«Je dirai tout dans mon prochain livre»

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Le professeur Bélaïd Abane, médecin et politologue, a animé dans l’après-midi de vendredi dernier, une conférence-débat autour du parcours et de l’apport politique du dirigeant révolutionnaire, Abane Ramdane. La maisonnette au charme kabyle et servant de local à l’association culturelle Azaghar du village Tijounane, a abrité cette conférence sous le thème «La Soummam ou la victoire éphémère de Abane Ramdane». Le conférencier a passé en revue les différentes étapes ayant émaillé le parcours de l’architecte de la révolution, mais qui s’est soldé par l’assassinat de ce grand génie ayant payé un lourd tribut à sa «naïveté». Nonobstant la fatigue ayant gagné le neveu de Abane Ramdane après les deux jours du colloque international sur les assises du congrès de la Soummam, qui s’est déroulé dans la localité d’Akfadou, Dda Bélaïd n’a ménagé aucun effort pour être à la disposition de ses lecteurs afin de partager son amour pour l’histoire, notamment celle de Ramdane.

D’emblée, l’invité de l’association Azaghar n’a pas mâché ses mots pour dénoncer les invectives et les diatribes incendiaires de certains détracteurs du grand révolutionnaire, Abane Ramdane. À ce jour, aucune cérémonie officielle n’est rendue à Abane, à l’image des autres révolutionnaires. Je ferai des pieds et des mains afin de lui rendre une cérémonie populaire pour qu’enfin Ramdane repose en paix», dira avec émotion le conférencier. Il évoquera notamment les valeurs prônées à la Soummam (primauté du politique sur le militaire, primauté de l’intérieur sur l’extérieur, citoyenneté universalité du message soummamien…). «Le seul dénominateur commun est l’algérianité», enchaîne-t-il. La question identitaire a, de tout temps, tarabusté l’esprit de l’architecte de la révolution, mais compte tenu des sensibilités et des tensions qui régnaient au sein des rangs du FLN, les trois piliers que sont l’amazighité l’arabité et l’islamité ont été évincés de la plate-forme de la Soummam dans l’objectif d’enrayer toute tentative de déviation du principe de la révolution. D’ailleurs, l’assistance n’a pas manqué d’interroger le professeur en médecine sur cette question lancinante de l’identité. À ce sujet, le conférencier a rappelé le contexte de l’époque qui ne permettait guère d’aborder de tels sujets, sachant que les séquelles qu’a laissées la crise berberiste de 1949 hantent toujours les esprits. La question liminaire de l’assassinat d’Abane Ramdane revient comme un leitmotiv, ce qui témoigne de tout l’intérêt que suscite cette scabreuse affaire dans l’esprit des amoureux de l’histoire. En effet, Dda Bélaïd promet de dévoiler tout et sans ambiguïté dans son prochain ouvrage qui paraitra au cours de l’année prochaine. «Je vais mettre sur le tapis les contours et les circonstances de l’assassinat de mon oncle dans mon prochain ouvrage», déclare l’auteur de « Nuage sur la révolution, Abane au cœur de la tempête ». Chaibi Smail, un ancien condamné à mort, natif du village Tijounae, situé en contrebas de la commune de Chemini, a apporté son témoignage émouvant et poignant à la fois. «Si on a rejoint les rangs de l’ALN, c’est par conviction et non par obligation. Notre histoire a été déviée de son lit au détriment des vrais moudjahidine», assène sans ambages Dda Smail. «Le débat littéraire sur l’histoire est une condition sine qua non afin de réécrire notre histoire, notre vraie histoire», prône un sexagénaire présent dans la salle. Et d’ajouter : «Ce genre de rencontres est une aubaine pour les jeunes et moins jeunes, lesquels semblent être à la marge de son passé. Il est de notre devoir de montrer le chemin à la nouvelle génération pour leur éviter l’amnésie qui se dessine à l’horizon. Celui qui ne connaît pas son histoire est condamné à revivre».

Bachir Djaider

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