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Les joies et les peines s’y sont entremêlées : Chronique d’un Ramadhan pas comme les autres

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Le Ramadhan 2014 restera sans doute dans les annales. Jamais un mois de carême n’a été aussi riche en actualité et en évènements nationaux et internationaux.

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Près de 30 jours, où les Algériens et le monde entier, sont passés du rire aux larmes et de l’euphorie à la consternation. Un mois durant lequel l’histoire a été (ré) écrite, pendant lequel les pires exactions ont été commises et où des accidents tragiques sont survenus. Pendant que certains d’entre nous passaient leurs journées à roupiller et leurs soirées à taquiner les cartes à jouer et autre domino, en sirotant un bon café accompagné de confiseries, le tout dans une ambiance morose, l’actualité a été riche et marquante. Pour ceux qui étaient au fin fond d’une caverne, ou exploraient la planète Mars, voici quelques-uns des faits qui ont marqué et même défrayé l’actualité durant tout un mois lunaire.

Les Verts entrent dans l’histoire

Comment oublier ce mois de carême durant lequel une nouvelle page du football algérien a été écrite par des jeunes pétris de talents, pleins de rage et d’ambition. Trois jours seulement avant le début de ce mois sacré et comme un signe Divin, les Feghouli, Taider Slimani & Co, ont réussi un exploit historique, celui de qualifier l’Algérie au second tour de la Coupe du Monde 2014 organisée au pays du roi Pelée. C’était « Leilat El Qadr », avant l’heure, diront certains. Le soir du 26 juin 2014, les algériens ont vibré et exulté devant les prouesses de cette génération dorée. Quelques jours plus tard, au début de ce mois sacré la bande de l’ex-coach national, Vahid Halilhodzic, est passée à deux doigts d’un véritable miracle que seul ce mois peut offrir. Celui d’éjecter celle qui sera, deux semaines plus tard, sacrée championne du monde, à savoir l’équipe d’Allemagne. C’est au cours d’une soirée ramadhanesque, que nulle n’est prêt d’oublier et lors d’un match extraordinaire, que nos Guerriers du désert ont failli éliminer la grande Mannschaft. Les Bookmakers anglais, les plus chevronnés, n’auraient pas misé le moindre Pound sur nos Fennecs! Et dire que ces derniers ont tenu la dragée haute à la grande Allemagne. Certaines âmes pieuses auront vu une intervention divine, un signe du destin, un « miracle » qui ne peut avoir lieu en dehors de ce mois sacré.

Massacres à Gaza !

Cependant et contrairement à certaines croyances, durant ce mois, les portes de l’Enfer n’ont pas été entièrement closes. Leurs « étanchéités » ont fait défaut, laissant des brèches dans lesquelles des « mauvais génies » ont pu s’infiltrer afin de semer la zizanie et le chaos sur terre. Ainsi et pendant que les mosquées étaient pleines à craquer de fidèles, de très « fidèles » aux préceptes de l’Islam, l’horreur s’abattait sur les habitants d’une terre sacrée pour les trois religions. En effet et profitant du silence complice de la communauté internationale et mêmes des pays arabes, l’armée Israélienne a déclenché une guerre sans merci sur la population Gazaouie. Les pires crimes ont été commis par l’armée de Tsahal, pendant que les uns et les autres condamnaient avec « force » les tirs de minuscules et presque inoffensives roquettes du Hamas. Bilan de ce génocide, car il n’y a pas d’autre mots pour le qualifier, près de 1000 morts palestiniens, la plupart des victimes civiles, plus de 8000 blessés et 20.000 réfugiés, selon les chiffres du Haut-commissariat aux réfugiés. Jamais un mois de Ramadhan n’a été aussi sanglant au niveau des territoires occupés. Jamais autant de sacrilèges n’ont été perpétrés sur des terres dites sacrées, pendant un mois qu’il est tout autant.

Kidnappings en Kabylie :dangereuse recrudescence

Mais pas besoin d’aller si loin pour contraster la bêtise humaine, dans son plus simple appareil. En Kabylie, le phénomène des kidnappings a atteint, durant ce mois, un dangereux « pic », avec une recrudescence des rapts. En effet, pas moins de trois enlèvements ont été signalés en un laps de temps très court. Djennad Said, étudiant de 23 ans, tout comme Amar Gada, un retraité de 67 ans, et Tinhinane Adel, 19 ans, ont été enlevés par des ravisseurs, mais fort heureusement relâchés sains et saufs, grâce notamment à la mobilisation des citoyens et des services de sécurité. Dans tous les cas de figure, la problématique des rapts en Kabylie se pose avec acuité sans que personne ne puisse y trouver une solution pérenne. C’est là un sujet qui a fait couler et continue de faire couler beaucoup d’encre, depuis le Printemps noir qui a vu certaines brigades de gendarmerie quitter la région suite à la pression revendicative du Mouvement citoyen de l’époque. Plus d’une dizaine d’années après, les données ont changé. Il y a même des citoyens qui en appellent au retour des gendarmes au vu du climat d’insécurité qui règne dans certaines zones. Cette dangereuse et inquiétante recrudescence des enlèvements, devrait pousser les autorités concernées à revoir leur stratégie en la matière, en renforçant la sécurité autour des zones et villages reculés.

La Vallée du M’zab s’embrase !

 

Toujours en Algérie, mais plus au sud et plus précisément dans la wilaya de Ghardaïa, le conflit fratricide entre les Chaanbis et les Mozabites n’en finit plus de s’éterniser et de s’enliser, sans que le pouvoir central ne puisse y trouver une issue favorable. Durant ce mois de Ramadhan, on a enregistré une nette dégradation de la situation sécuritaire. Les scènes de violences, pillages et actes de banditisme, sont quasi-quotidiennes. Les appels à la retenue et à la sagesse, lancés de part et d’autre, sont restés vains. Chacune des deux tribus impute la responsabilité à l’autre et s’accusent mutuellement de vouloir « aller vers le pire ». Avant-hier encore, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a déclaré à partir de Constantine où il était en visite de travail, que la situation à Ghardaïa était devenue « intenable ». Le chef de l’exécutif gouvernemental ira plus loin en admettant le fait qu’il y a un climat de « haine » dans ce conflit. Selon M. Sellal, il y a aussi l’impact négatif de la mafia qui s’est installée au fil des années dans cette région en y introduisant des pratiques totalement étrangères aux coutumes locales. Il a cité entre autres, « le banditisme, la prostitution et la drogue ». Il a également réitéré son appel à la sagesse, tout en insistant sur le fait que « L’Algérie est une, et indivisible ». C’est la première fois que le Premier ministre reconnaît, de manière aussi limpide, la gravité de la situation qui prévaut dans la Vallée du M’zab. Il est vrai que pendant ce mois de carême, la crise qui secoue Ghardaïa, s’est sacrément accentuée, ne laissant présager rien de bon pour l’avenir et l’unité de cette région.

 

Drames en plein ciel

Mais ce qui restera, sans nul doute, le fait le plus marquant de ce mois, c’est sans conteste la « série noire » que connaît le secteur de l’aviation civile. En à peine une quinzaine de jours, plus de 500 personnes ont trouvé la mort dans des crashs d’avion. Le premier en date est celui du vol MH17, de la compagnie Malaysia Airlines, qui aurait, selon la Maison Blanche, été abattu « par erreur », au-dessus de l’est de l’Ukraine, par des séparatistes pro-russes mal entraînés. Cet « accident » est loin d’avoir dévoilé tous ses secrets. D’autant plus que les américains n’hésitent pas à accuser d’une manière à peine voilée la Russie d’être derrière cet acte. Le second et dernier accident en date, a touché le week-end dernier, le vol d’Air Algérie. Pour rappel, l’accident s’est produit, jeudi dernier, 50 minutes après le décollage d’Ouagadougou de l’avion affrété par Air Algérie auprès de la société espagnole SwiftAir, à destination d’Alger. À son bord, se trouvaient 118 personnes: 112 passagers dont 54 Français et 23 Burkinabés et six membres d’équipage, tous espagnols. Selon M. Sellal, les origines de cette tragédie restent à déterminer et une enquête judiciaire a été ouverte à cet effet. Cependant, le Premier ministre a tenu à dire que les conditions météo étaient difficiles. « Il existe ce qu’on appelle le front intertropical, c’est un mur très difficile que j’ai eu à traverser, mais généralement on l’évite parce qu’il est traversée par des courants électriques et des tempêtes, c’est la première hypothèse », a-t-il expliqué. Avant d’ajouter : « Maintenant, pour l’acte terroriste c’est très difficile, parce que cette région n’est pas occupée par des terroristes. En plus, il leur est difficile d’atteindre l’avion qui volait à cette altitude. Ils n’ont pas les moyens. Donc cette hypothèse est très faible ». 

Ramdane Bourahla

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