La violence contre les enfants toujours de mise à Tizi-Ouzou…

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Près d’une soixantaine d’enfants seraient nés sous X, dans la wilaya de Tizi-Ouzou cette année, et « ces chiffres sont très en de çà de la réalité », déplorera le président de l’association culturelle ‘’Amusnaw’’, M Hachimmi Touzene. La pouponnière de Boukhalfa a quant à elle accueilli 26 enfants abandonnés durant l’année en cours. « Il est vrai que le chiffre officiel de la pouponnière de Boukhalfa pour cette année est de 26 enfants nés sous X, mais les associations qui travaillent sur le terrain, comme nous, savent pertinemment que des mères célibataires accouchent aussi dans des cliniques privées ou même chez elles et ces naissances-là ne sont pas comptabilisées…», précisera M. Touzene. Cette association, initialement à vocation culturelle, est une véritable référence en matière d’aide et d’accompagnement des enfants et femmes en difficultés. Elle s’est adaptée à la transformation du contexte dans lequel elle évolue et essaye tant bien que mal de répondre à d’autres besoins de la population, notamment, la sensibilisation à la condition des enfants et des femmes victimes de violences. « A travers un programme d’accompagnement, Amusnaw a choisi comme cibles prioritaires les mères célibataires qui ont gardé leurs enfants, les veuves et les divorcées avec enfants », dira M. Touzene. Selon notre interlocuteur, une centaine d’enfants sont victimes de violences sexuelles ou physiques chaque année : « Une trentaine d’enfants viennent régulièrement nous voir et l’association leur offre une assistance psychologique et juridique à travers une cellule d’écoute qui tente de venir en aide à ces personnes vulnérables », observera le président de la dite association. « Nous suivons actuellement quatre cas de violence sexuelle sur des enfants âgés de 07 à 08 ans, dont un cas d’inceste », nous confiera-t-il en ajoutant : « Une dizaine d’autres cas parle de violence physique dont les victimes sont âgés entre 10 et 14 ans. Des violences commises par des parents, des camarades ou des enseignants à l’école. La majorité des victimes sont des filles. Après plusieurs consultations, ils commencent à parler et nous découvrons parfois que c’est la personne même qui a amené l’enfant à l’association qui lui a fait subir ces violences ». « L’association suit actuellement six femmes célibataires que nous aidons en partenariat avec une ONG autrichienne basée à Alger, le centre d’accueil pour femmes célibataires avec enfants et la DAS », déclarera le président de l’association. « Depuis 2007, l’association Amusnaw est venue en aide à près de 60 enfants nés sous X et à autant de femmes célibataires. Nous faisons tout pour que ces femmes gardent leurs enfants car il y va de la stabilité et de l’équilibre de l’enfant », observera M. Touzene. « Nous voulons à travers toutes les actions que nous menons lever les tabous qui entourent des sujets sensibles, comme l’inceste ou le viol, et attirer l’attention des autorités et de la société sur la situation de la femme et de l’enfant dans la wilaya », précisera-t-il. A l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance qui intervient aujourd’hui, M. Touzene lance un appel aux pouvoirs publics : « Je souhaiterais que dans chaque école il y ait une cellule psychologique qui fonctionne réellement, avec de vrais psychologues, pour réduire le nombre de déperdition scolaire, mais surtout pour venir en aide aux enfants victimes de violences en tous genres ».

Karima Talis

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