Gigantesque incendie à Taourirth

Partager

Un gigantesque incendie s’est déclaré dans l’après-midi d’avant-hier (16h00), au village Taourirth, plus précisément au lieu dit Kherbach, dans la commune de Bouzeguène.

Des dires des villageois, la région n’avait vu pareil sinistre depuis 1871. Des colonnes de fumée qui sèment la terreur, des dizaines de personnes asphyxiées, des hectares d’oliviers et de figuiers réduits en cendre, plusieurs bêtes, entre brebis, chèvres et moutons, calcinées et toute une population sous le choc, notamment les enfants qui n’avaient jamais vu pareille catastrophe. «Je suis transporteur de voyageurs et la canicule a eu raison de mes dernières forces. Je suis rentré chez moi pour me reposer quand je fus réveillé par les hurlements des femmes et des enfants qui frappaient à ma porte me demandant de l’aide pour sauver le village des flammes. En sortant, je me rendis compte que ma vieille maison était partie en fumée. Ma fille était sous le choc. Elle n’a jamais vécu des scènes aussi horribles», raconte un habitant. Aussitôt alertés, les éléments de la protection civile se sont rendus sur les lieux pour éteindre le feu qui encerclait le village. Ils durent évacuer plusieurs personnes asphyxiées. Une trentaine d’agents avaient été dépêchés. Ils ont trouvé plusieurs hectares ravagés et des maisons traditionnelles et d’autres plus récentes menacées par les flammes. Ne parvenant pas à maitriser la situation, ils ont été renforcés par les éléments d’Azazga et la colonne mobile de Tizi-Ouzou. La mission était des plus ardues avec le vent qui soufflait fort. Les responsables des services des forêts de Bouzeguène, ainsi que des élus de l’APC se sont rendus au village pour suivre la situation de près. Les employés de la Sonelgaz sont également vite arrivés et ont coupé l’électricité pour éviter toute amplification de la catastrophe. Les villageois se sont mobilisés comme un seul homme, usant de tout récipient, de seaux et de jerricans pour puiser de l’eau et tenter de stopper les flammes. «Là je dois aller jusqu’à Bouzeguène pour acheter de l’eau minérale, puisqu’il ne nous reste plus aucune goutte à boire. L’électricité a également été coupée», nous dira un autre villageois. Ce qui marquera, par ailleurs, tous les esprits, c’est la mobilisation de plusieurs villages et des APC d’Idjeur, Illoula, Bouzeguène et Beni Zikki, qui ont mis à la disposition du village sinistré tout le matériel qu’elles avaient. Encore une fois, la solidarité le courage et la fraternité ont brillé comme c’est toujours le cas en Kabylie, quand le besoin s’en ressent. Les villageois regrettent le lourd bilan de l’incendie dont les causes restent, à cette heure, inconnues. «La maison qu’une famille nécessiteuse vient de construire a été sérieusement touchée et le feu a ravagé 10 hectares de maquis, 2 hectares de chênes verts, 3 hectares de broussailles, 500 oliviers, 6 ruchers et 3 vieilles maisons. Néanmoins, le village a été sauvé», nous détaille M. Bouchakour, chargé de la communication à la direction régionale de Tizi-Ouzou. L’olivier comme le figuier ont toujours été des symboles de puissance, de richesse et de dignité chez les Kabyles. Le colonialisme français punissait les Kabyles en mettant le feu à leurs champs. Et avant-hier, les villageois ont vécu le sinistre avec beaucoup d’amertume. Nous avons vu des vieux, et des moins vieux, pleurer. Si 1871 a marqué toute une génération et est restée dans la mémoire collective de la région, ce samedi 30 juillet 2016 restera tout aussi gravé dans la mémoire des nouvelles générations du village Taourirth. «Nous n’osons nous endormir, nous devons rester éveillés et surveiller l’évolution de cette catastrophe dure à maîtriser», dira un villageois. De simples débris en verre pourraient, selon des villageois, être à l’origine de ce désastre. Une enquête a été ouverte par les services concernés, afin de définir les causes exactes de l’incendie. «Suite à une réunion d’urgence, nous nous sommes organisés en équipes, pour surveiller le village de tous les côtés, durant toute la nuit. Nous tenons à remercier nos frères des villages de toute la commune de Bouzeguène qui, malgré la canicule, ont tout laissé pour venir au secours de notre population. Ils ont déployé tous les moyens qu’ils avaient pour faire face au feu. Nous avons des larmes aux yeux en voyant cet élan de solidarité plus fort et plus présent que jamais», nous diront des membres du comité du village Taourirth.

Fatima Ameziane

Partager