Le marché informel des devises se dote d’un site Internet !

Partager

De nos jours, les nouvelles technologies et notamment Internet permettent tout ou presque. Ces prouesses technologiques peuvent également servir à des fins moins nobles ou carrément dévastatrices pour l’économie nationale. Ainsi, les cambistes en tout genre ont désormais leur « bourse » virtuelle, laquelle permet de connaître, en temps réel, le taux de change informel  des principales devises. En effet, un site Internet dédié aux clients désireux d’acheter ou vendre des euros, dollars et livres sterling a vu le jour vendredi passée. Cette bourse pour les trabendistes est accessible par un simple clic sur l’adresse : http://eurodz.com. Ce site à l’infographie et au design épuré voire minimaliste, indique en direct le taux des devises, le tout sur un fond faisant référence au square Port Saïd d’Alger, haut lieu s’il en est du marché de l’informel des devises. Tout y est indiqué. Le prix de vente et celui de l’achat et toutes ces données sont régulièrement mise à jour. Hier samedi, l’euro se cédait à 159 dinars à l’achat et 157 à la vente. Pour ce qui de la monnaie de l’Oncle Sam, elle valait 140 dinars à l’achat et 138 dinars à la vente. La livre sterling quant à elle, affichait « bonne mine », puisque pour 1 £ on avait 207 dinars. Tous ces prix nous ont été confirmés par un cambiste chevronné à Bouira. Notre interlocuteur, qui n’était pas au courant de l’existence de ce site, nous a par la suite, indiqué les coordonnées d’un de ses contacts résidant à Alger. Ce dernier, qui se fait appeler « Krimo », qui est originaire de Bouira, nous a livré quelques renseignements sur la genèse et la gestion de ce site. « Tout a commencé au mois de novembre passé. Un groupe d’amis qui faisaient leur beurre du côté du square (Port Saïd, ndlr) se sont mis en tête de créer un site Internet où ils pouvaient indiquer aux clients les taux de change du marché parallèle, sans qu’ils ne soient tout le temps harcelés au téléphone », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter « Ils ont ensuite recruté un informaticien, qui leur a créé un site Internet, en achetant au préalable le nom du domaine pour quelques milliers de dinars et le tour était joué ». S’agissant de la hausse de l’euro, lequel flirte avec les 160 dinars, notre vis-à-vis s’est dit « stupéfait » par cette hausse «  Je n’ai jamais vu une telle demande depuis que j’exerce ce métier depuis 8 ans », avant d’enchaîner en donnant sa théorie à propos de cette flambée de l’euro. « La chute des prix du pétrole, la crise économique qui continue de secouer l’Europe et plus particulièrement la France où la communauté algérienne est fortement présente a influé sur le marché du travail et le pouvoir d’achat, raison pour laquelle les émigrés ont réduit les montants habituellement transférés vers leurs familles ». Pour leur part, les autorités publiques continuent à faire preuve de laxisme à l’égard de cette bourse parallèle. Pour preuve, elle s’est dotée d’un portail web, lequel sera sans doute appelé à se développer, le tout au vu et au su de tous. Cette progression, pour ne pas dire cette évolution du marché noir des devises, va à contre-courant des déclarations faites pars les différents ministres des Finances, qui promettaient de « lutter sans relâche » contre ce phénomène qui nuit gravement à l’économie nationale.

Ramdane Bourahla

Partager