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Béjaïa Gestion des déchets ménagers : Plaidoyer pour des centres de traitement modernes

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L’état des lieux de l’environnement dans la wilaya de Béjaïa est, le moins que l’on puisse dire, peu reluisant.

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Une collecte aléatoire des ordures ménagères, prolifération de décharges sauvages, manque d’hygiène et de propreté dans les rues et quartiers est le constat amer qu’un simple observateur peut établir. Souvent pointée du doigt et accusée de manque de vision en matière de gestion des déchets ménagers, la direction de l’Environnement refuse d’endosser à elle seule la responsabilité du manque d’hygiène publique dans la wilaya. En effet, selon un rapport établi par cette institution, beaucoup de projets ont été inscrits à l’actif dudit secteur, dans le cadre d’un programme, qui s’articule initialement sur l’élaboration de schémas directeurs de gestion des déchets municipaux, la réalisation de centres d’enfouissement technique et décharges contrôlées, ainsi que la réalisation de centres de tri, mais qui tarde à être concrétisé à cause «des oppositions citoyennes». À titre illustratif, la direction de l’environnement cite la fermeture du CET Sidi Boudrahem, réalisé avec un montant de 249 000 000 DA et mis en exploitation en août 2015. Les citoyens de Hellil, dans la commune d’Oued Ghir, ont procédé à sa fermeture, arguant qu’il n’est pas conforme aux normes requises. Malgré les assurances et les promesses du wali de Béjaïa et du directeur de l’environnement quant à sa mise à niveau, ces habitants refusent de céder et réclament sa délocalisation. Il y a aussi deux autres CET, l’un projeté à Tinebdar pour un montant de 250 000 000 DA et le deuxième prévu dans la commune de Draâ El Caid, inscrit sur le fond propre du secteur de l’environnement, qui ne sont pas encore lancés pour cause d’opposition. Concernant la réalisation et l’équipement de décharges contrôlées, la wilaya de Béjaïa a bénéficié en tout, de cinq projets non encore lancés. Ces décharges contrôlées sont prévues respectivement dans les communes d’Akbou pour un montant de 150 000 000 DA, Boudjellil (100 000 000 DA), El-Kseur (170 000 000 DA) et Béni Ksila (100 000 000 DA). Celle programmée dans la municipalité d’Aokas est encore en phase d’étude. «La principale contrainte rencontrée pour la réalisation de CET et de décharge contrôlée est l’opposition des citoyens et ce, malgré les mesures prises en matière de choix de terrains», déplorent les responsables de la direction de wilaya de l’environnement. Par ailleurs, la mauvaise gestion des déchets ménagers de la wilaya est due également, selon le rapport du secteur de l’environnement, à l’élargissement anarchique du tissu urbain et l’explosion démographique, sans qu’il y ait amélioration dans les moyens mobilisés pour la collecte des ordures ménagères. «La wilaya de Béjaïa se trouve actuellement devant un constat alarmant sur les conditions de gestion des déchets solides urbains. Des insuffisances sont constatées au niveau de la collecte ou du traitement des déchets, résultat d’une forte urbanisation notamment au niveau des zones considérées à caractère rurales, une forte augmentation de la population et l’évolution des consommations qui ont fait changer la typologie des déchets, sans qu’il y ait évolution en matière de moyens humains et matériels et équipements de traitement des déchets», a-t-on regretté.

Déficit criant en bennes tasseuses

Selon la même source, la collecte et le transport des déchets se font d’une manière aléatoire avec des moyens souvent inadaptés, en utilisant des camions à bennes ordinaires, tracteurs à bennes tractables et damper pour certaines communes. En outre, ces moyens de transport, explique-t-on, sont souvent appelés à faire 02 à 03 rotations par jour, ce qui les exposent à des pannes répétées pour manque d’entretien. «Les besoins exprimés par les communes pour le transport des déchets est de 44 camions à bennes tasseuses», a-t-on souligné. «La capacité actuelle de la wilaya pour le transport des déchets est de 538 tonnes de déchets pour une seule rotation, d’où un manque de 175 tonnes en termes de capacité soit l’équivalent de 70 camions à bennes tasseuses de 2,5 tonnes», a affirmé la direction de l’environnement dans son rapport. D’autres contraintes soulevées par les communes, qui ne sont pas des moindres, sont liées au manque en agents d’hygiène et de salubrité publique, inexistence de moyens de protection individuels, tels que les chaussures de sécurité combinaisons à haute visibilité et gangs, ainsi que l’absence de vestiaires et douches pour la majorité des communes. Certains responsables du secteur déplorent aussi l’absence de formation pour les agents de bureau et agents d’hygiène et de salubrité publique.

Perspectives pour améliorer la gestion des déchets

Devant les oppositions des citoyens pour la réalisation de CET et décharges contrôlées, la direction de wilaya de l’environnement plaide pour l’introduction de la nouvelle technologie pour le traitement des déchets. C’est un fait «qui s’impose», soutient-on. Selon les responsables de ce secteur, «deux sociétés mixtes (algero-espagnole et algero-francaise) ont exprimé leur intérêt pour mettre en place des centres de traitement modernes». Il s’agit de l’entreprise SARL Delta Environnement Consortium, qui a proposé deux projets de réalisation de centres de traitement des déchets ménagers. Le premier est projeté à Allaghen, dans la commune de Tazmalt, qui prendra en charge les déchets ménagers de la haute Soummam, avec une capacité de 15 tonnes/heure. Le deuxième projet est prévu à Aokas. Il prendra en charge les déchets des communes de la côte-Est. Les études pour ce dernier projet sont en cours d’élaboration, a-t-on informé. Ces déchetteries modernes, dotées de moyens et d’équipements ultrasophistiqués, permettront, une fois réalisées, l’éradication des décharges sauvages qui pullulent un peu partout sur le territoire de la wilaya et portent atteinte à l’harmonie des beaux paysages dont recèle la région.

Boualem Slimani

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