Le relogement se fait attendre

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La " trêve" du mois de carême et celle de la fête de l'Aïd sont désormais passées. Des vagues de colère risquent à tout moment de se soulever.

Parmi les facteurs qui pourraient les déclencher, celui du logement. Et pour cause, l’opération de relogement promise par les autorités locales tarde à avoir lieu au niveau de la wilaya de Bouira. Hormis quelques communes, à l’instar de Sour El Ghozlane, Bechloul et Aïn Laloui, qui ont connu récemment des opérations de recasement, les autres sont en stand-by, au grand désespoir des citoyens. Ces derniers ne cachent plus leur appréhension et leurs inquiétudes au sujet de leur éventuel relogement.

« Les autorités se moquent de nous! »

Au niveau de la ville de Bouira, certains habitants des haouches de l’ancienne ville font montre d’une exaspération certaine et évoquent désormais l’hypothèse d’une revendication plus  » musclée », afin d’exiger leur relogement dans les plus brefs délais. Il est vrai que le dossier des haouches de la ville de Bouira est au point mort. Les autorités locales, à leur tête le wali, ne cessent de demander aux locataires de «faire preuve de patience», en attendant le règlement de leur situation. Mais selon les locataires, les pouvoirs publics les ont «oubliés». Ils disent avoir perdu l’espoir de bénéficier un jour d’un logement décent. D’après certains habitants des haouches, les autorités locales « se moquent d’eux», comme nous le dira l’un d’eux : « On nous a bercés de fausses promesses. A chaque fois, on nous dit que c’est pour bientôt, mais ce bientôt dure depuis plus d’une année. On commence sérieusement à nous impatienter. Un autre résident du haouche de la rue Aïssat Idir (ex-rue de France) lancera d’un ton furieux : « La wali, à travers ses déclarations dans la presse écrite ou à la radio, nous demande de patienter, mais jusqu’à quand? Quand je lis dans la presse que certains ont été relogés et nous, nous n’avons même pas reçu de convocation. J’ai bien peur qu’une fois de plus, nous soyons les plus grands lésés dans cette affaire ». Pour d’autres habitants, le ton est carrément menaçant. « Jusque-là nous avons été très calmes. Nous aurions pu, comme le font d’autres, bloquer la route, enflammer des pneus et semer la pagaille. Mais non, on a préféré prendre notre mal en patience. On a attendu la date buttoir du 25 juin, mais sans le moindre résultat. Jusqu’à quand attendrons-nous? Notre patiente a atteint ses limites », diront des habitants du haouche Hadda, sis au plein cœur du chef-lieu de la wilaya. D’autres enchaîneront : «Mais à ce que nous voyons, la sagesse ne nous mène nulle part. Comme nous l’avons constaté dès qu’on entreprend une action de rue, les autorités accourent et prêtent une oreille attentive ».

La cité « évolutive » au bord de l’implosion

Même son de cloche du côté de la vieille cite  » évolutive » qui menace ruine à tout instant. Ladite cité comporte 128 logements où s’agglutinent pas moins de 300 familles. Les responsables locaux ont décidé d’en finir avec cette cité où les appartements ne répondent plus aux normes. Ses habitants se disent désappointés du fait de ne pas avoir reçu, jusqu’à présent, leur convocation. « Cela fait près de 16 mois que nous attendons ! Nos logements sont quasiment achevés et conformément aux directives de M. Sellal, à partir d’un taux précis d’achèvement des travaux, les souscripteurs peuvent recevoir leurs affectations. Dans notre cas, nous constatons et déplorons le silence radio des autorités », lancera Hichem, un habitant de ladite cité. Il faut dire que ces locataires vivent, ou plutôt survivent, dans des conditions des plus déplorables. Insalubrité et exiguïté sont le lot quotidien de ces habitants. «Nous vivons comme des animaux en cage », dira M. Tahraoui, résidant de la même cité. Avant d’ajouter : » Cela fait près de 30 ans que notre situation va de mal en pis, sans qu’aucun responsable ne lève le petit doigt! Je suis las de cette misère, las de cette vie ! Je suis désespéré de voir mes enfants grandir parmi les rats ! Pourquoi tant de mépris, pourquoi tant de négligence et de souffrance. Pourquoi?». Pour rappel, au mois de janvier dernier, les habitants de ce quartier ont violemment manifesté afin de dénoncer les retards pris dans la livraison de leurs logements, mais aussi s’indigner contre une présumée  » exclusion » de certains habitants des listes des bénéficiaires. « Cette opération a enregistré un retard de plus de quatre années. Le premier recensement remonte à plus de huit ans. Depuis, beaucoup de jeunes célibataires sont devenus des pères de famille. Nous exigeons un appartement par livret de famille », avaient-ils demandé. Et les autorités dans tout cela, que comptent-elles faire pour calmer les esprits et éviter que ces logements ne soient une  » bombe à retardement »?. Le premier magistrat de la wilaya avait annoncé au mois de juillet dernier, que les 650 (400+150+100) logements sociaux, sis à la sortie nord-ouest de Bouira, seront « bientôt » livrés. Il faut souligner que ces logements ont été finalisés et il ne reste que les travaux d’aménagement urbain et ceux des VRD pour leur réception. Le wali de Bouira avait insisté sur le respect des aspects urbanistiques des réalisations, ainsi que leur raccordement, dans les plus brefs délais, aux réseaux d’eau, de gaz et d’électricité. « Chaque bâtiment doit nécessairement disposer d’espaces de stationnement des véhicules, de repos et d’aire de jeux pour les enfants ». Ces assurances ne suffisent plus aux concernés qui veulent, selon leurs dires,  » du concret et non des promesses ». Ce mois d’août s’annonce  » très chaud » pour les pouvoirs publics lesquels, si la situation demeurait inchangée, seront confrontés à une fronde sociale sans précédant.

Ramdane Bourahla

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