Une usine de montage de voitures chinoise à Tizi-Ouzou

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Lors d’une session extraordinaire de l’assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou, dédiée à l’état des lieux de l’investissement et à ses perspectives, le wali, Abdelkader Bouazghi, annoncera qu’une entreprise chinoise d’automobile a émis le voeu de s’installerdans la wilaya.

Lors de cette session, le débat s’est axé sur trois volets essentiels, à savoir, l’assainissement du foncier, la réhabilitation des zones d’activités et le devenir de l’investissement dans la wilaya de Tizi-Ouzou. « Il ne faut pas se voiler la face. L’assainissement des zones d’activités est le même à travers les 48 wilayas du pays », dira le wali, ajoutant : « toutes les zones d’activités présentent des difficultés qui nuisent aux investisseurs. La SOGI n’a ni les moyens ni la disponibilité pour la viabilisation de ces zones. Ceci dit, il reste un créneau, celui du financement par l’Etat. En ce qui concerne l’assainissement de ces zones, l’AFW s’en charge. Mais ensemble, nous arriverons à assurer un maximum d’assainissement aux zones gérées à travers l’agence foncière ». M. Bouazghi affirmera qu’il y a 70ha qui pourront être cédés aux investisseurs. « Depuis que je suis là j’en ai fait part aux ministres qui se sont succédés. Tous m’ont fait des promesses. Maintenant, j’espère qu’avec Amara Benyounès nous pourrons trouver une issue », a dit le wali, en poursuivant : « Nous avons examiné tous les dossiers, au niveau du CALPIREF.  Ils sont 250 ou 257 qui n’ont malheureusement pas eu tous les suites qu’ils méritaient. Mais c’est comme ça. Le CALPIREF ne peut pas donner ce qu’il n’a pas ». Abordant le thème de l’investissement touristique, le wali expliquera qu’il est difficile d’investir dans des zones non viabilisées. Il affirmera que concernant les dossiers de ce créneau, au nombre d’une trentaine, ils ont été ficelés. Ils sont en études, actuellement et seront placés au cours du premier semestre de l’année en cours, selon lui. Le wali de Tizi-Ouzou affirmera, lors de la session, que la société Coca-Cola a manifesté sa volonté d’investir dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Le wali annoncé par ailleurs, un méga projet qui est actuellement en étude. Il s’agit d’une usine de montage automobile chinoise qui veut s’installer à Tizi Ouzou. « J’ai reçu un investisseur algérien qui compte s’installer à Tizi-Ouzou et réaliser deux grands projets. Il est en contact avec une entreprise chinoise de montage automobile », précisera M. Bouazghi, ajoutant : « cet investisseur m’a dit que cette entreprise est plus importante que Renault à Oran. Il a besoin d’une assiette de 100ha. Il m’a demandé de lui trouver une assiette de 50ha pour qu’il ramène cette entreprise chinoise. Nous sommes en contact avec eux. De plus, j’ai eu l’occasion de discuter avec M. Benyounès et de lui demander pourquoi ne pas penser inscrire deux ou trois grands projets financés par l’Etat à Tizi-Ouzou. Maintenant, c’est à nous de le faire. Car c’est possible. Notre wilaya a un savoir faire ». Il conclura t-il son intervention en appelant toutes les parties concernées à travailler ensemble, afin de redorer le blason de l’investissement à Tizi-Ouzou.

Le constat de la commission d’investissement de l’APW

« L’investissement dans notre wilaya va mal », a déclaré Hocine Haroun, P/APW de Tizi-Ouzou, qui s’est déroulée, durant la journée d’hier, au niveau de l’hémicycle Rabah Aissat. M. Haroun poursuivra son allocution en expliquant que la wilaya de Tizi-Ouzou est caractérisée par l’exiguïté de son territoire constitué dans sa quasi-totalité de reliefs montagneux. Selon lui, cela ne devrait pas constituer une faiblesse pour la wilaya, car tout est lié explique-t-il, à l’organisation et la mise en valeur des ressources physiques, démographiques, socioculturelles et économiques de l’espace et de l’homme. « Même si notre wilaya est dépourvue de foncier, elle a tout de même bénéficié de 23 zones d’activités, extraites, dans leur quasi-totalité du domaine agricole », a-t-il dit. Lors de cette session, un rapport accablant a été présenté par la commission investissement, développement, équipement et emploi, dans lequel il ressort que lesdites zones d’activités ont été créées, pour la plupart, depuis plus de 20 ans. La zone d’activité de Tala-Athmane a par exemple été créée par délibération, en 1983. Ces zones totalisent une superficie de 877ha pour 1 656 lots : 881 affectés et 737 encore vacants, dont 38 sont réservés aux équipements des zones. « Le fonds d’investissement, destiné à la wilaya de Tizi-Ouzou, est détenu par la filiale BEA qui n’a pas encore vu le jour, et ce depuis sa création en 2009, privant ainsi les jeunes d’une opportunité financière importante », lit-on dans le rapport. Les conclusions de ce dernier révèlent que les travaux et les investigations de la commission investissement, équipement et emploi de l’APW ont abouti à des constats qui révèlent que l’investissement dans la wilaya de Tizi-Ouzou a été délaissé par les pouvoirs publics, malgré le nombre de zones d’activités créées depuis plus de 20 ans. « Les différents événements qu’a connus cette wilaya ont fait que l’investissement ne constituait pas une priorité pour les pouvoirs publics. Les investisseurs, munis de leurs fonds et savoir-faire, furent découragés et ont laissé place à l’envahissement par des indus occupants de la plupart des assiettes destinées à l’investissement », précise le rapport, ajoutant : « la perte sur le plan économique est incommensurable. Les régions de la wilaya abritant de vastes zones d’activités sont très pauvres et connaissent des taux de chômage importants. Ceci a entraîné l’exode des jeunes vers le chef-lieu causant ainsi la prolifération d’activités illicites et d’emplois précaires ». A cet effet, l’APW, consciente de l’enjeu, fait un constat et met, à travers ce rapport, les pouvoirs publics devant leur responsabilité historique, plaidant pour une prise en charge immédiate de ce secteur névralgique. Dans les conclusions, les membres de ladite commission affirment que la plupart des zones d’activités sont inoccupées par les investisseurs et qu’aucune viabilisation n’a été faite. Ils indiquent également que plus de 260 projets n’ont même pas connu de début de réalisation, justement à cause du manque de viabilisation des sites indispensable à toute création d’activité et à cause du non respect des cahiers des charges signés entre l’investisseur et l’organe de gestion qui prévoit que l’investisseur doit acquérir le lot de terrain entièrement viabilisé. Quant aux recommandations, elles sont au nombre de quatre : entamer les travaux de viabilisation et de réhabilitation de l’ensemble des zones d’activités dans les délais les plus proches, recenser le résiduel foncier appartenant aux entreprises publiques économiques dissoutes afin de les mettre à la disposition des investisseurs potentiels, mettre à la disposition du CALPIREF le foncier viabilisé inexploité détenu par la SOGI et la AFW afin de l’affecter pour la réalisation des projets d’investissements et, enfin, recenser les lots attribués, non occupés, situés dans les zones d’activités afin de les mettre à la disposition des investisseurs porteurs de projet. Le rapport précise que l’opération de régularisation des actes de propriété de ces zones a connu un retard flagrant par rapport à la création. De plus, beaucoup de ces zones ne disposent toujours pas de permis de lotir, elles sont également délaissées et squattées par des indus occupants. La commission conclut son rapport en indiquant que la quasi-totalité des 13 zones ne sont pas viabilisées ou réhabilitées, chose qui constitue une entrave majeure à l’investissement.

Samira Bouabdellah

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