L’engouement va crescendo

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Enseigner la langue amazighe à des adultes est la tâche à laquelle s’attelle chaque samedi, Nadia Merzoug, à raison de deux heures par semaine, et ce, depuis le 7 novembre. L’effectif des apprenants est encore faible. Le groupe pédagogique se composait de 15 personnes, samedi dernier, à notre passage à la Maison de la culture où une salle de cours a été affectée. Mais le nombre est en constante augmentation. Ce même samedi, deux jeunes avaient manifesté leur désir d’apprendre cette langue. Ils en viennent de partout, assurait la jeune enseignante, qui envisage, dans les prochains jours, de constituer un second groupe, pour peu que tamazight continue à susciter le même engouement chez le public. L’idée est du Haut commissariat à l’amazighité dont les efforts pour la promotion de cette langue ne se relâchent pas. Le 17 octobre, en effet, au cours d’une conférence pédagogique à laquelle assistaient des profs et des enseignants venus de huit wilayas du pays (Tizi-Ouzou, Béjaïa, Boumerdès, Alger, Sétif, Oum El Bouaghi, etc.), le responsable du HCA a fait part de son projet de former des adultes intéressés par cet enseignement. Et séance tenante, il avait remis un manuel de tamazight aux enseignants chargés de dispenser ces cours. Un autre manuel est en préparation. Le but est de simplifier encore davantage la méthode de travail. L’enseignement de tamazight s’adressant donc aux adultes, la jeune enseignante qui a une licence en cette langue cite l’exemple de cet apprenant né en 53. Le plus jeune a 24 ans. Ils viennent de M’Chedallah, comme Mohand Ousalem, de Haïzer, de Aït Laaziz, de Aïn El hadjar et de la ville de Bouira. Certains sont des enseignants, des fonctionnaires, d’autres des ingénieurs ou des commerçants,… Parmi les 15 apprenants, il y a cinq femmes (3 fonctionnaires et 2 enseignantes). Les cours s’interrompront en juin et seront sanctionnés par une attestation de niveau. Le samedi dernier, le cours portait sur les chiffres qu’il fallait désigner par des mots kabyles. L’enseignante les écrivait au tableau en latin, en tifinagh ou encore en lettres arabes pour faciliter leur mémorisation ou leur rapprochement sémiologique ou sémantique. Cette méthode semble porter ses fruits, car la salle suivait avec un intérêt croissant le déroulement du cours. Auparavant, la maîtresse avait présenté l’alphabet amazigh qui, comme le tifinar, compte 33 lettres. Cet apprentissage d’une langue qui s’est chargé au cours de son histoire comme un fleuve de faits importants, est bénéfique sur un double plan : il véhicule des connaissances indispensables à l’élargissement de notre connaissance et permet de nous réconcilier avec notre histoire et nos origines lointaines. Tout le monde parle tamazight, certes, mais combien sont ceux qui savent la parler ou l’écrire «de façon académique» comme le souhaite Mohand Ousalem, cet ardent défenseur de la cause amazighe ? Interrogée sur l’avenir de cet enseignement, la jeune enseignante pense qu’il se poursuivra jusqu’à un niveau supérieur. Tout dépendra des objectifs du HCA qui travaille en collaboration avec l’association Lire. Elle recommandait en dernier ressort le CD téléchargeable intitulé application Azul. Bon courage aux apprenants.

Aziz Bey

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