Un hôpital qui a besoin de grandir !

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L’hôpital Khelil Amrane de Béjaïa est le plus important établissement hospitalier de la wilaya de Béjaïa.

Il est quasiment sollicité par toute la population de la région, malgré l’existence d’autres établissements à Aokas, Amizour, Sidi Aïch, Akbou… Mais, celui de Béjaïa a le statut de centre hospitalo-universitaire, donc mieux équipé que les autres établissements, surtout en personnel médical, où, par exemple, plusieurs médecins de rang professoral exercent dans les différents services, en même temps qu’ils assurent des cours à la faculté de médecine relevant de l’université de Béjaïa. Cependant, malgré l’existence de postes budgétaires, le CHU de Béjaïa semble, selon une voix autorisée de l’établissement, éprouver de la peine à recruter en nombre suffisant des médecins dont il aurait besoin pour un fonctionnement optimal. Il semblerait, indique t-on au niveau de l’administration de l’hôpital, que ce sont les conditions matérielles d’installation de ces professeurs venus d’Alger, Annaba, Constantine ou d’ailleurs, qui font défaut. En tête de liste de ces problèmes, figurerait celui du logement.

L’hôpital n’a dit-on pas les moyens d’assurer «le confort nécessaire» à ses médecins de haut rang, et les autorités locales ne feraient pas les efforts nécessaires pour aider à pallier à ce problème. Entre temps, les services hospitaliers sont assurés par des équipes médicales qui se disent «engagées dans notre travail en consentant beaucoup de sacrifices.» «Il suffit de faire un tour dans les couloirs de l’hôpital pour se rendre compte de l’exiguïté des locaux et des conditions de travail des équipes médicales. Certains services fonctionnent dans des conditions minimales et arrivent, tant bien que mal, à assurer la prise en charge médicale des nombreux patients qui se présentent chaque jour pour des consultations, en plus de ceux qui sont hospitalisés. Beaucoup de malades viennent de très loin.» Parfois, selon Saddek, un paramédical qui travaille au service des urgences, «certains malades viennent d’aussi loin que Aïn Temouchent, Bordj Bou Araridj ou Jijel.» Chawki, commerçant de matériaux de construction, que nous avons rencontré dimanche dernier sur place, est venu d’El Eulma pour une consultation en cardiologie. Interrogé sur les raisons de ce déplacement, alors que d’autres structures sanitaires existent non loin de chez lui, il répond que «la distance ne lui faisait pas peur, et qu’il se sentait mieux accueilli et pris en charge à l’hôpital de Béjaïa.» C’est aussi le cas d’un certain nombre de médecins avec qui nous avons discuté. Venus d’Alger, de Blida ou d’autres wilayas, ils ont mis en avant «la qualité de la relation humaine qu’ils ont trouvée au niveau du CHU, en dépit du manque de moyens matériels et humains dont souffre l’hôpital.»

Manque de personnel

Pratiquement «dans chaque service du CHU de Béjaïa, se pose le problème du manque d’effectifs, tous corps confondus. Le nombre d’infirmiers, surtout ceux spécialisés dans les différentes spécialités médicales, est largement insuffisant. Même chose en ce qui concerne le personnel de soutien,» se plaint cet infirmier. Au niveau de la clinique d’accouchement située en contrebas de l’hôpital et qui en fait partie intégrante, «la rotation du personnel se fait à une cadence qui ne permet pas au personnel de récupérer après les longues heures de service. Des sessions de travail de vingt-quatre heures ne sont pas rares, mêmes chez les agents de sécurité» se plaint-il encore.

Et puis il y a cet état de fait qui du reste n’est pas propre au CHU de Béjaïa avec certains intervenants qui travaillent également à cheval avec des établissements privés, comme certains radiologues ou encore des chirurgiens pour gonfler leurs fins de mois. Ce qui n’est pas pour endiguer le phénomène de l’absentéisme. Didine, un autre cas, agent de nettoyage au niveau du CHU, nous a avoué qu’il était obligé de faire du «business» après les heures de travail, pour assurer un revenu décent à ses enfants. Son maigre «salaire de dix-sept mille dinars» est loin de suffire à ses besoins et ceux de sa famille. Mais, «malgré ces conditions de travail difficiles, le personnel continue, vaille que vaille, à faire face aux besoins des patients, pour assurer les meilleures prestations médicales possibles, se défendent pour autant les travailleurs qui estiment toutefois que «les investissements nécessaires pour les améliorer (les conditions de travail) tardent à venir, alors que les besoins sont de plus en plus urgents,» ajoute t-on encore, comme pour taquiner la direction. «Ne parlons pas des questions d’équipements médicaux insuffisants, ou des pannes d’instruments de travail qui tardent à être prises en charge. Une panne du scanner de l’hôpital peut durer plusieurs jours, au détriment des patients qui sont obligés de prolonger leur séjour, ou de devoir revenir une autre fois. Les blocs opératoires sont saturés, sollicités par différents services en même temps. Il faut alors patienter parfois de longs jours pour pouvoir subir son opération,» renchérit-on.

Et le nouveau CHU ?

Toujours est-il que quand vous discutez avec les médecins, beaucoup disent qu’ils mettent leur espoir dans la construction d’un nouveau CHU promis depuis des lustres. Ils insistent sur «l’urgence de sa réalisation, pour être opérationnel dans les meilleurs délais». Ils ont espoir que leurs «conditions de travail et par conséquent la qualité de la prise en charge des patients vont s’améliorer alors.» Mais, en attendant, ce nouveau CHU reste un rêve que la population bédjaouie, dans son ensemble, caresse avec beaucoup d’espoir. Le besoin est sanitaire et salutaire !

N. Si Yani

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