«Il faut libérer les esprits et multiplier les initiatives»

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M. Ladaouri Ramdane, le président de la commission agricole à l’assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou, a bien voulu répondre aux questions de la Dépêche de Kabylie au sujet de la visite de l’expert français en économie rurale, Jack Husser, et sur tout ce qui a trait au développement des secteurs agricole, artisanal et touristique au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou.

La Dépêche de Kabylie : Pour commencer, parlons si vous le voulez bien des objectifs de la visite de l’expert français Jack Husser…

M. Ladaouri Ramdane : Cette visite entre d’abord dans le cadre de la coopération algéro-française dans les domaines de l’agriculture, de l’artisanat et du tourisme. L’objectif principal attendu de cette visite et tout d’abord d’identifier, avec les acteurs locaux, les projets de développement intégrés dans les domaines de l’agriculture, de l’éco tourisme et de l’artisanat. Mais il s’agit aussi de la formation des opérateurs économiques sociaux et solidaires au niveau de notre wilaya. Il est aussi question de répertorier les organisations et les associations qui peuvent intégrer le projet de coopération entre l’ICD Afrique et l’APEEM (association pour la promotion de l’environnement et l’économie de montagne).

Pourquoi avez-vous préféré certaines communes à d’autres ?

Le choix a obéi à la présence de structures locales organisées qui ont déjà travaillé pour la structuration de leurs filiales respectives. Cela est dicté donc par le déficit en termes d’organisation de la corporation au niveau de notre wilaya. Certaines régions sont bien structurées, d’autres ne le sont pas. Nous saisissons donc l’opportunité que nous offre votre quotidien, pour lancer un appel à tous les acteurs locaux de s’organiser en association afin de faciliter leur identification, en vue d’édifier cette économie alternative qui est, à notre sens, l’unique solution pour sortir du sous-développement et passer à l’étape de la création de richesses et de l’emplois, d’autant plus que la crise actuelle est criante.

Pensez-vous que notre wilaya possède des potentialités agricoles qui pourraient constituer une alternative à l’économie rentière ?

Je pense, sincèrement, que notre wilaya dispose de potentialités suffisantes qui peuvent contribuer à son développement. Les moyens humains et matériels, ainsi que les opportunités de développement, sont réunis, que ce soit en agriculture, dans l’artisanat ou dans le tourisme. Au niveau de notre wilaya, nous pouvons faire d’une pierre deux coups et joindre l’utile à l’agréable. En faisant de l’agriculture, de l’artisanat et du tourisme, nous créerons certes de la richesse et de l’emploi, mais nous gagnerons aussi à préserver notre patrimoine naturel, culturel et artisanal. L’oléiculture, l’apiculture, les arbres fruitiers, les petits élevages, le travail de l’argile, le bijou et le métier à tisser font partie intégrante de notre patrimoine identitaire et culturel. C’est avec ce savoir et se savoir-faire que nos aïeux ont résisté aux affres des siècles. Nous pouvons en faire davantage, maintenant que les technologies de pointe sont disponibles.

Qu’est-ce qui empêche alors ces secteurs de décoller dans la région ?

Les contraintes sont multiples et parfois compréhensibles. Le problème de la gestion centralisée des territoires est pour beaucoup dans ce retard. Il est temps de libérer les esprits et les énergies pour l’émergence d’une élite locale qui peut apporter beaucoup d’eau au moulin en réorganisant les filières conformément au mode de gestion moderne. Ce qui aura déjà à court terme des retombées positives sur les différents secteurs et l’économie locale. Je reste persuadé que les échanges d’expériences entre notre pays et les pays de la rive nord de la méditerranée donnera ses fruits et fera profiter notre région et notre pays des expériences des autres.

Le mot de la fin…

Notre wilaya a un avenir radieux dans les domaines agricole, artisanal et touristique, pour peu qu’on décide de le lui donner. Nous pouvons, si l’essentiel est fait, garantir notre suffisance alimentaire et prétendre à l’exportation, si bien sûr les esprits, les énergies et les procédures sont libérés. La terre doit revenir à celui qui la travaille. Les artisans, les agriculteurs et les porteurs de projets doivent être encouragés et aidés pour sortir de l’économie basée sur la rente pétrolière et passer à la création de richesses et d’emplois. Un grand merci à votre quotidien qui fait toujours un travail remarquable dans l’information de proximité.

Entretien réalisé par Hocine T.

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