Les cours particuliers en vogue

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Réussir à l’école dépend-il du nombre d’heures de cours particuliers dont bénéficient les élèves ? à voir l’importance qui leur est accordée par les parents et les élèves, la réponse est oui. Une situation qui découle, selon le directeur du bureau régional de l’Unpef de « l’absence de confiance des parents en le système éducatif actuel ».

C’est désormais une réalité la rentrée scolaire est immédiatement suivie d’une rentrée parallèle, celle des cours particuliers. Il y a quelques années, cela était réservé aux élèves des classes d’examens. Et là encore, ce n’étaient que les plus en retard qui y avaient recours, en plus des cours supplémentaires prodigués au niveau des établissements scolaires. Désormais, de l’école primaire au lycée, en passant par le moyen, toutes classes confondues, les élèves suivent des cours de soutien. Et à Tizi-Ouzou, cette activité bat son plein. Souvent, elle n’est motivée que par l’appât du gain. Il s’agit en effet d’un commerce florissant.  L’on n’hésite plus à ouvrir des « classes » dans les endroits les plus sordides pour donner des cours particuliers. Il y a quelque temps, c’étaient des licenciés chômeurs qui se livraient principalement à ce travail pour s’assurer une rentrée d’argents, aussi modique soit-elle. Désormais, ce sont les professeurs eux mêmes qui, après l’école, reçoivent leurs propres élèves, et d’autres, dans des endroits des plus improbables aménagés en salles de classe. Dès la première semaine de la rentrée, on parlait déjà des « inscriptions » et de ces classes particulières devenues presque une obligation. D’un côté pour les parents, qui partent très vite à la recherche de professeurs qui prendraient en charge leurs progénitures. De l’autre, les enfants eux même qui insistent pour bénéficier de cours supplémentaires, comme leurs autres camarades. Il y a aussi, bien évidemment, les professeurs qui ne sont pas contre le fait d’arrondir, un peu plus, leurs fins de mois. Et là un réel marché a été instauré où les prix varient selon le nombre d’heures de cours et selon les matières. Les tarifs oscillent entre 150 et 200 DA l’heure. Mais le plus scandalisant, ce sont les conditions dans lesquelles les élèves sont pris en charge. Des endroits peu ou nullement confortables. Dans la majorité des cas, des garages ou des maisons en construction. Contacté il y a quelques jours, l’ancien responsable par intérim au niveau de la direction de l’éducation soulignait que : « la loi n’interdit pas à un professeur de faire des cours suplémentaires ». Karim Amira précise néanmoins que les seuls cours autorisés sont ceux dispensées au niveau des écoles, généralement destinées aux élèves des classes d’examens. Cette situation, synonyme d’une confiance qui se dégrade de plus en plus en le système éducatif, interpelle au plus haut niveau. Du côté des syndicats, on ne nie pas cette réalité peut flatteuse pour le secteur de l’éducation nationale. Le président du bureau de wilaya de l´Union nationale du personnel de l´éducation et de la formation (Unpef) impute la responsabilité au système éducatif national. Larbi Aït Gherbi affirme que cela est né des programmes chargés et du temps trop réduit pour tout assurer en classe. Ce qui fait subie une énorme pression aux professeurs. « C’est ce qui pousse ces derniers à proposer leurs services en dehors des heures de classe », dira-t-il. La dégradation du système éducatif se caractérise d’après le même représentant, par le fait que « même au primaire on est obligé de faire appel à des cours de soutien pour les enfants. Les parents, soucieux de l’éducation de leurs enfants et de leurs études, sont prêt à tous les sacrifices pour assurer l’avenir de leurs enfants. Et ils ne trouvent d’autre alternative que celle de les inscrire à des cours particuliers ». Des cours qui « créent parfois un réel déséquilibre pour l’enfant qui n’arrive plus à choisir entre ce qu’on lui enseigne à l’école et ce qu’il apprend à travers les cours particuliers. Surtout lorsque ces derniers sont prodigués par des personnes qui ne métrisent pas spécialement les méthodes d’enseignement », dira notre interlocuteur. Mais d’après le représentant local de l’Unpef, « si le système répondait aux préoccupations des parents et les mettait en confiance quant à l’éducation de leurs enfants, ils ne feraient jamais appel à des cours de soutien ». Larbi Aït Gherbi ne nie néanmoins pas le fait que certain professeurs profitent de l’occasion pour se faire de l’argent aux dépens de l’instruction qu’ils octroient aux élèves, largement décriée. Il n’en demeure pas moins que d’après lui, la seule solution est « celle qui viendrait de l’Etat en procédant à une réforme radicale du système éducatif et en mettant à la disposition des professeurs les moyens pédagogiques nécessaires pour assurer leur mission ».

T. Ch.

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