La solidarité, une vertu millénaire

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C’est un événement festif et social qui tire ses origines de la lointaine antiquité. Elle peut être considérée comme une célébration dont la pratique, profane à l’origine, a toujours trouvé auprès de tous les croyances et usages de toutes les époques chez les Imazighènes, un accueil, une adhésion et une voie. Timechret se décline, dés l’origine, comme un élément prépondérant du socialisme primitif, voire du communisme agraire de mise dans les sociétés maghrébines, voire méditerranéennes, à une époque où la solidarité était la condition de survie par excellence. Il est du reste normal qu’avec le temps, Timechret ou l’Aouziâa, a fini par intégrer naturellement la religion musulmane. Sa périodicité est établie pour chaque village  par voie consensuelle. Certaines régions l’organisent à l’occasion de « Tâachourt », d’autres au « Moharem » et certaines à la veille de l’« Aïd tamzyant » à la fin du carême. Donc la proclamation de  Timechret, la participation pécuniaire dont devrait s’acquitter chaque membre de la communauté villageoise pour permettre l’achat des bêtes à sacrifier,  dépend du consensus établi  par « tajmâat » ou le comité de village. Il est bien entendu que les nécessiteux sont  exonérés de cotisations. Une fois que tout est décidé notamment la date jour, le genre des bêtes à sacrifier, ovins ou bovins, la participation financière de chacun, on désigne ceux qui devront se rendre au souk pour acheter les veaux ou les moutons. Il arrive que les bêtes à immoler pour cet événement  soient offertes par un homme aisé du village. Le cérémonial de Timechret n’a rien de spectaculaire, certes, il offre l’image d’une animation bon enfant, des jeunes pour la plupart vacants à leur tâche, qui ramenant l’eau, qui composant les parts de viandes, qui tenant une liste des familles et leur nombre à la main. Les bêtes une fois égorgées sont découpées en autant de parts qu’il existe d’habitants en comptant évidemment les absents dont la part est remise à la famille. Cependant il y a un détail qui a son importance dans cette fête de la solidarité de l’égalité et aussi de la réconciliation, chaque part est composée de viande, d’abats et de tripes. Histoire d’améliorer pour une fois l’ordinaire des citoyens. Ce symbole à bien des égards, sociologiquement ancré dans nos mœurs, a connu, pendant une plus ou moins longue période, un recul dans certaines régions de Kabylie et les raisons de ce repli sont à chercher dans les moyens qui ne sont pas toujours là la situation sécuritaire où encore l’absence d’entente entre les membres des comités de villages. Cela écrit, nous observons que pour cette fin du Ramadhan, bien des villages ont eu un regain d’intérêt pour « Timechret » et comptent organiser cet événement, au grand bonheur des enfants et aussi de ceux qui ne peuvent pas festoyer dignement faute d’argent.

Sadek A.H.

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