Le moyen-âge à Amizour

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La semaine dernière, l’APC d’Amizour a décidé de rendre visite à une famille démunie, habitant dans une région isolée de la commune. Les informations reçues étaient assez alarmantes et le P/APC, Mokhtar Bouzidi, a décidé de se déplacer, en personne, pour s’enquérir de sa situation et envisager de porter assistance à cette famille. Amizour comprend plus de soixante-dix villages et hameaux. Difficile donc de les connaître tous et d’être au courant de tout ce qui s’y passe. C’est en compagnie d’un vice-président, M. Abassi, et du capitaine Adel, responsable de la Protection civile d’Amizour, et Walid Abbas, employé de l’APC, que nous avons fait le déplacement. Le village du nom d’Ath Allaoua se situe à environs cinq kilomètres de la piste de Merdj Ouamane. La route, quoi que non bitumée reste relativement praticable. En raison de la rareté des habitations dans le coin, il est difficile d’envisager son bitumage qui risquerait de coûter des sommes faramineuses. Le site est très beau et le paysage magnifique. Du haut de cette montagne, on domine la callée de la Soummam, jusqu’à El Kseur et Oued Ghir. On se rend alors compte des nombreux champs et plantations qui se situent le long de l’Assif Assemmam. Arrivé sur les lieux, on se retrouve à une cinquantaine d’années en arrière. Un village kabyle d’une vingtaine de maisons, dont beaucoup sont en ruines. Sans eau, ni électricité ni gaz. Pour accéder à la demeure de la famille que nous allions visiter, il fallait emprunter un chemin rocailleux, difficile à pratiquer, pour des citadins non préparés à cette situation. Le coffre de la voiture qui nous avait transportés était plein de denrées alimentaires que le maire avait pris soin de prendre pour les offrir à cette famille démunie de tout. La famille nous a reçu en toute simplicité et avec beaucoup d’émotions. La «vieille» de soixante-dix ans nous a raconté qu’elle s’était installée dans le village lorsqu’elle s’était mariée à l’âge de seize ans. Quand elle s’est enquise de l’identité du maire, elle s’est souvenue de toute sa famille, en citant des membres nommément, dont la mère même de Mokhtar Bouzidi. Inutile de décrire l’émotion qui régnait à cet endroit à ce moment-là. La maison était en ruines. Seules deux pièces étaient encore habitables mais sans électricité. La famille s’éclaire encore à la bougie. Pas de téléphone non plus, puisqu’il n’y a pas de source d’énergie pour charger les batteries. Le feu se fait encore au bois et à la braise. Pas d’eau courante non plus. Il faut faire quelques centaines de mètres pour remplir les seaux d’eau, et ce, à longueur de journée et d’année, quelles que soient les conditions météorologiques.

Terribles conditions de vie

La maman nous a fait pénétrer dans les deux pièces, entièrement vides. Des matelas et un peu de vaisselle par terre. Quasiment rien d’autre. Le couple a trois filles. Deux adultes d’une vingtaine d’années à la beauté extraordinaire, qui ne font rien en dehors des activités domestiques réduites à leur plus simple expression, le village étant isolé et loin de toute vie sociale, et la plus jeune, d’environs huit ans, pleine de charme, qui vit ailleurs chez de la famille en hiver pour pouvoir aller à l’école. Malgré cette misère, on n’oublie pas l’école. Ça a été de tout temps la force des habitants d’Amizour qui a donné à la nation des centaines de cadres formés dans de terribles conditions. Le père de famille est manchot. Il a été mordu par son âne il y a quelques années et n’a pas pu se soigner à temps. L’infection a été fatale et les médecins ont dû procéder à l’amputation de son bras. Les représentants de l’APC se sont alors enquis des détails relatifs à cette famille, de ses ressources et surtout de leur habitat, pour apprendre que même la maison ne leur appartient pas. Elle leur a été prêtée pour seulement les dépanner, en attendant qu’ils trouvent un autre endroit pour les accueillir. M. Bouzidi, en sa qualité de P/APC, s’est alors engagé à trouver une solution pour les recaser dans les meilleurs délais. Mais en attendant, il a chargé son vice-président de faire le nécessaire pour rétablir l’éclairage public, puisque des poteaux électriques traversent le village, et d’assurer l’adduction en eau potable par l’installation d’un tuyau et peut être aussi une pompe pour assurer l’alimentation de la famille. Sur le chemin du retour, le maire nous a assurés qu’il ferait le nécessaire sans délais. Le capitaine de la Protection civile a aussi renouvelé sa disponibilité pour participer à quelques opérations que ce soit pour déplacer ces gens et leur permettre de vivre dans des conditions décentes. La visite a été très riche en émotions. Mais aussi, la découverte du site nous a permis d’envisager d’autres suites, même après l’évacuation et le recasement de cette malheureuse famille. Le tourisme de montagne n’a que trop longtemps été négligé alors que son développement permettrait de préserver ces villages et de donner du travail à ses habitants.

N. Si Yani

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