Un hommage à la hauteur de Si Chérif

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Alors qu’il était de coutume à cette même date, le 31 mars de chaque année, de se rendre à Alger, au carré des martyrs du cimetière d’El-Alia pour y déposer une gerbe de fleurs sur la tombe du colonel Ali Mellah dit « Si Chérif », qui fut le premier chef de la wilaya VI historique, tombé au champ d’honneur le 31 mars 1957 à Derrague (ex Letourneau), pour ce 58e anniversaire, l’association sportive « Amazigh » de kick boxing de Tizi-Gheniff avait proposé non seulement à la famille du défunt qui avait donné son accord mais également à toutes les autorités concernées d’organiser ce recueillement traditionnel à Tizi-Gheniff, tout en incluant plusieurs activités à l’exemple d’un tournoi de kick boxing avec la participation de nombreux sportifs de toutes les régions du pays. 

«Depuis quelques années déjà notre association avait à cœur de célébrer la commémoration de notre héros de la révolution, chez lui, où il avait vu le jour, le 14 février 1924, mais plus que cela, nous voulions lui rendre un grand hommage d’autant plus que nous avions pris connaissance, à travers de nombreux témoignages de ses compagnons, qu’il tenait beaucoup à la formation des jeunes dans tous les domaines », nous a déclaré M. Abderahmane Mansour, président de l’association « Amazigh » de Tizi-Gheniff qui fut au four et au moulin durant toute cette journée afin que tout se déroule comme prévu dans le programme tracé. Aussi, depuis plusieurs jours, un travail d’information avait été entrepris pour inviter toutes les populations de la daïra et des localités limitrophes à y assister à cette commémoration comme furent envoyées de nombreuses invitations à de nombreux responsables et moudjahidines de la wilaya et d’autres. Au demeurant, dans la matinée, à l’entrée du mémorial « colonel Ali Mellah », El Hadj Amar Mellah, le fils unique du chahid, commençait à recevoir plusieurs personnes dont le nombre ne cessait d’augmenter. Parmi elles, MM. Ahmed Mekki, Saïd Mansour, Amar Akrour et Mokrane Hamoudi, respectivement chef de la daïra, P/APC de Tizi-Gheniff et président de la commission investissement à l’APW de Tizi-Ouzou, alors qu’un peu plus tard c’était au tour de certains responsables au niveau de la wilaya de faire leur apparition, à l’image du directeur des moudjahidine, du colonel et commandant de la Protection civile, le responsable de la communication au niveau de la wilaya, des responsables de la DJS ainsi que des élus à l’APN ou à l’APW et M. Saïd Boughedda, le P/APC d’Aït  Yahia Moussa, sans compter les nombreux anciens moudjahidine de différentes régions qui avaient tenu à y assister à cette commémoration au milieu de nombreux citoyens et des jeunes de la localité. Par ailleurs, pour le dépôt de la gerbe de fleurs et pour débuter cette commémoration, il avait fallu attendre l’arrivée du président de l’APW, en l’occurrence M. Hocine Haroun, qui avait été retardé sur son chemin par deux accidents de la circulation. Son arrivée correspond avec celles de M. Ali Laskri ainsi que celle du grand chanteur Farid Ferragui qui tinrent à marquer également leur présence et à rendre hommage au feu Ali Mellah. Alors que nous attendions patiemment le début de cette hommage, El-Hadj Amar Mellah nous fit la grande surprise de nous présenter un ancien moudjahid, celui qui fut sans doute le dernier à voir vivant le colonel Ali Mellah, d’autant plus qu’il était son secrétaire et cette personne n’était autre que M. Abderahmane Megateli, ex-commandant de l’ALN dont nous avions pris connaissance à la lecture des mémoires de M. Chaid Hamoud, dit Abderrahmane, qui fut également élevé au grade d’officier par feu le colonel Ali Mellah, édité sous le titre « Sans Haine, Ni Passion », il avait rapporté alors en page 108, où il écrivait : « Je me précipitai au PC de la wilaya 6 qui se trouvait à 3 ou 4 heures de marche. Abderahmane Megateli, alors secrétaire de la wilaya, n’était pas encore au courant de la situation. Jusque-là tout semblait se dérouler pour lui normalement à l’exception du fait que le colonel Si Chérif (Ali Mellah) n’avait pas donné signe de vie depuis près de dix jours, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Il avait pour principe d’envoyer au PC, un messager au moins tous les trois ou quatre jours. À partir de là tous les évènements passés prirent une signification autre. L’évidence d’un complot devenait alors plus claire. Ayant passé au crible la situation et fait le bilan des moyens dont nous disposions, nous convînmes Megateli et moi d’un petit plan d’action : lui devait se rendre au PC de la wilaya 4, située à environ deux jours de marche de là afin de les informer et demander leur assistance tandis que moi, je retournais en zone II pour essayer de limiter les dégâts ». Nous discutâmes donc longuement avec notre interlocuteur tout en lui posant de nombreuses questions qui eurent des réponses claires et précises d’autant plus que M. Abderahmane Megateli est un universitaire qui fut l’un des premiers cadres de la Sonatrach ayant poursuivi ses études aux Etats Unis d’Amérique, où il vit actuellement. Cependant, M. Abderahmane Megateli n’apportera rien de nouveau à ce qui avait été rapporté par son compagnon M. Chaid Hamoud ou d’autres compagnons, si ce n’est le fait que le conspirateur qui avait exécuté l’horrible assassinat du colonel Ali Mellah et de ses deux compagnons n’était qu’un vrai ignare dépourvu de toute instruction ou intelligence. Avant de procéder au dépôt de la gerbe de fleurs, il y eut la levée des couleurs par les éléments de la sûreté de daïra qu’accompagnait l’hymne national. La veuve du feu le colonel  Ali Mellah, entourée du chef de daïra et du P/APC de ladite localité s’avancèrent avec la couronne de fleurs jusqu’au pied de la stèle pour la déposer. Des prises de paroles s’ensuivirent, d’abord avec les deux P/APC de Tizi-Gheniff et M’Kira, le chef de la daïra, M. Hocine Haroun, le P/APW, El Hadj Amar Mellah qui devait lancer un appel à tous les responsables afin que le nouveau stade de Tizi-Ouzou porte le nom du colonel Ali Mellah dit «Si Chérif », avant de céder le micro à M. Abderahmane Megateli, qui, avec une voix émue, retracera son parcours et ce que fut sa vie en compagnie de feu Si Chérif dont il n’oubliera pas ses qualités humaines, son sens de l’organisation mais surtout son courage qu’il essaie à chaque fois d’insuffler à tous les hommes qu’il commande. « C’est vraiment fabuleux de vivre ces moments, surtout avec la présence de cet ancien officier de l’ALN qui était le dernier à voir Ali Mellah vivant et qui l’avait côtoyé de jour comme de nuit, le plus près », nous avouent plusieurs personnes présentes. Après cette cérémonie de recueillement et après une collation sur place, tout le monde est invité à se rendre à la salle du complexe sportif de proximité pour y assister aux activités sportives programmées.

Essaid Mouas

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