Allo, une ambulance SVP !

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Le manque de moyens de transport des malades dans les établissements publics de santé de proximité (EPSP) de la wilaya de Tizi-Ouzou se pose avec acuité ces dernières années, après l’évolution démographique qui prend une courbe croissante. 

Des établissements sont, souvent, contraints de faire appel à d’autres organismes pour les évacuations d’urgences : « Nous sommes quotidiennement confrontés à des urgences. Nous nous retrouvons souvent sans ambulance, car l’unique dont dispose la polyclinique est sortie en évacuation. Nous nous retrouvons ainsi contraints à faire appel à la protection civile ou à d’autres polycliniques quand leur ambulance est disponible ! », nous expliquera l’un des médecins de garde  de la polyclinique des Ouadhias, sise à 35 km du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou. Un paramédical lui emboitera le pas : « Nous travaillions matin et soir, d’arrache pied et sous pression, et le problème des évacuations est un véritable casse-tête chinois. Et les familles refusent catégoriquement que leurs malades soient évacués dans un autre véhicule qu’une ambulance. Pourtant, nous sommes dans l’obligation de réserver l’ambulance pour les cas vraiment urgents ». A la polyclinique de Souk El Tenine, relevant de l’EPSP de Draâ Ben Khedda, qui ne dispose que d’une seule ambulance pour toute la daïra de Mâatkas, endure un supplice au quotidien. « Une seule ambulance pour toute la daïra, cela s’avère dérisoire », lance un médecin de garde. « Compte tenue du nombre des habitants de la région, un seul véhicule ne pourra jamais répondre au besoins de tous les patients. C’est le privé qui nous vient souvent en aide pour évacuer nos patients vers le CHU de Tizi-Ouzou », nous expliquera-t-il encore. Pour en savoir plus, nous avons pris attache avec  plusieurs directeurs d’établissements publics de santé. Dr Melak, directeur de l’EPSP d’Azazga, nous fera savoir que son établissement dispose de 7 ambulances, dont 2 du SAMU, pour 9 polycliniques et « les  polycliniques de Fréha, Yakouren, Souama et Mekla  sont dépourvues d’ambulances », a-t-il précisé avant d’enchaîner : « Nous  en souffrons énormément. Les évacuations sont nombreuses et très fréquentes dans nos polycliniques. Le SAMU et l’EPH d’Azazga, sans omettre le privé nous viennent en aide pour acheminer des malades en détresse vers le CHU Nedir Mohamed, à la clinique S’Bihi Tassadit ou à l’EPH de la région ».  Pour Dr Moudir, directeur de l’EPSP de Boghni qui coiffe les trois daïras de Draâ El-Mizan, Tizi Ghenif et Boghni, avec un bassin de population dépassant les 230 000 habitants, le parc roulant est très loin de répondre à la demande en ce qui concerne le transport des malades vers les structures d’hospitalisations. « Ce n’est pas avec 4 ambulances qu’on pourra faire face à la demande de 6 polycliniques dont 2 fonctionnent  24/24h », dira-t-il.  Le directeur de l’EPSP Ouacifs, M. Ammarkhodja Nassrdine,  n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour souligner le manque flagrant de ce moyen de transport des malades de ces relief montagneux vers le CHU  et la clinique de S’Bihi Tassadit : « Nous n’avons que  5 ambulances pour une population qui dépasse largement les 200 000 âmes ». Selon nos indications,  ce problème touche pratiquement tous les établissements de la wilaya de Tizi-Ouzou. 

Le recrutement des chauffeurs se fait désirer 

Un autre problème frappe de plein fouet ce service. Il s’agit du manque de chauffeurs et ce sont, curieusement, les gardiens  qui assurent cette tâche. « Nous avons été recrutés comme gardiens dans un premier temps et vu le manque de chauffeurs, la direction de l’établissement nous a réaffectés pour conduire l’ambulance », nous fera savoir l’un des gardiens d’un EPSP qui veut garder l’anonymat. Un autre, lui emboitant le pas, nous fera savoir qu’ils sont confrontés à plusieurs problèmes d’ordre administratifs : « Certains d’entre nous ont rencontré des problèmes après des accidents. L’un de nos collègue a été blessé dans un accident de circulation, mais la fonction publique ne veut en aucun cas le reconnaitre en tant qu’accidenté du travail », nous confiera notre interlocuteur. Il poursuivra : « Nous ne bénéficions pas des avantages de la fonction comme les autres initialement recrutés comme chauffeurs. Nous demandons actuellement qu’on nous réintègre dans nos postes d’origine. Il y va de notre avenir et de celui de nos enfants ». Il ajoutera : « A défaut, qu’on nous donne nos droits au même titre que nos camarades recrutés en tant que chauffeurs ». Un des directeurs que nous avons joints hier a affirmé que le problème était complexe. Il nous dira que c’est à l’administration de trouver une solution et que ces gardiens doivent être employés en tant que gardiens uniquement. « La solution est dans le recrutement de chauffeurs de métier ! », a-t-il affirmé.  Il est à rappeler que l’ex-DSP avait annoncé à maintes reprises, l’achat groupé d’ambulances pour tous les ces établissements. A ce jour, rien n’est venu soulager ce secteur au moins en ce qui concerne ce problème de transport des malades. Les responsables concernés doivent se pencher sérieusement sur ce problème. 

                 

 A.G

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