Les habitants des chalets abandonnés

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Construit en 2004 par la commune de Thenia, dans la wilaya de Boumerdès, le site des 60 chalets de Sghirat est vite devenu un lieu de concentration des souffrances pour les résidents.

Réalisées à la hâte à la sortie-Est d’El-Kerma (ex-figuier), sur un promontoire surplombant la grande bleue, ces cabines en formica de 36m² se sont détériorées au fil des années, pendant que les soucis de ses résidents s’accumulaient. «Aucune date n’est fixée pour notre relogement dans des bâtiments en dur, alors que ces logis en préfabriqué sont de courte durée en plus de leur exiguïté», se plaignent des chefs de famille recasés temporairement dans ce site en tant que cas sociaux. «Aujourd’hui, ce centre transitaire qui s’est dégradé ressemble à un bidonville», déplorent-ils en relevant d’innombrables carences. Point de différence entre la vie dans les taudis et dans ces logis en préfabriqué où l’on redoute aussi, constamment en hiver, l’infiltration des eaux de pluie. Les services concernés leur ont, à plusieurs reprises, promis d’y installer l’étanchéité mais rien n’est encore fait. «Une omission qu’on ne peut leur pardonner, enchaîneront-ils, «d’autant que la pénétration d’eau de pluie a déjà provoqué des courts-circuits dans plusieurs chalets de cette wilaya». Celle-ci a prévu, lors de l’opération post-séisme, d’améliorer les conditions de vie dans différents sites de chalets avant leur démantèlement graduel. C’est une noble action réalisée dans d’autres centres transitaires ici même à Sghirat ou à El Kerma, la Sablière et Corso, alors que celui-ci demeure marginalisé. Pas facile d’accepter, à titre d’exemple, que les services de voirie de la commune passent dans chaque quartier ou agglomération, tout au moins trois fois par semaine, à l’exception de ce site de 60 chalets. Les détritus s’y amoncellent au point de cacher, dans certains blocs, ces maisonnettes en formica, dont certaines ont été entourées de murs en parpaing non badigeonnés. Il n’y a ni aire de jeu pour les enfants, ni infrastructure pour les jeunes dans ce quartier dépourvu d’éclairage public. Et le plus inquiétant encore, l’école primaire située juste en face manque cruellement de commodités. «A cause de l’absence d’eau, les latrines de cette institution du savoir ne sont point nettoyées», s’indigneront ces pères de famille, en ajoutant que leurs enfants sont obligés, après leur réussite à l’examen de fin d’études primaires, de parcourir une distance d’un kilomètre pour rejoindre le collège de la cité voisine des 350 logts, avec la crainte des accidents de la circulation sur ce tronçon de la RN24.

Salim Haddou

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