilaya. «Nous avons voulu marquer l’événement du ramassage et de la trituration de l’olive avec les 221 huileries à travers la wilaya, dont près de 50 rien que pour la daïra de M’Chedallah. Bouira compte 88 huileries en chaîne continue, 42 traditionnelles et le reste en semi-automatique… La récolte des olives coïncide généralement avec les vacances scolaires d’hiver, et c’est pour cela que même si certains ont entamé la cueillette de manière précoce, la campagne battra son plein à partir du 22 décembre», déclarera M. Ganoune, qui annonce les prémices d’une bonne production pour cette année : «Les premiers chiffres font état d’un rendement au quintal de 17,80 litres, alors qu’auparavantt, au tout début de la campagne, nous enregistrons un rendement entre 12 à 14 litres au quintal. Je souhaite d’avance un plein succès pour cette campagne qui s’annonce prospère, et je lance un appel pour faire preuve de vigilance à toutes les personnes qui récoltent les olives pour éviter les chutes et autres accidents», préviendra-t-il. Pour le chef de daïra de M’Chedallah, si l’abondance est au rendez-vous, il faut se concentrer dorénavant sur la qualité de l’huile en respectant les normes sanitaires. «Le secteur oléicole est un secteur prometteur et l’oléiculture demeure une alternative à l’après-pétrole. Pour cela, nous encourageons les efforts dans ce secteur. La chambre d’agriculture, le conseil oléicole, les agriculteurs, la formation professionnelle, le ministère de l’Agriculture ainsi que nous en tant qu’autorités, devons conjuguer nos efforts pour parvenir à une production optimum et exporter pour faire rentrer une manne en devises dans les caisses de l’Etat. Nous travaillerons ensemble sur les contraintes rencontrées pour arriver à l’exportation. Tous ensemble, l’avenir du secteur oléicole s’annoncera plus que prometteur», indiquera le commis de l’Etat. Le président du conseil de l’interprofessionnel de la filière oléicole remerciera les services agricoles, et demandera à ce que les oléiculteurs s’organisent de manière unifiée et efficiente : «Main dans la main, nous atteindrons nos objectifs et pourrons prétendre à faire de l’Algérie un pays mondialement reconnu et partenaire incontournable dans le secteur oléicole sur le marché mondial», dira-t-il.

Une huile d’olive extra-vierge avec un taux d’acidité de 0,14%

Des propriétaires de huileries privées se sont par ailleurs félicité des efforts de l’Etat pour le secteur agricole et plus précisément, l’oléiculture : «J’ai crée mon huilerie en 1994 et nous l’avons entièrement rénovée en 2013 grâce au matériel du dispositif du ministère de l’Agriculture acquis dans le cadre du Fond National de Développement Agricole. Nous avons eu l’opportunité d’importer un matériel très sophistiqué doté de la technologie la plus récente en matière d’extraction d’huile d’olive. C’est ainsi que l’on peut se targuer d’atteindre un produit compétitif sur le marché international, et on peut aujourd’hui l’exporter. Nous demandons aux agriculteurs de collaborer dans ce circuit, de ramener les olives dans les caisses réservées à cet usage et non plus dans des sacs. Nous procédons ici à une extraction à froid, en gardant ainsi toujours les vertus de l’olive en elle-même. Le polyphénol et les antioxydants sont préservés intacts et gardés à température ambiantes. Notre produit avec son taux d’acidité de 0,14% peut être commercialisé en Europe, en Amérique ou dans les pays d’Asie. D’ailleurs, lors des différents concours internationaux, notre huilerie a obtenu des prix et bénéficié d’un classement honorable devant des pays tels l’Espagne, la Tunisie, l’Italie ou la Grèce avec notre huile  »Vierge Mayodine ». Ce nom vient de l’époque e où le colon de l’époque Juanes Trocco qui s’était établi sur nos terres avait exporté notre huile d’olive aux USA où elle était vendue dans des pharmacies. Du fait de sa baptisation de l’époque et surtout avec l’engouement suscité par ses vertus, j’ai gardé le même nom mais sous le drapeau algérien et non plus colonial», révélera un d’eux. Cette journée a été l’occasion pour les différents intervenants dans le secteur oléicole de se rencontrer, de débattre et d’exposer leurs problèmes, notamment le raccordement au périmètre irrigué dont l’extension se fait attendre. Les intervenants ont également sensibilisé les agriculteurs, en plus de bannir le transport des olives dans les sacs en plastique, d’acquérir des réceptacles en inox pour le transport et la conservation de l’huile et de ne plus utiliser les fûts et autres jerrycans en plastique. Là encore les concernés ont déploré l’absence de ces bidons en inox sur le marché.

Hafidh Bessaoudi.

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