La violence à l’école pointée du doigt

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La santé mentale en milieu scolaire est en débat, depuis hier à l’université de Tizi-Ouzou, dans le cadre d’un colloque international initié par le département de psychologie sous le thème de « la santé mentale scolaire : état des lieux et perspectives » Ainsi, et malgré l’absence de statistiques accompagnant les déclarations et les études des participants à ce colloque internationale sur la santé mentale scolaire, ces derniers s’accordent à dire que l’école en Algérie « est source de stress et donc de perturbations qui peuvent nuire à la santé mentale des enfants». La violence en milieu scolaire en est la principale cause en Algérie.

Ceci, étant donné le recours par les professeurs au châtiment « tout autant corporels que verbaux », dira la présidente du colloque, le docteur Fatima Zohra Boukerma. Une chose qui, d’ailleurs, aura des répercussions parfois dramatiques sur l’avenir de l’enfant « et créera ainsi des troubles psychiques, dont les conséquences ne serontvisibles que des années plus tard ». Le docteur Boukerma insistera,aussi, sur le fait que « après l’angoisse de la séparation des enfants d’avec leurs parents suite à leur entrée à l’école, ils se heurtent à une pratique de violence, verbale et physique, banalisée dans les classe, d’où naît une forme de frustration qui deviendra plus tard source de stress permanent pour l’élève ». La présidente insistera surle fait qu’il y a des signes qui ne trompent pas sur l’existence d’un mal être au niveau de l’école. Des signes qu’il faut comprendre comme des « appels au secours de la part de l’enfant qui souffre de mal être à l’école ». En plus des troubles comportementaux, il s’agit, selon l’intervenant, de «l’absentéisme, le décrochage, la tricherie… ».

Voir même « le tabagisme, l’alcoolisme, l’absorption de substances psychotropes et de drogue, la tentative de suicide, qui peut finir par pousser l’enfant à passer réellement à l’acte». De son coté d’après le docteur Ben Aïssa Zeghbouch, il existe un autre facteur tout autant déterminant dans les dégâts subis par la santé mental en milieu scolaire, il s’agit de la relation élève professeurs. Ainsi, et selon le conférencier venu de Fès spécialement pour l’occasion, « l’enfant perçoit toujours le professeur comme celui qui l’empêche d’évoluer. De son côté le professeur voit l’élève comme un éternel incompétent et surtout un paresseux ». Des idées préconçues qui ne sont pas pour améliorer la relation entre les deux parties, expliquera l’intervenant. Il soulèvera, aussi, le rôle du facteur qu’il qualifie de « violence intellectuelle ». Une idée bien partagée avec le docteur Mahmoud Boudarène, psychiatre à Tizi-ouzou. En effet, il s’agit là de la qualité de l’enseignement, mais aussi de la « quantité des informations destinées à être assimilées par l’élève, considéré comme agent passif. Chose qui sera source de peur de l’échec, puis d’un stress permanant pour l’enfant », dira le docteur Ben Aïssa Zeghbouch. Il conclura son intervention qui a, d’ailleurs, accroché toute l’attention des présents, par dire qu’il était nécessaire d’élaborer une relation « de respect mutuel, en plus d’une communication harmonieuse entre l’élève et son professeur, afin de créer une bonne atmosphère dans les classes ».

Le colloque sera ainsi une occasion de sensibiliser sur l’existence de ce mal au niveau des écoles pour une prise de conscience collective. Une occasion aussi, dira la présidente, de situer les responsabilités et de prendre les mesures nécessaires.

A signaler que l’ouverture du colloque a eu lieu, hier en début de matinée, en présence de plusieurs universitaires, nationaux et étrangers. Au cours de la cérémonie d’ouverture officielle de l’événement présidé par le recteur de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, une minute de silence a été observée à la mémoire de l’illustre écrivain qui a donné son nom à l’enceinte universitaire de Tizi-Ouzou, Mouloud Mammeri. Les travaux du colloque se poursuivront, aujourd’hui, avec un programme autant riche en conférences qu’en débats.

T. Ch.

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