«Nous souhaitons que l’effacement de la dette agricole s’élargisse aux oléofacteurs»

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Ancien président de la Chambre de l’agriculture et président de l’UNPA de la wilaya de Béjaïa depuis 1992 à ce jour et aussi vice-président à l’APC d’Akbou, Arezki Iskounen que nous avons rencontré à l’école primaire Benbadis, où s’est tenue la 18ème édition de la Fête de l’olive dont il est l’organisateur, nous a accordé cet entretien sur la filière oléicole.

La Dépêche de Kabylie : Quels sont les buts recherchés à travers l’organisation de la Fête de l’olive qui est à sa 18e édition à Akbou ?

M. Arezki Iskounen : La 18e édition de la Fête de l’olive comme les précédentes ont toutes un but bien précis, celui de réitérer les mêmes revendications que nous ne cessons à chaque fois de porter à l’intention de la tutelle par le biais de l’association pour le développement de l’oléiculture et des industries oléicoles de la wilaya de Béjaïa. Ces revendications portent essentiellement sur la dotation en moyens appropriés des oléiculteurs qui souffrent du manque des aides de financement des facteurs de production : filets de récolte, matériel de la taille, creusage de cuvettes, tracteurs et bœufs. Qu’on nous donne les moyens pour travailler les vergers oléicoles. Quand ils sont abandonnés, ils deviennent une proie facile pour les incendies de forêts qui ravagent, chaque année, jusqu’à 500 hectares. Des effectifs qu’il fallait à chaque fois remplacer par les greffes ou les plantations qui sont onéreuses et nécessitent la patience de quelques années pour les voir entrer en production. En plus, il n’y a que l’année passée que les oléiculteurs ont reçu, pour la première fois, des plants d’oliviers. Nous souhaitons avoir des facilités pour l’acquisition de tracteurs et bœufs, ce qui va permettre aux oléiculteurs de labourer les terres et c’est le moyen le plus efficace d’endiguer les incendies. Il y a aussi l’effacement de la dette des agriculteurs qui s’est faite partiellement, car les oléofacteurs, notamment les huileries, ne sont pas inclus dans le programme. Pourtant, le président de la République l’a bien annoncé à partir de Biskra et ce qui est navrant, le ministère de l’Agriculture n’a pas suivi ses orientations.

La Fête de l’olive de cette année est-elle meilleure que les précédentes ?

Les améliorations sont perceptibles. D’abord, en nombre d’exposants qui a triplé cette année. Avant, les expositions sont confinées dans les salles de classe de l’école, ce qui leur suffisait. Cette année, on a utilisé même la cour en recensant 146 inscrits, un nombre record, et à l’ouverture de la fête on reçoit encore des demandes ce qui nous a obligé à installer des chapiteaux sur la chaussée de la rue jouxtant l’école. Et il y a aussi des exposants venus de dix wilayas du pays dont 16 femmes, un fait exceptionnel. Autre satisfaction, il y a eu certes des produits oléicoles et leurs dérivés, des produits agricoles divers tels que le miel, la figue, des machines agricoles (tracteurs agricoles à chenille et pneumatiques), mais il y a eu aussi des produits de l’artisanat (robes, burnous, bijoux et autres objets traditionnels). Il y avait même un poète qui a fait une vente-dédicaces de son livre de poésie.

Donc cela a impliqué qu’il y a eu aussi plus de visiteurs ?

D’abord, on a programmé l’ouverture de la fête juste après son inauguration prévue à 13h. Et ça n’a pas été possible d’attendre l’heure fixée du fait que les visiteurs arrivaient déjà vers 7h du matin. À 8h, certains exposants s’affairaient encore à étaler leurs produits et on a décidé d’ouvrir les portes aussitôt à la demande du public impatient et alléché par la diversité des produits. Depuis 8h du matin du jeudi jusqu’à samedi après-midi, les visiteurs se bousculaient devant les stands. Des échos qui me sont parvenus, cette fête a été une réussite totale, où chacun à trouver ses comptes entre acheteurs et vendeurs. Il y avait des marchandises à gogo et pour tous les prix, évidemment.

Avez-vous quelque chose à dire sur le conseil interprofessionnel de l’oléiculture ?

J’ai même beaucoup de choses à dire. Ce conseil a été créé le mois de septembre passé. Comme notre wilaya occupe la première place au niveau nationale dans la filière oléicole, on a eu l’insigne honneur d’arracher le poste de président du conseil régional du centre. Il reste l’élection du président du conseil national qui est du ressort du ministère de Tutelle d’organiser l’élection. On ne sait pas quand est-ce qu’elle va se faire.

Ce conseil va-t-il apporter un plus à la filière oléicole ?

On l’espère bien. Mais la démarche actuelle a faussé les données. Il a été créé sur une simple circulaire qui ne lui prévoit aucun statut. Et cela est loin d’être suffisant pour organiser la filière. Mais malgré ces insuffisances, ça reste une affaire d’hommes. Si les personnes qui le composeront activeront comme il se doit, ils réussiront dans leur mission.

Quels sont les résultats obtenus cette année en matière de production oléicole ?

Cette année la superficie des vergers oléicoles a atteint 3 050 hectares. La production d’olives s’élève à 192 483 quintaux et si on estime la moyenne à 15 litres d’huile par quintal, on obtiendra 2.887.245 litres. Ce chiffre reste provisoire puisqu’il y a des huileries qui travaillent encore.

Un mot pour conclure ?

Les oléiculteurs réclament une assurance sociale qui les prémunirait des risques. Les risques sont énormes chez les hommes en montant sur les arbres pour gauler. Nous enregistrons chaque année entre 15 à 20 accidents dont les victimes s’en sortent avec un handicap quant elles ne sont pas mortes. Nous souhaitons que l’effacement de la dette agricole s’élargisse aux oléofacteurs.  

Entretien réalisé par L. Beddar

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