Les limites objectives de l'action de l'opposition

Partager

Même s'il émane d'une personnalité politique contestée, le grief fait à l'opposition, regroupée dans une hypothétique coordination, disant d'elle qu'elle est "stérile&quot,; n'est pas, malheureusement, tout à fait dénué de fondement.

Dans ce capharnaüm d’organisation politique siègent des islamistes, des laïcs, des « khobzistes », d’anciens rentiers reconvertis et probablement même des badauds. En plein milieu d’une soi-disant offensive anti-pouvoir, certains n’ont pas oublié les vieux réflexes consistant à s’ériger en donneurs de leçons aux Algériens, et surtout de leçons de morale aux Algériennes. En effet, quelques jours après la tenue d’un colloque international sur la femme à Mostaganem, sous les auspices de la zaouïa allaouia de la ville, où il est à relever la nécessité de promouvoir le statut de la femme et de se délester des vieux carcans issus d’une vision superficielle de la religion et injustement attribués à celle-ci, un parti islamiste siégeant dans cette coordination a, momentanément, mis au placard ses aigreurs politiciennes pour adresser une lettre au président Bouteflika à qui il ne conteste plus la légitimité. Particulièrement lorsqu’il s’agit des intérêts idéologiques et étroitement partisans comme l’atteste le contenu de la lettre. Il demande à Bouteflika d’annuler une instruction rédigée par le directeur général des Douanes nationales par laquelle il interdit le port du hidjab pour les femmes douanières porteuses de l’uniforme. Le président du parti en question s’est illustré par plusieurs autres « sorties » par lesquelles il tient à réaffirmer et à mieux ancrer l’identité politique rétrograde de sa formation politique. Cela se passe après qu’il eut fait partie, pendant une décennie, des « noces » d’une alliance présidentielle bancale. Sa politique de l’entrisme ayant connu ses limites et étant bien dévoilée à l’occasion de l’expression de sympathies douteuses, voire interlopes, vis-à-vis de certains acteurs secrétés par le Printemps arabe, le MSP s’était même opposé à la visite du président égyptien en Algérie, disant de lui qu’il était « putschiste »; comme il avait appelé à rompre les relations diplomatique avec ce pays par solidarité avec l’ancien président déchu, Mohamed Morsi. Sur ce point précis, ce parti a contrevient non seulement aux règles de bienséance et de courtoisie, mais, pire, il enfreint les règles régissant un domaine de souveraineté nationale qui engage totalement l’État algérien. C’est avec ce genre de personnages que certains partis, se disant modernistes, comptent faire du chemin ou un parcours pour réclamer une période de transition. Il n’est pas le seul dans ce fatras politique à vouloir utiliser cette tribune qu’est la coordination, pour faire avancer ses idées rétrogrades, voulant renvoyer l’Algérie à un autre âge après que notre pays eut payé le prix fort pour sortir de la guerre imposée par le terrorisme islamiste.  À suivre certaines gesticulations politiques, l’on croirait que les avatars actuels du Printemps arabe ne représentent aucun danger pour notre sécurité; que la dégringolade du prix du pétrole sur les marchés mondiaux ne constituerait un danger que pour les dirigeants du pays; et que le recul dramatique du niveau de l’école et de l’université ne constitue pas une priorité à débattre. L’opposition, qui rêve d’impliquer le peuple de la manière la moins recommandable qui soit, n’a, sans doute, de dénominateur commun que le fameux projet d’installer une période de transition, laquelle n’a aucun contenu doctrinal, prospectif ou pratique. Il y a lieu, par ailleurs, de constater l’indigence de la « littérature » politique des partis ou personnalités se réclamant de la coordination. Hormis des déclarations ou interviews qui n’expriment pas nécessairement la philosophie politique globale de la coordination, aucun document de base, expliquant les objectifs réels et la démarche pratique de son action, n’est disponible. Sans doute, cette carence est due à l’extrême hétérogénéité politique, doctrinale et culturelle de sa composition, faisant d’elle un « patchwork » plein de difformités et qui n’arrive pas à établir des passerelles avec le peuple. C’est « cramponnée » dans cette attitude figée, idéalisant une transition dont elle ne décline ni le contenu ni les véritables acteurs, que la coordination de l’opposition rejette, d’un revers de main, l’initiative du FFS portant sur un nouveau « consensus national ». Il est vrai que le vieux parti, qui sait ce que le mot « opposition » veut dire, pour l’avoir porté depuis cinquante-et-un ans, n’a pas abattu toutes ses cartes quant au projet qu’il couve depuis 2012. Cependant, il dispose d’un capital d’expériences et de luttes qui font de lui un partenaire précieux. En tout état de cause, avec l’enfermement et le jusqu’au-boutisme développés par ce conglomérat politique, il serait plus qu’hasardeux de parier sur une solution, saine et au service des Algériens, dont il serait porteur.

Amar Naït Messaoud

Partager