Accueil National Revoilà la crise du carburant !

Bouira : Après le gasoil, elle touche cette fois-ci l’essence : Revoilà la crise du carburant !

3507
- PUBLICITÉ -

Après deux mois d’accalmie, la crise du carburant refait surface à Bouira. Les responsables locaux et même ceux de la direction centrale de Naftal refusent de parler de « pénurie », imputant cela à « l’effet de la rumeur ».

- PUBLICITÉ -

Néanmoins, force est de constater que les automobilistes font la queue pendant de longues minutes, voire des heures, au niveau des diverses stations-services à l’échelle de la wilaya. C’est un fait indéniable : l’essence se fait rare à Bouira. En effet, de Lakhdaria, en passant par Kadiria, arrivant au chef-lieu de la wilaya et allant vers les communes de l’Est, comme Bechloul ou Ahnif, la situation est identique : Les stations-services sont prises d’assaut par des automobilistes paniqués, voire affolés et livrés à eux même. Ainsi, au niveau de la pompe à essence de la commune de Lakhdaria, située à l’entrée de la ville, une longue file d’attente se constitue aux premières heures de la matinée et chaque jour que Dieu fait, et ce, depuis le début de ce mois. Les automobilistes guettent le moindre arrivage de camion-citerne, afin de se ruer dessus. «On n’a pas vraiment le choix. On travaille avec nos véhicules et cette crise est vraiment pénalisante. Je travaille à Boudouaou (wilaya de Boumerdès, ndlr) et sans mon véhicule, je suis vraiment à deux doigts de perdre mon job. Avec le bus, j’arrive en retard à chaque fois», expliquera Nadjib, fonctionnaire dans une boite privée de télécommunication. D’autres, à l’image de Rachid, a trouvé «l’astuce» : Comment ? Et bien, selon lui, il se lève aux aurores, il gare sa voiture en «pole position» devant la pompe et dès que l’essence arrive, il est le premier servi. Jeudi dernier et afin d’avoir quelques litres d’essence, la queue a atteint une cinquantaine de mètres de long. Le tout, sous une chaleur de plomb. À Kadiria, la situation n’est guère meilleure. À la station-service située devant le siège de la sûreté de daïra, les automobilistes étaient à bout de nerfs. «Avec quoi je vais rouler moi ?», rouspétera un citoyen las d’attendre une hypothétique livraison d’essence. Selon certains agents de Naftal rencontrés sur place, ils attendent le camion-citerne depuis lundi passé et les cuves sont littéralement à sec. «Le gasoil est disponible, mais l’essence et le super sans plomb se font rares», dira ce pompiste d’un ton dépité. On appendra par la suite que cette station a finalement été livrée mais que tard dans la soirée, aux alentours de 20h. 

Pour faire le plein, il faut se lever de bonne heure

Au niveau du chef-lieu de la wilaya et plus précisément du côté des deux stations-services que compte la ville de Bouira (l’une à la rentrée Ouest et l’autre à la sortie Est), la situation est, n’ayons pas peur des mots, chaotique. De longues files d’attente se forment à longueur de journée, les nerfs et la patience des automobilistes sont mis à rude épreuve. Aux abords de la station d’Oued Dhous, les automobilistes s’occupent comme ils peuvent… Ils commentent l’actu sportive et politique, tout en grillant cigarette sur cigarette et tant pis pour les poumons, ou ils critiquent les gestionnaires de Naftal et leurs déclarations, considérées comme «hallucinantes». «Hier à la télé j’ai entendu le PDG de Naftal dire qu’il n’y a pas de pénurie d’essence (…) je fais quoi alors moi ici ?» lancera, d’un ton ironique, un automobiliste blasé de cette situation. Du côté des agents de la station-service, on «tue» le temps, en attendant un nouvel arrivage d’essence. «Que vous dire… Je suis là pour servir et encaisser. Autre chose, je ne suis pas au courant. C’est entre eux (responsables, ndlr) que tout se décide. Je ne suis qu’un simple pompiste », dira Mahmoud, agent Naftal, à la station d’Oued Dhous. Mieux encore, du côté de la station-service de Kessouri, à la sortie Ouest de la ville de Bouira et afin d’éviter les files d’attente, les responsables ont préféré joué franc jeu, en affichant une pancarte, où il est clairement mentionné «Pas d’essence, on a que le gasoil ». Au moins, cela a le mérite d’être clair. 

Une seule livraison par jour 

Du côté des stations Naftal de Bechloul, Ahnif, El Adjiba ou bien d’El Esnam, c’est le même scénario qui se répète inexorablement. Ces stations bénéficient pratiquement de deux rotations par jour, mais qui demeurent insuffisantes par rapport à la demande. La pénurie se fait sentir sur l’essence qui est trop demandé. À El-Adjiba, une autre station privée, traverse elle aussi une situation similaire, voire plus corsée par rapport à celle de Bechloul. Le gérant de cette pompe à essence nous dira : «D’habitude, nous avons droit à deux rotations par jour, ce qui nous permet largement de répondre à l’attente des automobilistes et autres poids lourds. Mais, ces derniers jours, l’approvisionnement connaît une certaine baisse et nous n’avons droit qu’à un seul chargement par jour, ce qui provoque cette chaîne qui ne dépend pas de notre volonté». A travers de ce qui a été relaté ni les assurances du PDG de Naftal ni ceux des responsables locaux ne peuvent démentir l’état de fait actuel, à savoir que la pénurie d’essence est bien réelle et non «le fruit d’une rumeur», comme l’a indiqué le PDG de Naftal, M. Saïd Akretch. D’ailleurs, même le ministre de l’Énergie a indiqué avant-hier, qu’«il y a bel et bien un déficit en matière de stockage du carburant». «Nous veillerons dès maintenant à régler ce problème et ce jusqu’à 2020», a fait savoir Youcef Yousfi.

 Ramdane Bourahla

- PUBLICITÉ -