Accueil National Mieux vaut tard que jamais

Concertation autour des nouveaux choix économiques : Mieux vaut tard que jamais

6466
- PUBLICITÉ -

Le Conseil national économique et social (CNES), qui a réuni, hier, une table ronde autour d’un collège d’experts nationaux et internationaux, avec pour thème principal « les enjeux de l’économie algérienne face à la situation actuelle du marché pétrolier international », n’a pas manqué dans le cadre du diagnostic qu’il a établi sur la faiblesse, la vulnérabilité et les handicaps de l’économie algérienne, de mettre en avant les facteurs de blocage qu’il y a lieu de neutraliser et de transformer en atouts. Le CNES a tenu à débattre « des enjeux multiples, auxquels est confrontée l’économie nationale, traduisant la nécessité de muter vers une économie compétitive et résiliente à savoir : la diversification, la réindustrialisation, l’insertion aux chaînes de valeurs internationales, l’insertion progressive de l’économie informelle dans la formalité et le développement humain ». Autant d’objectifs mis en perspective pour redonner vie à l’économie algérienne et l’inscrire dans un mouvement d’émergence. D’ailleurs, le « collège des experts » du CNES, censé publier juste après la table ronde des actes sous la forme d’un « Manifeste pour l’émergence de l’Algérie », ne peuvent trouver leurs points d’ancrage en dehors d’un traitement intelligent, moderne et débureaucratisé des dossiers d’investissements qui, jusqu’à présent, souffrent d’un patent climat dissuasif, aussi bien à l’endroit des porteurs de projets nationaux que des partenaires étrangers. Tenant, en toute apparence, à dépasser les seules mesures d’austérité contenue dans l’ébauche de la loi de finances 2016- laquelle sera soumise au débat de l’APN dans les prochaines semaines- le gouvernement semble chercher une issue à l’asphyxie économique générée par la mono-exportation en hydrocarbures. Mieux vaut tard que jamais, diront les plus optimistes. Mais, que sont devenus les slogans et devises lancées, il y a quelques mois et portant sur la nouvelle politique du commerce extérieure- consistant à inciter les entreprises algériennes à s’inscrire dans la logique d’exportation- et sur le « consommer » algérien? Les recommandations du CNES sauront-elles aborder le cœur de ces problématiques, et le gouvernement sera-t-il prêt à prendre en compte les recommandations du CNES ? Malgré le constat d’un certain ralentissement de l’activité de cet organisme public consultatif, il n’a pas, néanmoins, cessé d’attirer l’attention du gouvernement sur les questions essentielles relatives à l’économie et à la société. Au moment le plus euphorique de l’augmentation générale des salaires, décidée par la Tripartite (gouvernement, syndicat, patronat), le CNES avertissait le gouvernement que ces augmentations risquaient de générer de l’inflation et qu’elles devaient être corrélées au rehaussement de la croissance du PIB et de la productivité. De même, il a planché sur le secteur de l’informel qui, avait-il soutenu, phagocytait et décourageait le peu d’économie structurée de notre pays, tout en relevant le drame de l’ampleur du travail au noir. L’un des derniers dossiers à bénéficier de l’éclairage du CNES, ce fut le développement local. Une thématique qui a amené cet organisme consultatif à organiser des congrès régionaux avec les élus, les responsables locaux et le monde associatif, en abordant avec eux les contraintes et les blocages induits par le schéma d’organisation de l’Etat et la nécessité de la décentralisation. Face à l’impasse de l’ « option » rentière, le gouvernement tente de solliciter les centres de réflexion et les experts algériens, après avoir fait, pendant des années, la sourde oreille aux avis les plus argumentés. Signe des temps, dans la griserie de l’aisance financière, le gouvernement a pu même se passer de ses administrations chargées de la prospective, lesquelles ne figurent plus dans l’organigramme de l’Exécutif. Face aux experts du CNES, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, fait l’éloge d’une entité qui n’aurait jamais dû quitter le centre des préoccupations nationales, à savoir l’entreprise: « Notre pari c’est l’entreprise et l’entrepreneur algériens, qui sont au cœur de la création de richesse et de croissance ». Un langage nouveau, par rapport à la distribution inconsidérée de l’argent du pétrole. Il a expliqué que la loi de finances complémentaire 2015 et la loi de finances 2016, « vont dans cette direction d’optimisation des recettes du budget de l’Etat, de soutien aux entreprises, de facilitation de l’investissement ainsi que d’encouragement du secteur national productif ». Sellal fait le constat que « la promotion de l’investissement est une priorité et c’est ensemble que nous devons trouver les solutions aux contraintes et aux entraves qui empêchent son développement et le rendent moins attractif que l’activité de commerce ». Indubitablement, les cadres algériens, individuellement ou regroupés dans des structures académiques en brain-trusts, ont des potentialités à faire valoir, des avis à donner et des perspectives à tracer pour l’économie nationale. Plus que jamais, leur sollicitation s’impose et leur voix est appelée à peser dans la concertation.

- PUBLICITÉ -

Amar Naït Messaoud

- PUBLICITÉ -