Le secteur à la traine à Bouira

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Les prestations de services d’Algerie Telecom en matière d’ADSL sont encore et toujours décriées par bon nombre d’abonnés. Les coupures de connexion à Internet et autres chutes de débit, sont le lot quotidien des citoyens, qui ne cessent de se plaindre de cette situation pour le moins chaotique. Ce constat contraste avec les assurances données par Mme Derdouri, ministre des Postes et Télécommunications, ainsi que par le PDG d’AT, M. Azouaou Mehmel. Ces deux responsables, font en effet, état, à chacune de leurs interventions, de « l’ambition de l’Etat à offrir une qualité de connexion ADSL, quasi irréprochable ». Mme Derdouri avait même estimé que l’ADSL était « un droit pour chaque citoyen au même titre que l’eau et l’électricité ». Pour sa part, le PDG de l’opérateur historique a noté récemment dans une interview accordée au magasin NTIC, que l’amélioration de la connexion internet passait « irrémédiablement par la généralisation de la fibre optique ». Et c’est là que le bât blesse, du moins à l’échelle de la wilaya de Bouira.

« Patientez, vous n’êtes pas encore raccordés ! »

En effet, la majeure partie des abonnés sont toujours connectés à l’aide du système DSLAM, ou plus concrètement grâce au bon vieux câble de cuivre. Ce système, en plus d’être complètement obsolète, est de surcroît vétuste. C’est d’ailleurs de l’aveu même du Directeur des opérations technique (DOT) de Bouira, M. Mohamed Boufedji, qui nous a affirmé que les installations filaires à l’échelle de la wilaya étaient hautement dégradées. « Nous comptons sur la mise en place de la fibre pour pallier à ce problème », a-t-il certifié dans ces mêmes colonnes, au mois d’avril dernier. Cependant, et hormis quelques rares foyers qui y sont raccordés, les abonnés demeurent pour ainsi dire  » otages » de l’âge de pierre numérique, à savoir la connexion via des câbles de cuivre. Le paradoxe est encore plus frappant lorsque les citoyens entendent parler de débit, pouvant aller jusqu’à 8Mbps, alors que quand ils souhaitent passer à un débit supérieur, l’agent en charge leur répond : « il faut encore patienter, vous n’êtes pas encore raccordés à la fibre ». Cette réponse, bon nombre d’abonnés n’ont de cesse de l’entendre depuis la mise en place de la nouvelle offre d’AT, baptisée  » Idoom ». Sur le papier, cette formule permet aux abonnés d’avoir en principe des offres de débit de 1, 2, 4 et 8 Mbps. Mais dans les faits, ces offres pour le moins alléchantes sont soumises à une condition mentionnée en minuscule. « Ces offres sont soumises aux conditions d' »éligibilité de la fibre ». C’est là que le client déchante! En effet, et au niveau du chef-lieu de la wilaya, les quartiers qui sont raccordés de manière effective à la fibre optique se comptent sur les doigts d’une seule main. Ainsi, il y a le quartier dit ‘’des 2 fois 100 logements’’, celui de Farachati, les 140 logements et… c’est tout! C’est très insignifiant par rapport au grand nombre d’abonnés juste à Bouira ville. D’après certains techniciens d’Algérie Telecom, au niveau de la ville de Bouira, le basculement vers la fibre prendra un certain temps. « Il ne faut pas se leurrer ! La mise en place est une chose, le raccordement effectif en est une autre. Ici à Bouira, il faudra compter d’ici la fin de l’année pour espérer que l’ensemble des quartiers du chef-lieu soient tous raccordés », révélera un technicien. 

Pour 2015 et ce n’est pas certain…

 

A qui la faute? Et bien d’après certaines sources au niveau de l’Actel de Bouira, l’entreprise en charge de la pose et du raccordement à la fibre serait en partie responsable. « Ils (techniciens ndlr) mettent près de deux pour raccorder un pâté de maisons. Alors pour faire tout un quartier, cela peut prendre des mois », nous a-t-on confié. Cependant, il y a d’autres facteurs comme la vétusté des anciennes installations, leur interconnexion avec d’autres réseaux (Gaz, AEP) qui peuvent expliquer ce retard. Néanmoins, toutes ces contraintes devaient être anticipées par les responsables d’Algérie Telecom, afin d’être dans les temps. Cette situation, on la retrouve également à travers les autres communes de la wilaya, où la fibre, reste un  » rêve » pour les abonnés. Ainsi, dans la commune d’Aïn Bessam, la fibre optique, du moins le raccordement des abonnés, ne s’effectuera que vers le 1er semestre de l’année prochaine. A Lakhdaria, les services de l’Actel tablent sur la mise en place de cette technologie d’ici le second semestre 2015 seulement ! Pourtant, et à en croire le DOT de Bouira, l’ensemble des communes de la wilaya sont raccordées à la fibre. « Nous avons mis le paquet pour que toutes nos communes soient raccordées. D’ailleurs, pour l’année 2013, le montant destiné à la pose de la fibre optique s’est élevé à 19 220 000 de DA. Dieu merci, je peux affirmer que la wilaya de Bouira est l’une des rares régions du pays où la fibre est présente sur la totalité du territoire », s’est félicite M. Boufedji. Toutefois, ce « satisfecit » est à relativiser du fait des éléments évoqués précédemment. Toujours en se référant aux déclarations faites par Mme Derdouri et M. Mehmel, on contraste que leurs directives ne sont pas prises au pied de la lettre par les responsables locaux d’AT. Une entreprise, qui se veut moins archaïque et plus en phase avec ses clients, devrait en principe s’efforcer de redoubler d’efforts, afin de leur offrir une qualité de services digne de ce nom. Les effets d’annonces et autres publicités « mensongères », ne font que renforcer le sentiment des abonnés de faire face à une entreprise « déconnectée » et peu soucieuse de sa clientèle.

Ramdane Bourahla

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