Quand la Roqia vire au cauchemar !

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Une Roqia religieuse mal pratiquée peut induire une intoxication par l’eau. C’est la base d’une étude réalisée par le service de biochimie du Centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou.

Une étude qui cite 4 cas reçus aux services de réanimation et des urgences en moins d’une année. Une intoxication due à un excès de consommation d’eau. Ainsi, et à l’occasion des troisièmes journées nationales de pharmacie, organisées depuis hier au Centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou, Dr L. R. Mikacher a présenté le travail de son équipe consacré à une intoxication ignorée par la majorité. Il s’agit de l’intoxication par excès de consommation d’eau. Une étude se basant sur des cas d’intoxication à l’eau après une Roqia. D’après l’intervenant, l’intoxication est due à «l’ingurgitation d’une quantité très importante d’eau en un temps record». Une «prescription» de certaines «roqat» qui peut exposer les citoyens au danger. «C’est dans le  but de sensibilisation et d’information que nous avons traité le sujet. Car la survenue d’une intoxication par l’eau à la suite d’une Roqya religieuse mal pratiquée et un accident qui devient de plus en plus fréquent dans notre pays, mais qui peut être évité en sensibilisant les pratiquants», expliquera Dr Mekacher. Car lorsque cette Roqia, ajoutera-t-il, «est mal pratiquée, elle se retourne contre la personne qui la fait». Il cite l’exemple de 4 cas qui ont été admis, en moins d’une année, au service d’urgences de l’hôpital Nedir Mohamed. «Ces 4 cas ont été admis, entre juin 2013 et janvier 2014, pour troubles de la conscience et des agitations. Un état dû à une intoxication à l’eau suite à une Roqia», dira-t-il. D’ailleurs, il a profité de l’occasion pour souligner que plusieurs autres cas ont été enregistrés avant la période consacrée à l’étude, dont certains graves et en déclarant même le décès d’un patient pour les mêmes raisons. «Pour les 4 malades, ils ont consommé entre 10 et 30 litres d’eau en seulement quelques heures. Alors leur traitement a nécessité une hospitalisation entre 5 et 8 jours au niveau de l’hôpital», dira le conférencier en expliquant que «les intoxications moyennes ne requièrent que la restriction dans l’absorption d’eau. Par contre, dans les cas les plus graves, des diurétiques pour accélérer le processus d’élimination via les urines sont nécessaires en plus d’une injection intraveineuse de sel pour rétablir la quantité du sodium». Par ailleurs, les 3èmes journées nationales de pharmacies, qui prendront fin aujourd’hui, ont vu la participation de plusieurs pharmaciens et autres spécialistes, médecins et professeurs venus des quatre coins du pays. L’occasion était aussi de rappeler le rôle du pharmacien dans le traitement de n’importe quelle maladie, soit au niveau des pharmacies internes, dans les établissements sanitaires et aussi dans les officines privées. Les intervenants ont, d’ailleurs, appelé à une nécessité de prendre des précautions dans les prescriptions des médicaments pour les malades. «Car le pharmacien, dont l’activité vient en appoint avec la médecine, doit aussi jouer le rôle de conseiller pour éviter tout ce que peut induire une mauvaise consommation de médicament et éviter les problèmes qui surgissent, comme l’automédication ou l’interaction médicamenteuse», expliqueront-ils. Par ailleurs, intervenant lors de l’ouverture des journées nationales de la pharmacie, le directeur général du CHU Nedir Mohamed a rappelé les dépenses consacrées par l’établissement pour le ravitailler en médicament. D’ailleurs, tout en assurant que l’hôpital ne souffre d’aucune rupture ni en réactifs ni en médicaments, le responsable précise que «300 milliards de centimes ont été consacrés, cette année, à l’achat des médicaments, contrairement à l’année passée où seuls 100 milliards ont été déboursés». Le directeur affirme que «cette hausse est due, d’un côté à l’augmentation du nombre de malades pris en charge par l’hôpital, et de l’autre côté à l’amélioration de la prise en charge».

T. Ch.

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