Accueil National Chamboulement dans les prix et le rythme de vie

Ramadhan à Bouira : Chamboulement dans les prix et le rythme de vie

2930
- PUBLICITÉ -

Ce Ramadhan 2016 qui tire à sa fin n’est pas vraiment différent de ceux des années passées. Il sévit avec son lot de désagréments (hausse des prix, chamboulement du rythme de vie…

- PUBLICITÉ -

Comme à l’accoutumée, celui-ci a été marqué par une flambée des prix des fruits et légumes. Comme chaque année, il chamboule complètement les habitudes des gens et leur rythme de vie. Cependant et une fois n’est pas coutume, le mois de Ramadhan a vu pour la première fois la programmation d’une session partielle du BAC. Une situation qui a contrarié les candidats et leurs parents.

Flambée des prix

Ainsi, au premier jour du mois sacré de Ramadhan, et même durant les jours qui ont suivi, les commerçants ont revu les prix de produits alimentaires à la hausse, surtout ceux des fruits et légumes. Il est vrai que la pénurie habituelle en pareille circonstance n’est plus qu’un mauvais souvenir (sauf pour le lait en sachet), mais le phénomène de la hausse des prix à l’occasion du mois sacré est toujours là. Des prix chers provoquant des saignées aux ménages, notamment ceux aux revenus moyens. Au marché comme dans les commerces en ville, les ménagères ne cessent de tourner en rond. Couffin au bras, elles sillonnent les grandes surfaces et les magasins à la recherche des denrées principales nécessaires pour garnir la table ramadhanèsque. «Au moins de quoi pouvoir préparer un f’tour digne de ce nom», nous dira un père de famille qui, apparemment, ne trouve pas de quoi remplir un couffin. Il est aussi de coutume, en ce mois, de voir les tables de certains vendeurs à la sauvette garnies de différents produits recherchés : dattes, olives, feuilles de brik (dioul), etc. Si ces espaces de l’informel proposent des prix abordables, les bousculades y sont légion. Un véritable marché aux puces s’érige alors jusqu’à provoquer des bouchons au niveau des artères principales. Les boulangeries, elles, se décorent de pains de différentes formes. Une bonne odeur de levain est perceptible à l’entrée de ces lieux où une ambiance bon enfant règne, seule consolation pour les consommateurs, qui, à ce rythme, n’auront pas à prendre d’assaut les boulangeries dès les premières heures de la matinée, ni à se bousculer en fin d’après-midi pour avoir une baguette de pain. Même constat du côté des produits laitiers, d’autant plus que le lait de vache et celui caillé sont disponibles en quantité suffisante et à un prix abordable, alors que le lait en sachet est toujours introuvable, et ce, depuis le début du mois sacré. C’est du côté des fruits et légumes que se pose le vrai problème. La disponibilité n’a pas empêché les prix de flamber jusqu’à atteindre un seuil intolérable, au grand dam des pères de famille qui sont obligés de faire face à une incroyable flambée des prix. Ces derniers sont à la recherche d’une solution leur permettant de faire face aux dépenses incompressibles qui les attendent. «Mais où sont donc les services de contrôle?», s’interroge un citoyen avant d’ajouter : «On ne peut plus remplir le couffin de nos jours…les prix sont exorbitants. Jetez un coup d’œil aux affichages, vous aurez une idée sur la cherté de la vie». Même topo pour les prix des viandes rouges. «Vous savez combien coûte le kilo de viande d’agneau ? C’est à 1300 au minimum !…», lance une vieille femme, avant d’ajouter : «Eh bien, moi je n’ai autre choix que de me rabattre sur la viande congelée…Certes vous aurez la viande sans sa fraîcheur, mais c’est toujours de la viande, ne serait-ce que pour relever le goût de la chorba…et puis il y a aussi le poulet qui est le seul à ne pas prendre des ailes cette année !», témoigne notre interlocutrice.

Élans de solidarité

À Bouira, le mois de Ramadhan est toujours synonyme de solidarité. Pour cette année, c’est la direction de l’action sociale (DAS) qui a donné le coup d’envoi des actions de solidarité en préparant, quelques semaines à l’avance, tout un programme au profit des couches défavorisées et des familles démunies de la wilaya. Pour cette année, un budget de plus de 146 millions de dinars a été réservé pour la concrétisation du plan d’action de la DAS. Du côté du mouvement associatif, un grand élan de solidarité s’est formé autour des familles nécessiteuses afin de les aider à passer ce mois de jeûne dans des conditions convenables. La noblesse de cette opération s’est manifestée à travers les actions de nombreux groupes de jeunes de la wilaya de Bouira qui se sont mobilisés spontanément pour collecter et distribuer des denrées alimentaires nécessaires pour garnir une bonne table de f’tour aux nécessiteux. Ils sont jeunes. Ils viennent d’horizons divers et de plusieurs communes. Ils appartiennent à diverses catégories sociales. Mais ils partagent le même objectif, celui d’aider autrui. Ils ont aussi un même but : apporter de la joie et rendre le sourire aux familles dans le besoin. D’El-Mokrani à Taghzouth, en passant par Bouira, Aïn-Bessem, Bechloul, El-Hachimia et M’Chedallah, des associations et des collectifs de jeunes se mobilisent et préparent des actions pour une meilleure efficacité sur le terrain et afin de toucher le maximum de familles dans le besoin. Ainsi, plusieurs centaines de couffins du Ramadhan, composés de tous les produits de première nécessité (huile, sucre, café thé riz, pâtes, dioul, boîtes de concentré de tomate, de l’eau minérale et autres ingrédients) ont été remis aux familles pauvres de plusieurs communes de la wilaya de Bouira. Outre les familles nécessiteuses qui ont reçu chez elles ces dons, des restaurants «Errahma» ont été ouverts, notamment à Bouira, Bechloul, El-Adjiba, Aïn-Bessem, El-Hachimia, Bir-Ghbalou et Sour El-Ghozlane. «Nous sommes juste des bénévoles, de jeunes qui se sont constitués en groupes pour le seul objectif de rendre le sourire aux familles les plus démunies de notre ville», a expliqué Rachid, un activiste de la commune de Taghzouth au Nord de la wilaya. «Nous voulons redonner l’espoir aux familles nécessiteuses. Nous voulons montrer que le jeune Algérien est un homme généreux, et ce, malgré les difficultés de la vie», a-t-il ajouté. Notre interlocuteur a expliqué que les couffins distribués dans sa commune proviennent des dons de particuliers. «Les bienfaiteurs sont très nombreux. Les dons ne cessent d’affluer de partout. Toutes les franges de la société veulent contribuer anonymement à cet acte humanitaire. Quoi qu’on dise, l’Algérien est très généreux. Il a la main sur le cœur et il l’a prouvé en maintes occasions», a-t-il estimé. Pour toucher les bienfaiteurs et lancer leur campagne de collecte de dons, les jeunes recourent surtout à Internet, ce moyen de communication moderne, principalement au réseau social Facebook, trait d’union entre les jeunes, ou encore aux pages officielles de ces groupes. Le Ramadhan oblige, tout musulman jeûne du lever jusqu’au coucher du soleil. Ces changements du rythme de vie entraînent également des troubles de sommeil. Autres habitudes, autres réflexes ! Le mois de Ramadhan chamboule le rythme de vie des citoyens à plus d’un titre. Pendant que les uns renoncent aux rituels gestes du matin comme se brosser les dents, se mettre un déodorant ou se maquiller, d’autres continuent à adopter les mêmes habitudes qui leur procurent bien-être et fraîcheur.

Changement du rythme de vie

Les séances de sport et de footing sont réaménagées en fin de journée ou en soirée, canicule oblige ! Quant aux villes et places publiques, elles sont presque vides durant les matinées et ne désemplissent presque pas durant les soirées. «Moi, je me réveille une ou deux heures avant la rupture du jeûne, et je ne m’endors que vers six heures du matin, pendant ce mois. Je deviens noctambule, je ne vis que la nuit. Je suis chômeur, je vais me réveiller pour faire quoi ?», nous dira Abdou, un jeune de la ville d’Aïn-Bessem, à l’Ouest de la wilaya. Et d’ajouter: «Il me faut beaucoup de temps pour m’adapter au rythme du Ramadhan, il en sera de même après ce mois. Circuler en ville la matinée me fatigue vite, j’ai toujours envie de prendre un café et de fumer une cigarette. Je deviens irascible et je m’énerve pour un oui ou un non. Cet état d’esprit me met hors de moi. C’est pour cela que je préfère rester à la maison et dormir». Certains, plus assommés que lui par le jeûne, pour cacher ce fait, se prennent à montrer leur force de résistance, ils taquinent leurs amis et même des passants, et s’amusent à les contrarier, à les embêter, ce qui risque de dégénérer en brouille et après coup, on prétexte que c’est à cause du mois de Ramadhan pour avoir bonne conscience. De ce fait, durant ce mois, tout ce qui ne marche pas est aisément imputé au fait qu’on jeûne. Les nerfs à fleur de peau, on commet l’irréparable et c’est lui qui nous fait faire cela ! Beaucoup de rixes, de bagarres violentes pouvant entraîner des dégâts et l’intervention des forces de l’ordre, éclatent pour un rien, comme ça été le cas, jeudi dernier au quartier des 70 logements de Bouira, où une bagarre entre des jeunes voisins a failli mal-tourner, n’était-ce l’intervention rapide des éléments de la Police, qui ont réussi à rétablir le calme à quelques minutes avant la rupture du jeûne.

O. K.

- PUBLICITÉ -