Commémoration et recueillement à Draâ El-Mizan

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La stèle édifiée sur la RN25 à six kilomètres au Nord de Draâ El-Mizan, à la mémoire des deux martyrs de la révolution armée, en l’occurrence le commandant Ali Bennour et l’infirmier Outil Ramdane, a été visitée, dans la matinée d’avant-hier, par de nombreux invités à la faveur de la commémoration du cinquante-cinquième anniversaire de leur exécution par l’armée coloniale, à savoir des responsables des kasmas des moudjahidines de Tadmaït, DBK, Tizi-Ouzou, Aït Yahia Moussa, Boghni… de nombreux anciens maquisards, de certains compagnons encore en vie mais également par de nombreux membres des organisations d’enfants de chouhada et de citoyens venus des quatre coins de la wilaya de Tizi-Ouzou. 

En effet, c’est tout près du lieu dit Alghar Barouyène (terrier des porcs épics), à une cinquantaine de mètres de cette stèle, qu’avaient été également abandonnés les deux corps des deux martyrs qui seront récupérés plus tard pour être enterrés. Ainsi, après le dépôt de deux gerbes de fleurs et la minute de silence observée à la mémoire de tous les martyrs de la révolution, la parole fut donnée à M. Ait Ahmed Ouali dit « Si Ouali », chargé de l’histoire au sein de l’ONM de Tizi-Ouzou, qui retracera la biographie de cet officier supérieur de la wilaya III, qui était membre de son conseil aux côtés du colonel Si Mohand Oualhadj et du commandant Si Hamimi. « Pour ceux qui ne savent pas, le commandant Si Ali Bennour, dit Si Ali Moh N’Ali, que tous les hommes qui ont servi sous ses ordres appelaient affectueusement Da Ali ou Aami Ali, alors que pour la plupart des jeunes maquisards, il était leur véritable père. Il leur donnait toute son affection et tout son amour paternel, la preuves, les anciens moudjahidines qui sont présents ici, aujourd’hui, peuvent en témoigner », dira l’orateur en précisant que le commandant Ali Bennour est né le 10 mai 1927 au village Ighil Yahia Ouali, relevant de la localité de Tadmaït et il était issu d’une famille modeste et il avait adhéré et intégré les rangs du parti MTLD durant les années 1947 et 1948 et était un militant actif comme il n’hésitera pas à intégrer les rangs de l’OS. Cependant, il ne faut pas oublier cette première opération menée à Tadmaït, dans la nuit du 1er novembre 1954 où furent incendiées les unités de « Tabacoop » de celle du bois et du liège. Cette première signature de déclaration de guerre portait la signature du Chahid Ali Bennour et de ses premiers compagnons que furent Benalia Mohamed, Hamiche Rabah, Bayou Amar, Ferhat Akli, Belkacemi Rabah, Drif Saïd, Aoune Lounès, Chrid Belkacem et Heddache Saïd comme son sacrifice ne se limitera pas à sa seule personne puisqu’il enrôlera également ses quatre frères, Ali, Rezki, Rabah qui tomberont au combat, au champ d’honneur alors que le plus jeune, Slimane, survivra à cette tragédie. Par ailleurs, l’orateur citera quelques faits de guerre menés par l’officier Ali Bennour, à la tête de ses hommes contre les unités des troupes coloniales à l’intérieur des secteurs qu’il commandait jusqu’à cette matinée fatidique de sa capture, suivie de son exécution. Le dernier intervenant sera l’ex général Mohand Tahar Yala qui parlera longuement de la situation du pays, en soulignant : « La révolution algérienne avait changé l’ordre colonial mondial et elle était une révolution à l’échelle universelle. Malheureusement, de 1962 à ce jour, on a banalisé le sacrifice des martyrs puisqu’à partir de cette date, il y eut une contre révolution et qu’il est toujours temps de ressusciter l’ALN pour sauver notre souveraineté qui se perd de jour en jour et qu’il y a toujours un espoir de la sauver ». 

Le frère du commandant Ali Bennour raconte…

«Je suis le frère cadet du feu commandant Ali Bennour qui m’avait fait monté au maquis en 1956 alors que je n’avais que dix sept (17) ans. Je suis né en 1939 et lui en 1927. En ce qui concerne les derniers moments qu’on avait passé ensemble, la veille, soit le 17 octobre 1959 et en pleine opération « jumelles» qui avait débuté le 22 juillet 1959, il devait rejoindre le PC de la wilaya III. On était un groupe de six (avec lui) à entreprendre ce déplacement de Sid Ali Bounab. Sur notre route, il y avait ce refuge où il devait voir l’officier sanitaire, l’aspirant Hamid, qui avait en charge également un refuge de blessés avec l’infirmier Oukil Ramdane (en vie), situé à Vougarfène, non loin de l’actuel Aït Yahia Moussa. Cependant, comme c’était un lieu qui devait être tenu dans le plus grand secret, nous, les cinq maquisards qui l’avaient accompagné avions passé la nuit à deux cents mètres du lieu alors qu’il avait été conduit, par un enfant d’une douzaine d’années qui s’appelait Moh Oukaci, jusqu’à cette infirmerie. À 11 heures, nous entendîmes des coups de feu et une grande fusillade, je reconnus immédiatement les tirs de la carabine US de mon frère et je m’étais douté que quelque chose se produisait, mais on m’avait dit que c’était les militaires français qui étaient en exercice de tir dans l’oued. Nous ne tardâmes pas à être informés que le commandant Ali Bennour avait été blessé et capturé en compagnie de l’infirmier Oukil Ramdane, alors qu’il s’avèrera plus tard que l’aspirant Hamid de connivence avec une certaine Yamina N’Amar Ouali, dont le mari avait été exécuté quelques jours auparavant par l’ALN, avaient vendu la mèche de la présence du commandant Ali Bennour dans cette zone ». 

Essaid Mouas

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