Pourquoi un tel désintérêt ?

Partager

L'assurance des biens contre les catastrophes naturelles est un produit qui peine à se vendre. Autrement dit, les potentiels souscripteurs, pour ne pas dire la population globalement, ne se soucient pas de se prémunir des bouleversements de la nature, pourtant fréquents dans notre pays.

Le constat est en effet sans appel. A peine 8% de pénétration du produit chez les souscripteurs particuliers et industriels, au niveau national. Et cela concerne, en gros, les biens immobiliers, comme l’attestent plusieurs assureurs. Un pourcentage en tous les cas très dérisoire qui met à nu une certaine indifférence doublée d’insouciance de la population, qui visiblement ne s’empresse pas d’ajouter une autre dépense à son tableau comptable, malgré son utilité. Et bien plus, son caractère obligatoire, du moment que la souscription est désormais une exigence consacrée par la loi depuis 2003, soit au lendemain du terrible séisme qui a frappé de plein fouet la région du centre. Depuis, bien d’autres catastrophes ont été enregistrées, et les victimes se comptent en dizaines, en centaines même. A commencer par les éboulements de terrains qui se sont produits notamment en Kabylie, du côté d’Illilten, les glissements de terrains à Aïn El Hammam, Iflissen et Azazga pour ne citer que ces cas médiatisés et les champs d’oliviers ravagés par les flammes un peu partout l’été dernier,… jusqu’à cet épisode désastreux de la fièvre aphteuse qui a frappé le cheptel de pratiquement tout le nord du pays. Sauf que ça ne semble pas alerter les victimes qui ne semblent pas ou ne veulent pas prendre encore conscience de la nécessité de signer des contrats d’assurance pour parer à ces pertes qui pèsent pourtant continuellement sur leur bien, la nature étant ce qu’elle est. «C’est avant tout une nature, on n’a pas cette culture d’assurance des biens chez nous. Tout comme celle d’assurer son champ ou sa récolte. C’est perçu malheureusement comme une dépense à ne pas du tout évoquer. Je pense que je n’exagérerais pas si je disais que plus de la moitié des souscripteurs aux assurances automobiles le font parce qu’ils risquent un contrôle d’un policier ou d’un gendarme à chaque virage, qui leur coûterait cher en cas d’infraction à la règle. Alors, comment voulez-vous qu’un fellah se paye « le luxe » d’assurer ses arbres dans un champ ?! Attention, ce n’est pas moi qui pense de la sorte, mais c’est malheureusement perçu ainsi chez le commun des fellahs qui se disent que ça ne leur arrivera jamais à eux. Et puis quand ils sont dedans, ils paniquent et cherchent réparation», commente cet agent agréé d’une entreprise nationale d’assurance installé à Tizi-Ouzou. «C’est généralement un produit répandu chez l’assureur des agriculteurs, et les assurances sont maintenant généralisées depuis presque une vingtaine d’années. Mais croyez-moi, je n’ai eu aucun souscripteur dans ce domaine pour cette année 2014. La majorité du chiffre d’affaire est réalisé sur les assurances automobiles. Et à peine un taux de 10%, et là je suis vraiment large sur le chiffre, concerne toutes les autres assurances réunies», fait-il remarquer. A vrai dire, c’est là un constat qui confirme la réalité de la situation dans le secteur des assurances. La voix n’omet pas de mettre l’accent sur la modestie du pouvoir d’achat de la grande majorité des Algériens, un détail qui influe sensiblement, selon elle, sur la répartition du budget familial. « C’est vrai qu’on peut toujours disserter sur le manque de prise de conscience de la population, mais quand vous avez des pères de familles qui ne consultent un médecin que lorsqu’ils sont vraiment à terre, pour faire l’économie d’une ordonnance qu’ils auront du mal à honorer, comment voulez-vous qu’ils songent à vacciner leur cheptel ou encore à l’assurer ? Il ne faut pas se voiler la face, tout est lié. Et à mon sens, le portefeuille est très déterminant dans l’affaire», tranche notre interlocuteur.

D. C. 

Partager